Le Cercle Weber : 10 fondations pour 1 partenariat avec Chemins d’avenirs (visioconférence)

Visioconférence « La philanthropie familiale en action », le 14 juin 2021

Une dizaine de fondations membres d’Un Esprit de Famille soutiennent ensemble des associations qui œuvrent dans le champ de l’éducation : elles forment « le Cercle Weber ». « Nous faisons plus et mieux ensemble », résume Isabelle Bouzoud, présidente de la fondation Brageac. « Notre approche est voisine du financement d’une start-up », ajoute Jacques Vincent, dont la fondation Acteur de mon Avenir est également membre du Cercle Weber. Tous deux nous présentent cette démarche collective et le bilan de deux années de partenariat avec Chemins d’avenirs. Salomé Berlioux apporte son regard de fondatrice et directrice générale de Chemins d’avenirs sur ce partenariat exemplaire.

Jacques Vincent, fondateur et président de la fondation Acteur de mon Avenir : "Ensemble, nous avons démultiplié notre impact"

Jacques Vincent, fondateur et président de la fondation Acteur de mon Avenir : en 2018, sous l’impulsion de Jean-François Rambicur (fondation ARCEAL), 7 fondations membres d’Un Esprit de Famille soutenant des projets éducatifs ont décidé de cofinancer une association pour avoir plus d’impact. Les critères de sélection ont été établis collectivement : une association qui a pour mission de réduire les inégalités sociales, d’agir dans des zones défavorisées, en soutien à l’Education nationale, qui évalue son impact et son efficacité, a une capacité d’essaimage…

Nous avons auditionné 7 associations, dont Chemins d’avenirs, que la fondation Brageac, membre du Cercle Weber, soutenait depuis 2 ans. Cette association remplissait pleinement nos critères ; elle a recueilli l’unanimité des membres. 3 autres fondations se sont jointes au financement. Nous avons établi une seule convention de financement pour toutes les fondations participantes et précisé les méthodes de suivi.

Ensemble, nous avons démultiplié notre impact, en octroyant 280 000 € à Chemins d’avenirs. Ils ont financé pour moitié la structure, pour moitié son expansion :

  • le salaire de la fondatrice et d’un fundraiser,
  • l’extension géographique avec 3 Académies supplémentaires engagées dans les programmes de Chemins d’avenirs.

Isabelle Bouzoud, présidente de la fondation Brageac : "Le Cercle Weber rassemble douze fondations qui sélectionnent chaque année une association pour la cofinancer à hauteur d’environ 200 000 €."

 

Isabelle Bouzoud, présidente de la fondation Brageac : 10 fondations ont travaillé ensemble : nous nous sommes améliorés, nous avons enrichi nos critères de sélection, d’évaluation, et découvert d’autres projets. Cela crée une émulation sur la façon dont nous gérons nos fondations. Nous faisons plus et mieux ensemble.

Trois ans après sa création, le Cercle Weber rassemble douze fondations qui sélectionnent chaque année une association pour la cofinancer à hauteur d’environ 200 000 €. A la suite du processus de sélection, le lauréat s’est toujours imposé auprès de tous les membres du Cercle. Nous avons décidé de soutenir l’association pendant 2 ans. Certaines fondations peuvent poursuivre leur soutien, à titre individuel.

Il existe très peu d’exemples de fondations qui se mettent d’accord sur le cahier des charges pour cofinancer une association !

Notre soutien a donné plus de visibilité à Chemins d’avenirs, qui a trouvé d’autres interlocuteurs dans sa recherche de financements.

Salomé Berlioux, fondatrice – directrice générale de Chemins d’avenirs

Le partenariat avec le Cercle Weber a été déterminant : il nous a permis d’aller beaucoup plus vite et plus loin, et surtout en confiance, de façon très humaine et efficace.

A l’époque, l’asscociation comptait 3 salariés et j’étais bénévole. Grâce au salaire, j’ai pu me consacrer 100 % à mon idée.

Depuis le début du partenariat, nous avons suivi 2 nouvelles promotions de jeunes : 1 700 jeunes accompagnés individuellement. 5 000 jeunes auront suivi le programme d’ici janvier 2022. 47 établissements scolaires sont partenaires.

Depuis le début du partenariat, nous avons suivi 2 nouvelles promotions de jeunes : 1 700 jeunes accompagnés individuellement. 5 000 jeunes auront suivi le programme d’ici janvier 2022. 47 établissements scolaires sont partenaires.

Focus sur les Ateliers d’avenir

La fondation Neuvoies travaille sur la transformation des bénéficiaires des associations : ces ateliers ont permis aux filleuls de Chemins d’avenirs et à leurs mentors de réfléchir sur tout ce que ce parcours a transformé dans leur vies. Hélène Wintenberger, cofondatrice de la fondation Neuvoies, et Marine Bonnefoi, directrice générale adjointe de Chemins d’avenirs, présentent le bilan de ces ateliers.

Quelles interventions au Proche et Moyen-Orient ? (visioconférence)

Comment agir en Syrie, au Liban et en Irak ? Trois associations présentent leurs projets menés dans des contextes extrêmement difficiles : L’Œuvre d’Orient, Care et Fraternité en Irak. Au-delà de l’aide alimentaire et sanitaire d’urgence, l’éducation et la réconciliation entre communautés sont au cœur de la reconstruction.

Visoconférence le 15 avril 2021

« En Syrie, les communautés chrétiennes et musulmanes ont la volonté de reconstruire le pays ensemble. »

Pierre Sabatié-Garat, président de L’Œuvre d’Orient

Née en 1856, L’Œuvre d’Orient vient en aide aux communautés chrétiennes locales. Elle est présente dans 24 pays au Moyen-Orient, en Afrique de l’Est, en Inde et en Europe de l’Est.

Au-delà de l’aide alimentaire et sanitaire d’urgence, L’Œuvre d’Orient agit pour que ces communautés puissent rester chez elles et que leur place soit reconnue dans les sociétés locales. Ses actions se focalisent sur

  • l’éducation et la formation professionnelle,
  • la santé et l’action sociale,
  • le soutien à la vie des communautés : églises et patrimoine culturel.
Quelles actions sont menées actuellement en Syrie ?

Nous avons commencé à reconstruire les maisons, les écoles, les dispensaires. Nous avons rouvert des écoles, des centres de formation professionnelle, des centres pour personnes handicapées et personnes âgées. Nous soutenons 2 initiatives locales remarquables :

  • proposer à des jeunes une formation complémentaire d’un an, très concrète, pour les aider à entrer dans la vie active ;
  • aider de petits entrepreneurs à lancer des micro-activités professionnelles au sein de « hope centers« , qui leur procurent un accompagnement financier et administratif.

Ces initiatives donnent de l’espoir aux gens pour reconstruire. Sous les bombes, les communautés chrétiennes et musulmanes ont appris à se connaître et ont la volonté de reconstruire le pays ensemble.

« Je rends hommage à l’accueil des Libanais vis-à-vis des Syriens. »

Philippe Lévêque, directeur de Care France

Fondée en 1945, l’ONG internationale Care est l’un des plus grands réseaux d’aide humanitaire au monde. 

Care a pour mission de lutter contre la pauvreté et de défendre l’accès aux droits fondamentaux, notamment des femmes et des filles. Les projets sont menés à partir des demandes des communautés : santé, éducation, développement économique… Nous travaillons à développer les compétences locales pour leur passer le relais.

Aide d’urgence au Liban

Il y a actuellement environ un million de réfugiés syriens au Liban, sur une population de 4 millions d’habitants. Les Libanais ont ouvert leurs écoles : je rends hommage à leur accueil vis-à-vis des Syriens.

Depuis la pandémie, nous avons par exemple soutenu des femmes qui fabriquent des masques artisanaux, du gel, nous avons formé aux gestes barrières dans les zones rurales…

 

Nos équipes au Syrie et Liban sont dans un épuisement total, il est très difficile de les remplacer. Elles sont dans un grand isolement sur le terrain. Il est très compliqué d’envoyer des fonds car les banques sont dans un délire bureaucratique à cause de règles de conformité.

Nous apportons une aide d’urgence par la distribution de nourriture. Au départ, nous disposions de 20 000 € puis des fondations nous ont soutenus. Nous démarrons également un très gros projet d’agriculture dans la plaine de la Bekaa et au nord car les paysans ratent les saisons agricoles.

 


 

« Nous soutenons les minorités pour qu’elles jouent un rôle positif et apaisant pour la majorité. »

Faraj-Benoît Camurat, fondateur et directeur général 

Né en 2011, Fraternité en Irak a pour mission d’aider les chrétiens et les autres minorités de ce pays à vivre dignement chez eux.

Les chrétiens sont très reconnus en Irak pour la qualité de leurs écoles. Nous les avons aidé à construire une école à Kirkouk, qui accueille les enfants de toutes les communautés ; une école a également été ouverte à Bessorah et deux écoles pour les enfants yezidis déplacés. Les écoles ont été fermées presque un an à cause du coronavirus.

Nous soutenons les minorités afin qu’elles jouent un rôle positif et apaisant pour la majorité. Comment revivre ensemble dans la plaine de Ninive, alors que certains de vos voisins ont soutenu Daech ? La réconciliation ne se décrète pas, elle doit se vivre. Dans cet objectif, nous soutenons l’hôpital de Qaraqosh, dont les cadres sont principalement chrétiens, qui accueille tous les malades sans distinction. Nous soutenons aussi l’hôpital Saint-Raphaël de Bagdad. Un tiers des patients de cet hôpital, de toutes les communautés, sont soignés gratuitement.

Nous avons coconstruit notre programme de relance économique avec la fondation AnBer. Des microentrepreneurs reçoivent une somme pour lancer leur activité, composée à 80 % de prêts à taux 0 et à 20 % de dons. Nous avons aidé à recréer 366 emplois dans la plaine de Ninive, plus d’une centaine de petites entreprises dans le bâtiment, les services, l’agriculture.

La réconciliation est au cœur du sujet : se côtoyer, avoir à nouveau des échanges entre communautés.

Comment recréer du lien social pour lutter contre les solitudes ? (visioconférence)

7 millions de personnes souffrent d’isolement relationnel en 2020, soit 13 % des Français.

Le nombre de personnes isolées augmente chaque année et comprend de plus en plus de jeunes. La pandémie accroît la précarité, l’une des principales causes de l’isolement.

Depuis 2010, l’Observatoire de la Fondation de France conduit une étude annuelle sur les solitudes en France : Laurence de Nervaux, responsable de l’Observatoire, analyse les résultats de l’édition 2020.

3 associations présentent leurs actions pour lutter contre l’isolement dans toute la population (Astrée) ou chez des cibles spécifiques comme les agriculteurs (Solidarité Paysans) ou les adolescents (Maison des Adolescents).

 

Visoconférence animée par Cyril Maury, fondateur du fonds de dotation Après-Demain, vice-président d’Un Esprit de Famille

Laurence de Nervaux, responsable de l’Observatoire de la Philanthropie à la Fondation de France

Depuis 10 ans, l’Observatoire de la Fondation de France publie une étude annuelle sur les solitudes. Ces études mesurent « l’isolement relationnel objectif », qui diffère du sentiment de solitude : elles se concentrent sur les contacts des personnes de visu à travers 5 grands réseaux : la famille, les amis, les voisins, les collègues de travail et les activités associatives. Ces critères sont actuellement challengés par la pandémie.

Notre dernière étude relate une enquête sur le terrain réalisée sur 3000 personnes en janvier 2020, donc avant la pandémie.

  • L’isolement relationnel progresse fortement : 7 millions de personnes sont concernées, soit 14 % des Français en 2020 (10 % en 2010).
  • Les personnes âgées sont les plus concernées : 1 sur 3 est isolée.
  • La situation des jeunes est préoccupante : 13 % des jeunes sont en isolement relationnel en 2020, contre 2 % en 2010.
  • 22 % des Français n’ont qu’un seul réseau de sociabilité, le réseau amical étant le plus stable. Le réseau familial progresse, les réseaux de voisinage et associatif s’affaiblissent chaque année.

Les facteurs aggravants

  • La précarité mais les personnes qui disposent de hauts revenus sont désormais concernées : de 6 à 11 % de 2016 à 2020.
  • La santé : les malades limitent leurs contacts, notamment de peur d’être un poids pour leurs proches.
  • L’horizon de mobilité a un lien très direct avec l’isolement relationnel. Il se réduit à cause contraintes financières, de contraintes de santé, du temps de travail.

 

Quelles sont incidences de la crise du Covid sur l’isolement ?

Une enquête a été menée en mai et juin 2020, puis en janvier 2021.

  • Les personnes isolées ont moins mal vécu le premier confinement, le poids de la solitude étant partagé par tous. Le premier confinement a généré un sursaut de solidarité qu’il faut faire durer.
  • Comme la précarité augmente, l‘isolement, qui lui est fortement lié, augmente.
  • La communication à distance ne remplace pas la sociabilité de visu. Les personnes qui ont une forte sociabilité basculent plus facilement dans la communication à distance.
  • L’accoutumance à la restriction des liens sociaux peut générer une peur de l’autre : moins on se voit, moins on se fait confiance.
  • La distanciation sociale supprime les contacts intermédiaires : ainsi elle amoindrit notre capacité d’empathie et c’est une menace pour la cohésion sociale.

Astrée : rompre la solitude à tous les âges

Djelloul Belbachir, délégué général de l’assocation Astrée

Depuis plus de 30 ans, Astrée se donne pour mission de rompre l’isolement à tous les âges de la vie. On parle souvent du sentiment de solitude des personnes âgées mais les plus jeunes sont largement concernés.

Nous intervenons grâce à notre expertise de l’écoute personnalisée et de l’accompagnement relationnel. 700 bénévoles d’Astrée agissent dans 21 villes en France. Ils sont formés à l’écoute et s’engagent à suivre des groupes de régulation tous les mois pour débriefer des situations qu’ils rencontrent.

Astrée agit dans 3 directions :

  • Accompagner des adultes : le même bénévole accompagne la même personne dans la durée, 1 h 30 à 2 h par semaine. Les bénévoles deviennent des personnes de confiance. Les personnes accompagnées ont en moyenne 49 ans : 75 % sont des femmes, 86 % vivent seules et 60 % sont inactives. La solitude a des conséquences sociales et sanitaires : par exemple, 43 % des personnes qui se sentent seules consomment des psychotropes, contre 11 % pour l’ensemble de la population.
  • Accompagner 3000 jeunes :
    • Collégiens : « Attentifs aux autres » est notre programme de soutien par les pairs ; l’accent est mis sur l’accueil en 6è car cette transition est délicate.
    • Lycéens : des professeurs sont formés pour mettre en place des points d’écoute pour les jeunes.
    • Etudiants : nous favorisons la mise en relation de jeunes qui n’ont pas bénéficié d’intégration pendant la crise du Covid.
  • Faire avancer la cause : le sujet de la solitude est mal connu. Il faut briser le tabou : Les deux tiers des personnes qui vivent dans la solitude n’osent pas en parler. Nous avons lancé la journée nationale des solitudes le 23 janvier, notamment avec des spots télévisés qui ont un gros impact. Nous avons créé un kit de sensibilisation pour que chacun puisse agir à son échelle.

Solidarité Paysans : combattre l'isolement de familles d'agriculteurs et les soutenir pour résoudre leurs difficultés

Elisabeth Chambry, directrice de l’association Solidarité Paysans de Bretagne

Lutter contre l’isolement est un axe de travail important de notre association : il est prépondérant dans les difficultés que rencontrent les paysans que nous accompagnons. Solidarité Paysans de Bretagne fait partie du réseau Solidarité Paysans qui comprend 30 associations régionales.

En Bretagne, nous accompagnons chaque année 350 familles rurales, dont beaucoup de producteurs de lait : c’est un métier très prenant et difficile.

Les personnes en difficulté nous appellent, souvent pour une urgence, comme un huissier qui arrive. Nous gérons l’urgence puis déployons une approche globale. Plusieurs rencontres sont nécessaires pour établir un diagnostic partagé puis coconstruire un plan d’actions. Nous aidons les personnes dans les démarches, notamment administratives, qui peuvent être très lourdes.

Nous visons aussi une aide à la personne, affaiblie par des années de difficultés. Agriculteur est la profession qui connaît le plus fort taux de suicide. Nous aidons la personne à se reconstruire intérieurement et extérieurement pour qu’elle se mobilise dans l’objectif du redressement. Les accompagnements peuvent s’étaler sur plusieurs années.

Une famille est accompagnée par un salarié en binôme avec un bénévole qui a un rôle de pair – l’association compte 10 salariés et 120 bénévoles. Il y a aussi un portage collectif car les problématiques sont complexes et transverses : par exemple, la comptabilité n’est plus tenue, ce qui coupe également les droits sociaux et les crédits.

Quelles sont les causes des difficultés ? Les problèmes de santé sont une cause majeure. Également des problèmes de structures d’exploitation, familiaux, de financement…

Les partenaires de nos accompagnements sont les travailleurs sociaux, les services des conseils départementaux, la fondation Abbé Pierre pour le logement, diverses organisations agricoles…

Les freins rencontrés sont l’isolement et le manque d’information, le déni de la situation, la perte de confiance et de mobilisation, la peur d’être jugé.

Maisons des Adolescents : écouter et accompagner les jeunes en difficulté

Delphine Rideau, directrice de la Maison des Ados de Strasbourg et secrétaire générale de l’Association Nationale Maisons de Adolescents

110 Maisons des Adolescents existent en France depuis 2000 : ce sont des lieux d’écoute et d’accompagnement des jeunes de 11 à 25 ans, ainsi que de leurs familles et leurs proches. La deuxième cause de mortalité chez les adolescents est le suicide. Des ruptures de période sont difficiles à gérer, comme l’entrée en 6è et en 2è.

Les équipes des Maisons des Ados sont pluridisciplinaires, rassemblant professions médicales, paramédicales et travailleurs sociaux.

  • Le socle de l’activité est d’accueillir et accompagner par des entretiens individuels ; ils sont gratuits, sans formalité administrative, avec ou sans rendez-vous. L’anonymat est possible. La radicalisation est une tentation notamment quand on n’est pas écouté.
  • Les entretiens individuels, mais aussi des ateliers artistiques, sportifs ou culturels aident à exprimer des souffrances. Le cirque, le théâtre ou la photographie ont une composante thérapeutique.
  • Le troisième mode d’intervention en cours de développement est la mobilité, pour aller vers les jeunes. Beaucoup d’antennes existent dans des villes secondaires.
  • Un quatrième mode d’intervention est en développement sur les territoires numériques. C’est un formidable outil pour nous contacter de façon anonyme et entretenir des relations avec des jeunes qui vivent dans des zones rurales, entre des rendez-vous physiques.

Nous intervenons de plus en plus en milieu scolaire pour la prévention primaire : sexualité, addictions, famille, scolarité, thème particulièrement sensible depuis la crise sanitaire. Les jeunes ont beaucoup de difficultés à rester investis dans leur parcours scolaire, les décrochages sont difficiles à vivre pour eux et leur famille.

Notre projet des ambassadeurs de La Maison des Ados de Strasbourg est soutenu par la Fondation de France : des étudiants en travail social ou psychologie sont ambassadeurs de la Maison des Ados sur les réseaux sociaux, dans la logique des pairs aidants.

Brik’école est un projet de solidarité pour les décrocheurs scolaires. Il n’existe pas de solution pour des grands décrocheurs dans l’Education Nationale. Nous avons un projet de scolarité adaptée, avec ateliers et soins.

Le réseau VIRAGE prévient la radicalisation de jeunes isolés et décrocheurs qui sont des proies pour les mouvements idéologiques radicaux et parfois violents. Le transgénérationnel est un bon outil de prévention et de prise en charge des jeunes en dérive radicale : l’échange avec des personnes de la génération des grands-parents est souvent plus porteur qu’avec la génération des parents.

La solitude est un phénomène lié à l’évolution des sociétés occidentales : individualisation des modes de vie, défiance envers les institutions, développement des sociabilités virtuelles… Les pays du Sud de l’Europe connaissent plus de sociabilité familiale qui sont des réseaux très résilients, pour toute la vie.

Femmes en grande précarité : quel accompagnement ?

Elles sont difficiles à dénombrer : 64 000 femmes sont en grande précarité en France (chiffre de 2012) ; ce nombre a considérablemeent augmenté avec la crise du covid-19. Or, le 115 (Samu social) ne dispose que de 24 places par jour pour les femmes. 4 structures spécialisées dans l’accompagnement des femmes en grande précarité ont présenté aux membres d’Un Esprit de Famille leurs actions d’accueil, d’hébergement, de réinsertion sociale, médicale et professionnelle. Accompagnées, la vie de ces femmes peut changer.

 

Visoconférence animée par Crama Trouillot du Boÿs, fondatrice de la Maison des Marraines, administratrice d’Un Esprit de Famille

Fondation Lecordier : pas d'injonction à l'insertion, l'accès à l'autonomie est déjà un immense progrès

Agnès Lecordier, cofondatrice et présidente de la fondation Lecordier

Dédiée aux femmes seules en grande précarité, la fondation Lecordier a été créée en 2008 par mes deux sœurs et moi-même. Elle est abritée par l’Institut de France.

Cette population est très difficile à dénombrer. En 2012, 40 % des SDF étaient des femmes, soit 64 000 femmes sans abri en France. Les chiffres ont explosé avec le covid-19. Leur espérance est de vie est de 46 ans.

Quel a été leur parcours de vie ? Des jeunes femmes sortent de l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) à 18 ans et se trouvent à la rue sans aucune ressource (30 % des SDF sont passés par l’ASE) ; des travailleuses précaires, des femmes âgées non déclarées en tant que conjoint travailleur, celles qui ont travaillé au noir, des femmes atteintes de maladies psychiatriques non soignées sont le public de la rue.

Les logements sociaux ne sont plus adaptés à l’évolution de la société française : 35 % des ménages français ne comprennent qu’une seule personne mais seulement 5 % des logements sociaux sont de petite taille, non destinés aux familles.

La fondation Lecordier ne finance pas de lieux mixtes, souvent sources de violences pour les femmes. Pour nous, il est important que les femmes soient hébergées et accompagnées par d’autres femmes. Nous ne finançons pas non plus de lieux avec des enfants. Souvent, on a retiré leurs à enfants à des femmes, ce qui peut créer de fortes tensions entre elles.

Notre mission n’inclut pas d’injonction à l’insertion : ces femmes sont épuisées. Il faut prendre le temps de l’accompagnement pour qu’elles s’apaisent et, ensuite, construisent leur projet d’insertion. L’accès à l’autonomie est déjà un immense progrès.

La fondation Lecordier a accompagné plus de 15 associations dans le développement de nouvelles actions depuis 2008, pour un montant de plus de 2 millions d’euros : hébergements, mises à l’abri d’urgence, repas, actions de santé et d’hygiène, de réinsertion. Nous sommes fidèles à nos associations partenaires. Nous préférons soutenir de petites structures qui mènent des actions de terrain ciblées. La Fondation mène également des actions de sensibilisation auprès des pouvoirs publics.

Agir pour la Santé des Femmes : la santé, porte d'entrée de l'accompagnement

Nadège Passereau, déléguée générale ADSF – Agir pour la santé des femmes

Créé en 2001, l’ADSF est spécialisé dans la santé et l’accès aux soins des femmes en grande précarité. Ces femmes de tous âges ont été victimes de violences, d’exploitation sexuelle, d’addictions ; elles ont des souffrances psychiques non traitées. Elles ont des problèmes nutritionnels, physiologiques mais ne savent pas où se soigner.

Notre démarche est d’aller vers elles avec un camion médicalisé. Notre équipe mobile comprend des sages-femmes, des psychologues. Nous intervenons dans les gares, le métro, le bois de Vincennes, dans les hébergements d’urgence, en Ile-de-France et à Lille. Nous faisons intervenir des femmes repères, issues du public visé : elles sont un maillon fort de l’accompagnement.

Ensuite, nous leur proposons un accueil, un abri et un accompagnement adaptés, à partir d’un diagnostic de santé global : bilan de vie, souffrances psychiques et physiques. Elles peuvent participer à des groupes de parole. Elles construisent leur projet, à leur rythme.

On cherche aujourd’hui à proposer de petits lieux d’accueil disséminés par rapport aux grands centres car ces femmes errent beaucoup. La mobilisation est forte depuis 2 ans pour ouvrir des centres d’accueil dédiés aux femmes mais les travailleurs sociaux ne sont pas formés à leurs spécificités. Quand elles arrivent dans nos structures, plus de 60 % d’entre elles demandent d’accéder à un médecin.

Entre 20 et 30 % des femmes suivies ont un bon niveau d’éducation : jeunes filles très diplômées qui ont vécu des violences, femmes migrantes… Dans le cas de violences, ce sont souvent les femmes qui perdent leur logement. De nombreuses jeunes filles étudiantes demandent de l’aide depuis le covid-19, qui a des répercussions dramatiques pour elles.

L’association salarie des professionnels médicaux, psychologues et travailleurs sociaux ; 70 bénévoles professionnels médicaux et psychologues interviennent également.

Claire Amitié : l'amour avant le social

Augustin de Montalivet, président de Claire Amitié France

Claire Amitié accueille, accompagne et forme des jeunes femmes en difficulté pour qu’elles deviennent actrices de leur vie et prennent leur place dans la société.

Depuis 1946, Claire Amitié gère en France des maisons qui hébergent des jeunes femmes en grande détresse et précarité. Elles y vivent comme dans une famille, accompagnées par des animatrices. L’association s’est ensuite développée à l’international : des foyers ont ouvert en Afrique francophone, au Cambodge et au Brésil.

Claire Amitié accueille environ 2 300 personnes par an, en France et à l’international. En France, Claire Amitié gère 500 places d’hébergement : les jeunes femmes, avec ou sans enfants, vivent dans des CHRS (Centres d’Hébergement et de Réinsertion Sociale) ou des Centres maternels, avec les enfants les plus jeunes.

Isabelle Godet, directrice générale de Claire Amitié France 

Nous avons en premier lieu la volonté de porter un regard bienveillant et personnalisé sur chaque femme pour l’aider à grandir, avec la certitude que sa vie peut changer. Chacune a en elle les capacités de son développement pour devenir libre et responsable. Notre approche essaie d’englober toutes les dimensions de la personne. Notre intention première est que l’amour précède le social.

Pour accompagner quelqu’un, il faut l’approcher, prendre le temps de le connaître au-delà d’un dossier qui nous est envoyé et acquérir la juste distanciation.

Nous essayons de nous situer en amont des grosses difficultés par un accompagnement social resserré pour que les jeunes femmes ne tombent pas dans la grande précarité. C’est pourquoi certains établissements sont dédiés à des jeunes de 18 à 25 ans, qui ne touchent pas le RSA. Nous avons aussi ouvert des services qui accueillent les 16 à 21 ans. Elles sont logées et apprennent à se prendre en charge : tenir un logement, cuisiner, travailler, se soigner, gérer les relations avec les autres… et nous aimons beaucoup faire la fête dans les établissements !

Une fois l’accompagnement terminé, la maison reste la famille des jeunes femmes qui ont été hébergées.

Pour les situations d’urgence, nous avons aussi ouvert des places hivernales pour des femmes avec enfants et des femmes isolées.

La Maison des Marraines pour des jeunes filles autonomes qui peuvent et veulent s'en sortir rapidement vers une formation ou un métier

Crama Trouillot du Boÿs, fondatrice et présidente du fonds de dotation Imapala Avenir, pour le projet La Maison des Marraines

La Maison des Marraines accueille depuis deux ans des jeunes femmes sans enfant, issues de l’ASE. A 18 ans, elles n’ont plus de dispositif d’accompagnement, sauf la Garantie Jeunes dans certains départements. La Maison des Marraines assure la continuité du parcours pour empêcher le passage à la rue. Nous hébergeons aussi des jeunes en très grande souffrance, victimes de violences, qui ne viennent pas de l’ASE.

La Maison des Marraines propose à ces jeunes de 18 à 25 ans un hébergement de 3 mois renouvelables, avec un accompagnement social et professionnel. La Maison des Marraines s’adresse donc à des jeunes autonomes qui peuvent et veulent s’en sortir rapidement vers une formation ou un métier.

5 Maisons des Marraines sont ouvertes depuis 2018, 3 en Ile-de-France et 2 dans les Hauts-de-France. Elles hébergent 75 personnes.

Notre partenaire l’AFPA (Agence nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes) met à notre disposition des logements vacants. La jeune fille bénéficie de l’ensemble des services de l’AFPA : cantine, formation professionnelle, accompagnement social. Un accompagnement renforcé vers l’emploi ou la formation professionnelle est assuré soit par L’Ecole de la Deuxième Chance en Ile-de-France, soit par les missions locales dans les Hauts-de-France.

Nous proposons également l’accompagnement d’une marraine « hors les murs », extérieure au dispositif, qui va aider la jeune fille à créer du lien social. Pendant le confinement, les jeunes se sont retrouvées toutes seules dans leur chambre, sans lien social. Ce lien de la marraine leur a permis de tenir dans l’isolement.

Comment susciter l’engagement pour une société plus durable et inclusive ?

Dans un contexte de crise sanitaire, sociale et politique, 73 % des jeunes considèrent cependant que la vie qu’ils mènent correspond à leurs attentes et 74 % d’entre eux sont confiants dans leur propre avenir*. Beaucoup ont envie de s’engager pour transformer la société mais ils ont souvent besoin d’être accompagnés pour passer à l’action.
Trois associations ont présenté aux membres d’Un Esprit de Famille le 8 décembre 2020 leurs différents programmes et outils pour inciter les jeunes et moins jeunes à s’engager, pour que leur enthousiasme se transforme en projets concrets à impact social et/ou environnemental.

Baromètre annuel “Jeunesse&Confiance” publié par VersLeHaut, le think tank dédié aux jeunes et à l’éducation

Unis-Cité, pionnier du service civique

Marie Trellu-Kane, cofondatrice et présidente exécutive d’Unis-Cité : il manquait à l’éducation des jeunes une étape d’engagement citoyen sur le terrain ; une étape de rencontres et de brassage, qui toucherait idéalement toute une classe d’âge.

Des fonds privés ont permis le développement d’Unis-Cité. Nous avons mené des actions de plaidoyer pour convaincre les pouvoirs publics, avec des données sur l’impact à l’appui : les jeunes qui ont fait leur service civique rebondissent davantage et mieux dans le monde professionnel ; ils prennent confiance en eux ; certains expriment, que, pour la première fois, ils se sentent français. Le service civique bénéficie depuis 2010 d’un cadre législatif. L’indemnité (demi-SMIC) est prise en charge par l’Etat en grande partie.

Quel est le rôle d’Unis-Cité depuis que le service civique est un dispositif public ?

  1. Nous avons gardé notre modèle historique d’engagement sur 9 mois en équipe, avec une grande mixité sociale. Nos processus de recrutement misent sur la diversité, par exemple en incluant 6 % de jeunes en situation de handicap. Nous accueillons 5000 jeunes chaque année.
  2. Qu’est-ce que des jeunes non professionnels peuvent réaliser pour la société ? Nous expérimentons, nous avons un rôle de laboratoire de projets sociaux : éduquer aux écogestes, soulager des familles avec des enfants en situation de handicap, sortir de leur isolement des personnes âgées…
  3. Nous agissons pour le développement du service civique par du plaidoyer et en menant des actions de formation. Une classe d’âge ayant 800 000 jeunes, la marge de progression est importante !

Nous proposons aux jeunes de nombreux programmes. Par exemple, des jeunes présents depuis plus d’un an sur le territoire avec le statut de réfugié peuvent participer au programme VolontR, qui vise à accélérer l’intégration culturelle, sociale et professionnelle des jeunes réfugiés allophones de 18 à 25 ans, via une mission dans la mixité. 3000 jeunes refugiés dans les équipes profitent ainsi d’une intégration très forte et rapide.

Les jeunes peuvent bénéficier du programme Rêve et Réalise, mené en partenariat avec le fonds de dotation Entreprendre et + : ils imaginent eux-mêmes où ils veulent agir, ce qu’ils ont envie de changer. Leur projet peut devenir une entreprise sociale.

Enactus : innover et entreprendre en équipe au service de la société

Mélanie Sueur Sy, directrice générale d’Enactus et Benjamin Rolland, directeur d’Enactus Organisation.

Avoir 20 ans aujourd’hui, c’est souvent vivre dans un studio ou chez ses parents, galérer dans sa recherche de stage ou de premier emploi, étudier à distance, réduire sa vie sociale, ses activités sportives, renoncer à découvrir le monde… Pourtant, les jeunes veulent s’engager avec un sentiment d’urgence pour plus de justice sociale, pour la transition écologique… mais beaucoup ne le font pas, faute d’accompagnement. Nous essayons de donner à chacun confiance en sa capacité d’agir. Nous accompagnons des lycéens, des étudiants, des professionnels à passer à l’action, à développer leurs compétences pour innover et entreprendre au service de la société.

Créé aux Etats-Unis il y a 45 ans, Enactus accompagne chaque année 72 000 jeunes  dans 37 pays. Le parti pris d’Enactus est d’agir au sein des institutions, de faire évoluer les pratiques pédagogiques de l’intérieur.

  1. Enactus Lycéens : ce parcours est coconstruit avec l’Education nationale. 12 ateliers dans l’année sont organisés pour concevoir un projet à impact social et environnemental. Exemple : le lycée professionnel Camille Claudel à Mantes-la-Ville a mis en œuvre l’application Handiapp pour permettre à des personnes à mobilité réduite d’identifier et s’inscrire à des activités sportives adaptées. Les enseignants considèrent que le parcours d’Enactus a un impact très positif sur la scolarité des lycéens.
  2. Enactus étudiants: nous proposons un parcours de 10 mois personnalisé pour générer des projets qui ont un impact social ou environnemental. Ces jeunes développent confiance en eux et compétences professionnelles. Parfois, ils créent leur entreprise sociale : par exemple, Lunettes de ZAC recycle des lunettes usagées pour produire des lunettes à bas coût.
  3. Enactus Organisations vise les professionnels et organisations. Comment permettre aux collaborateurs d’une entreprise de s’engager dans une dynamique porteuse de sens ? Enactus outille également des organisations existantes par des formations de formateurs, la conception d’une semaine de sensibilisation à l’emploi social…

Nous sommes tous reliés par la même raison d’être et des convictions.

  • Passer à l’action: nous sommes des spécialistes de la pédagogie par l’expérience.
  • Entreprendre en équipe : nous privilégions une expérience collective et formons à la posture collaborative.
  • Lier et réconcilier l’économie et le social.
Makesense, fabrique de communautés citoyennes

Alizée Lozac’hmeur, co-fondatrice et directrice de Makesense : depuis 10 ans, Makesense propose des programmes de mobilisation collective et donne des outils pour que chacun.e s’engage au profit d’une société plus durable et inclusive. Nous nous adressons à trois publics :

  • les jeunes de 18 à 30 ans : 200 000 dans le monde ont déjà bénéficié de nos programmes,
  • les porteur.ses de projets à impact social et environnemental,
  • les collaborateur.trices qui souhaitent contribuer à la transformation de leur entreprise.

Je voudrais partager avec vous deux notions sur lesquelles nous travaillons beaucoup.

  • Le parcours d’engagement : chacun.e arrive chez Maksense avec une trajectoire et un niveau d’engagement différents. Nous lui apportons des outils et des expériences pour qu’il.elle passe des étapes : prendre conscience des problèmes, se sentir concerné.e, identifier des solutions concrètes, aider des porteur.ses de projets dans leur développement, mobiliser d’autres personnes autour de soi pour un effet “boule de neige”.
  • Des communautés dans une centaine de villes dans le monde organisent des événements, des ateliers, des programmes pour mobiliser des personnes. Le ciment est la communauté, les gens avec lesquels on a envie d’agir : Makesense est une fabrique de communautés citoyennes. Les différents programmes s’articulent autour des objectifs s’éveiller et se former, s’engager, soutenir des projets, se rassembler.

Nos trois enjeux aujourd’hui sont :

  • nous faire connaître pour mobiliser toujours plus de jeunes,
  • former des mobilisateurs pour accompagner toutes ces jeunes ;
  • digitaliser pour un parcours fluide ; notre vraie ambition est toujours le digital au service de la rencontre et de la création de communautés.

Art et culture : vecteurs de cohésion sociale ?

« Parce qu’elle relève de la transmission tout autant qu’elle est un apprentissage de la liberté, la culture sous toutes ses formes est une arme puissante et collective, à mettre entre toutes les mains. »* Deux associations et deux institutions culturelles ont présenté le 5 novembre aux membres d’Un Esprit de Famille leurs actions innovantes pour faire découvrir et aimer à des publics qui en sont éloignés les métiers de l’image, l’opéra, la musique, le musée ou le cinéma.

*Extrait de l’éditorial de La Croix, le 21 mai 2020

LE BAL : former les jeunes à la fabrication des images

 

Marie Doyon, responsable de La Fabrique du Regard : créé par Raymond Depardon en 2010 dans une ancienne salle de bal, LE BAL est un lieu dédié aux arts visuels dans le 18è arrondissement. Lieu de vie, qui dispose d’un café et d’une libraire, le BAL est aussi un espace d’expositions de tous les formats d’images : photos, vidéos, films…

C’est aussi un lieu de formation : la plateforme pédagogique La Fabrique du Regard forme les jeunes à et par l’image. Nous cherchons à faire comprendre aux jeunes que l’image est une fabrication, donc à développer leur esprit critique en leur apprenant toute la mécanique de fabrication. Ils ont accès

  • à des ateliers d’ouverture culturelle : des conférenciers les accompagnent dans des lieux d’exposition ; en 2020, la thématique de ces ateliers est « Voir, c’est croire », l’image comme preuve : quel rapport de crédulité avons-nous avec les images ? Comment sont-elles manipulées, falsifiées, transformées ? ;
  • à des interventions d’artistes : réalisateurs, vidéastes, iconographes… proposent des méthodologies, des outils pour débattre.

Les actions de la Fabrique du Regard sont menées hors les murs : écoles, centres sociaux… Les bénéficiaires sont des jeunes de 6 à 25 ans habitant des quartiers de politique de la ville, qui n’ont pas accès à la culture.

Nos objectifs : développer l’esprit critique, raccrocher les élèves à l’enseignement, développer des compétences en les expérimentant dans des projets, lutter contre l’autocensure des jeunes.

La plateforme collaborative Ersilia permet l’essaimage de La Fabrique du Regard : les jeunes y trouvent des outils pour éditorialiser des contenus, accéder à des films, des textes, des photos, des liens vers des sites de musées… Des modules pédagogiques sont proposés par un enseignant, un artiste, des jeunes, une structure partenaire, pour stimuler de nouvelles pratiques et partages d’expériences. Grâce à Ersilia, nous touchons des zones rurales et d’outre-mer. Nous travaillons actuellement sur la modélisation pour en faire profiter un nombre plus important de jeunes et d’enseignants.

Théâtre des Bouffes du Nord : élargir les publics de l’opéra et de la musique de chambre 

 

Clémentine Aubry, administratrice du Théâtre : le théâtre des Bouffes du Nord renaît en 1974 grâce à Peter Brook qui en fait un lieu de créations et d’échanges. Il est situé dans des quartiers populaires, où la mobilité est forte. La configuration du lieu, qui ne cache pas la patine du temps, génère une composante désinhibante pour les spectateurs et les artistes.

Le Théâtre accompagne des équipes artistiques pour créer et diffuser leurs spectacles : musiques, théâtre, opéra… Peter Brook allait jouer dans les écoles, les prisons… Nous cherchons à faire perdurer cet état d’esprit pour brasser des publics les plus larges possible. Avec nos fidèles partenaires (centres d’animation, associations…) et les artistes, nous coconstruisons des spectacles.

« L’opéra c’est vous » est un projet de découverte et d’appropriation de l’opéra, qui est habituellement considéré comme élitise. Autour d’une œuvre d’opéra, l’équipe artistique coconstruit un spectacle avec des élèves de lycée. L’œuvre finale sera composite car l’objectif est de sensibiliser à l’opéra mais aussi de donner à pratiquer, à éprouver, pour que chacun y implique un peu de son histoire personnelle. Des participants issus de milieux très différents doivent collaborer. Certains écrivent, d’autres créent des costumes, d’autres jouent de la musique, d’autres travaillent à la régie… La forte cohésion de groupe est consolidée par une semaine de résidence et de répétition au théâtre.

Nous continuons actuellement les ateliers dans les lycées, même si le théâtre est fermé.

Le théâtre des Bouffes du Nord produit des spectacles et s’associe à des lieux en régions pour faire découvrir la musique de chambre : c’est le programme « La belle saison », qui compte aujourd’hui 17 lieux partenaires. Des musiciens en résidence animent des ateliers avec des écoles, des EHPAD, des écoles de musique. L’un des objectifs de ce programme est d’intégrer dans le parcours de jeunes artistes cette composante de transmission, de création avec de non-artistes, qui enrichit leur carrière.

Le théâtre des Bouffes du Nord est très peu subventionné. Les projets d’éducation artistique et cultuelle sont à 100 % financés par le mécénat. Les partenaires sont des interlocuteurs avec qui nous maintenons un dialogue constant : grâce à leur expertise, ils nous accompagnent dans la progression de nos projets et son évaluation.

Ciné-ma différence : donner accès à la culture aux personnes en situation de handicap 

 

Catherine Morhange, cofondatrice et présidente de l’association Ciné-ma différence : les porteurs de handicap, 1 à 2 millions de personnes en France, sont peu présents dans la vie sociale. Les familles concernées renoncent au cinéma parce que leur enfant peut être bruyant, s’exprimer de façon inhabituelle. Pour remédier à cette exclusion, avec d’autres parents nous avons conçu Ciné-ma différence en 2005. Nous rendons accessibles des séances de cinéma « ordinaires », pour que chacun, avec ou sans handicap, y soit accueilli et respecté tel qu’il est.

Le dispositif imaginé par Ciné-ma différence est conçu pour informer, entourer et apaiser les spectateurs. Des bénévoles formés accueillent les personnes handicapées, leur famille, et informent clairement le public sans handicap. Quelques aménagements techniques sont apportés : lumière s’éteignant doucement, son abaissé pour ne pas agresser des personnes aux oreilles très sensibles, pas de publicité ni de bandes-annonces. Les séances se déroulent ainsi sereinement. Le public handicapé découvre le cinéma et peut ensuite parfois se rendre à une séance normale.

Le dispositif est présent dans 70 salles. En 2019, plus de 400 séances ont été organisées.

En 2018, l’association a créé le dispositif Relax destiné au spectacle vivant : les séances se déroulent dans un environnement bienveillant et détendu où chacun peut vivre ses émotions. L’Opéra Comique à Paris est l’établissement pilote du dispositif Relax. 25 spectacles Relax ont déjà eu lieu, dont un opéra baroque de 3 h 30 !

Comment faire pour que Relax se répande ? Il faut dépasser les peurs et gênes de part et d’autre. Cinéma-ma différence accompagne les institutions culturelles qui veulent accroître leur accessibilité. Chacun a droit à la culture, même ceux qui ne sont pas « dans la norme ».

Actuellement, nous envoyons des ressources culturelles par voie numérique pour garder le lien avec nos spectateurs. Les formations continuent à distance.

Notre financement vient de ressources propres (cotisations des membres, prestations de formations), de financements publics et privés.

Après chaque séance, nous proposons un questionnaire sur notre site Internet pour avoir un retour sur l’impact, auprès des personnes en situation de handicap ou non.

Le Musée du Louvre : accompagner la découverte du Musée et le porter hors les murs

 

Matthieu Decraene, sous-directeur du développement des publics et de l’éducation artistique et culturelle : au service de tous les Français, le Louvre a une mission éducative et sociale. Voici les 3 piliers de nos actions d’inclusion sociale :

  • La formation : il faut être accompagné pour franchir la porte d’un musée. Nous formons une communauté active de relais pour aider des enseignants, des acteurs sociaux et du domaine du handicap dans leurs visites du musée.
  • Le développement d’offres adaptées : par exemple, la petite galerie du Louvre présente chaque année une exposition thématique adaptée aux plus jeunes ; hors les murs, le Louvre propose le programme « le Louvre à jouer » : des enfants se mettent dans la peau d’un gardien ou d’un conservateur de musée ; plus de 2000 enfants ont bénéficié de ce dispositif itinérant.
  • Les partenariats pour toucher les publics dans leur cadre de vie, aller à leur rencontre sur leur territoire. Nous sommes partenaires des trois Académies de Versailles, Paris et Créteil. Avec l’AP-HP, nous développons « Le Louvre à l’hôpital » : l’exposition itinérante sur la couleur bleue a tourné dans 11 sites de l’AP-HP. Des ateliers sur l’archéologie ont été organisés dans un centre commercial en Seine-et-Marne.

Le contexte du covid-19 bouleverse ces programmes. Notre activité dans les classes est cependant maintenue. Nous avons organisé un « été culturel et solidaire » pour des publics fragiles. Nous avons mis ne place une nouvelle plateforme de micro-learning. Le tournant numérique nous permet de toucher un public plus nombreux : nous développons des visites virtuelles du musée.

Les programmes d’activités artistiques et culturelles sont financés par les Académies, la préfecture, des fondations d’entreprise et des mécènes.

En 2021, le site louvre.fr offrira de contenus renouvelés et en septembre ouvrira le studio dédié aux jeunes et l’éducation.

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Un Esprit de Famille
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