Le Cercle Weber : 10 fondations pour 1 partenariat avec Chemins d’avenirs (visioconférence)

Visioconférence « La philanthropie familiale en action », le 14 juin 2021

Une dizaine de fondations membres d’Un Esprit de Famille soutiennent ensemble des associations qui œuvrent dans le champ de l’éducation : elles forment « le Cercle Weber ». « Nous faisons plus et mieux ensemble », résume Isabelle Bouzoud, présidente de la fondation Brageac. « Notre approche est voisine du financement d’une start-up », ajoute Jacques Vincent, dont la fondation Acteur de mon Avenir est également membre du Cercle Weber. Tous deux nous présentent cette démarche collective et le bilan de deux années de partenariat avec Chemins d’avenirs. Salomé Berlioux apporte son regard de fondatrice et directrice générale de Chemins d’avenirs sur ce partenariat exemplaire.

Jacques Vincent, fondateur et président de la fondation Acteur de mon Avenir : "Ensemble, nous avons démultiplié notre impact"

Jacques Vincent, fondateur et président de la fondation Acteur de mon Avenir : en 2018, sous l’impulsion de Jean-François Rambicur (fondation ARCEAL), 7 fondations membres d’Un Esprit de Famille soutenant des projets éducatifs ont décidé de cofinancer une association pour avoir plus d’impact. Les critères de sélection ont été établis collectivement : une association qui a pour mission de réduire les inégalités sociales, d’agir dans des zones défavorisées, en soutien à l’Education nationale, qui évalue son impact et son efficacité, a une capacité d’essaimage…

Nous avons auditionné 7 associations, dont Chemins d’avenirs, que la fondation Brageac, membre du Cercle Weber, soutenait depuis 2 ans. Cette association remplissait pleinement nos critères ; elle a recueilli l’unanimité des membres. 3 autres fondations se sont jointes au financement. Nous avons établi une seule convention de financement pour toutes les fondations participantes et précisé les méthodes de suivi.

Ensemble, nous avons démultiplié notre impact, en octroyant 280 000 € à Chemins d’avenirs. Ils ont financé pour moitié la structure, pour moitié son expansion :

  • le salaire de la fondatrice et d’un fundraiser,
  • l’extension géographique avec 3 Académies supplémentaires engagées dans les programmes de Chemins d’avenirs.

Isabelle Bouzoud, présidente de la fondation Brageac : "Le Cercle Weber rassemble douze fondations qui sélectionnent chaque année une association pour la cofinancer à hauteur d’environ 200 000 €."

 

Isabelle Bouzoud, présidente de la fondation Brageac : 10 fondations ont travaillé ensemble : nous nous sommes améliorés, nous avons enrichi nos critères de sélection, d’évaluation, et découvert d’autres projets. Cela crée une émulation sur la façon dont nous gérons nos fondations. Nous faisons plus et mieux ensemble.

Trois ans après sa création, le Cercle Weber rassemble douze fondations qui sélectionnent chaque année une association pour la cofinancer à hauteur d’environ 200 000 €. A la suite du processus de sélection, le lauréat s’est toujours imposé auprès de tous les membres du Cercle. Nous avons décidé de soutenir l’association pendant 2 ans. Certaines fondations peuvent poursuivre leur soutien, à titre individuel.

Il existe très peu d’exemples de fondations qui se mettent d’accord sur le cahier des charges pour cofinancer une association !

Notre soutien a donné plus de visibilité à Chemins d’avenirs, qui a trouvé d’autres interlocuteurs dans sa recherche de financements.

Salomé Berlioux, fondatrice – directrice générale de Chemins d’avenirs

Le partenariat avec le Cercle Weber a été déterminant : il nous a permis d’aller beaucoup plus vite et plus loin, et surtout en confiance, de façon très humaine et efficace.

A l’époque, l’asscociation comptait 3 salariés et j’étais bénévole. Grâce au salaire, j’ai pu me consacrer 100 % à mon idée.

Depuis le début du partenariat, nous avons suivi 2 nouvelles promotions de jeunes : 1 700 jeunes accompagnés individuellement. 5 000 jeunes auront suivi le programme d’ici janvier 2022. 47 établissements scolaires sont partenaires.

Depuis le début du partenariat, nous avons suivi 2 nouvelles promotions de jeunes : 1 700 jeunes accompagnés individuellement. 5 000 jeunes auront suivi le programme d’ici janvier 2022. 47 établissements scolaires sont partenaires.

Focus sur les Ateliers d’avenir

La fondation Neuvoies travaille sur la transformation des bénéficiaires des associations : ces ateliers ont permis aux filleuls de Chemins d’avenirs et à leurs mentors de réfléchir sur tout ce que ce parcours a transformé dans leur vies. Hélène Wintenberger, cofondatrice de la fondation Neuvoies, et Marine Bonnefoi, directrice générale adjointe de Chemins d’avenirs, présentent le bilan de ces ateliers.

Quelles interventions au Proche et Moyen-Orient ? (visioconférence)

Comment agir en Syrie, au Liban et en Irak ? Trois associations présentent leurs projets menés dans des contextes extrêmement difficiles : L’Œuvre d’Orient, Care et Fraternité en Irak. Au-delà de l’aide alimentaire et sanitaire d’urgence, l’éducation et la réconciliation entre communautés sont au cœur de la reconstruction.

Visoconférence le 15 avril 2021

« En Syrie, les communautés chrétiennes et musulmanes ont la volonté de reconstruire le pays ensemble. »

Pierre Sabatié-Garat, président de L’Œuvre d’Orient

Née en 1856, L’Œuvre d’Orient vient en aide aux communautés chrétiennes locales. Elle est présente dans 24 pays au Moyen-Orient, en Afrique de l’Est, en Inde et en Europe de l’Est.

Au-delà de l’aide alimentaire et sanitaire d’urgence, L’Œuvre d’Orient agit pour que ces communautés puissent rester chez elles et que leur place soit reconnue dans les sociétés locales. Ses actions se focalisent sur

  • l’éducation et la formation professionnelle,
  • la santé et l’action sociale,
  • le soutien à la vie des communautés : églises et patrimoine culturel.
Quelles actions sont menées actuellement en Syrie ?

Nous avons commencé à reconstruire les maisons, les écoles, les dispensaires. Nous avons rouvert des écoles, des centres de formation professionnelle, des centres pour personnes handicapées et personnes âgées. Nous soutenons 2 initiatives locales remarquables :

  • proposer à des jeunes une formation complémentaire d’un an, très concrète, pour les aider à entrer dans la vie active ;
  • aider de petits entrepreneurs à lancer des micro-activités professionnelles au sein de « hope centers« , qui leur procurent un accompagnement financier et administratif.

Ces initiatives donnent de l’espoir aux gens pour reconstruire. Sous les bombes, les communautés chrétiennes et musulmanes ont appris à se connaître et ont la volonté de reconstruire le pays ensemble.

« Je rends hommage à l’accueil des Libanais vis-à-vis des Syriens. »

Philippe Lévêque, directeur de Care France

Fondée en 1945, l’ONG internationale Care est l’un des plus grands réseaux d’aide humanitaire au monde. 

Care a pour mission de lutter contre la pauvreté et de défendre l’accès aux droits fondamentaux, notamment des femmes et des filles. Les projets sont menés à partir des demandes des communautés : santé, éducation, développement économique… Nous travaillons à développer les compétences locales pour leur passer le relais.

Aide d’urgence au Liban

Il y a actuellement environ un million de réfugiés syriens au Liban, sur une population de 4 millions d’habitants. Les Libanais ont ouvert leurs écoles : je rends hommage à leur accueil vis-à-vis des Syriens.

Depuis la pandémie, nous avons par exemple soutenu des femmes qui fabriquent des masques artisanaux, du gel, nous avons formé aux gestes barrières dans les zones rurales…

 

Nos équipes au Syrie et Liban sont dans un épuisement total, il est très difficile de les remplacer. Elles sont dans un grand isolement sur le terrain. Il est très compliqué d’envoyer des fonds car les banques sont dans un délire bureaucratique à cause de règles de conformité.

Nous apportons une aide d’urgence par la distribution de nourriture. Au départ, nous disposions de 20 000 € puis des fondations nous ont soutenus. Nous démarrons également un très gros projet d’agriculture dans la plaine de la Bekaa et au nord car les paysans ratent les saisons agricoles.

 


 

« Nous soutenons les minorités pour qu’elles jouent un rôle positif et apaisant pour la majorité. »

Faraj-Benoît Camurat, fondateur et directeur général 

Né en 2011, Fraternité en Irak a pour mission d’aider les chrétiens et les autres minorités de ce pays à vivre dignement chez eux.

Les chrétiens sont très reconnus en Irak pour la qualité de leurs écoles. Nous les avons aidé à construire une école à Kirkouk, qui accueille les enfants de toutes les communautés ; une école a également été ouverte à Bessorah et deux écoles pour les enfants yezidis déplacés. Les écoles ont été fermées presque un an à cause du coronavirus.

Nous soutenons les minorités afin qu’elles jouent un rôle positif et apaisant pour la majorité. Comment revivre ensemble dans la plaine de Ninive, alors que certains de vos voisins ont soutenu Daech ? La réconciliation ne se décrète pas, elle doit se vivre. Dans cet objectif, nous soutenons l’hôpital de Qaraqosh, dont les cadres sont principalement chrétiens, qui accueille tous les malades sans distinction. Nous soutenons aussi l’hôpital Saint-Raphaël de Bagdad. Un tiers des patients de cet hôpital, de toutes les communautés, sont soignés gratuitement.

Nous avons coconstruit notre programme de relance économique avec la fondation AnBer. Des microentrepreneurs reçoivent une somme pour lancer leur activité, composée à 80 % de prêts à taux 0 et à 20 % de dons. Nous avons aidé à recréer 366 emplois dans la plaine de Ninive, plus d’une centaine de petites entreprises dans le bâtiment, les services, l’agriculture.

La réconciliation est au cœur du sujet : se côtoyer, avoir à nouveau des échanges entre communautés.

Comment susciter l’engagement pour une société plus durable et inclusive ?

Dans un contexte de crise sanitaire, sociale et politique, 73 % des jeunes considèrent cependant que la vie qu’ils mènent correspond à leurs attentes et 74 % d’entre eux sont confiants dans leur propre avenir*. Beaucoup ont envie de s’engager pour transformer la société mais ils ont souvent besoin d’être accompagnés pour passer à l’action.
Trois associations ont présenté aux membres d’Un Esprit de Famille le 8 décembre 2020 leurs différents programmes et outils pour inciter les jeunes et moins jeunes à s’engager, pour que leur enthousiasme se transforme en projets concrets à impact social et/ou environnemental.

Baromètre annuel “Jeunesse&Confiance” publié par VersLeHaut, le think tank dédié aux jeunes et à l’éducation

Unis-Cité, pionnier du service civique

Marie Trellu-Kane, cofondatrice et présidente exécutive d’Unis-Cité : il manquait à l’éducation des jeunes une étape d’engagement citoyen sur le terrain ; une étape de rencontres et de brassage, qui toucherait idéalement toute une classe d’âge.

Des fonds privés ont permis le développement d’Unis-Cité. Nous avons mené des actions de plaidoyer pour convaincre les pouvoirs publics, avec des données sur l’impact à l’appui : les jeunes qui ont fait leur service civique rebondissent davantage et mieux dans le monde professionnel ; ils prennent confiance en eux ; certains expriment, que, pour la première fois, ils se sentent français. Le service civique bénéficie depuis 2010 d’un cadre législatif. L’indemnité (demi-SMIC) est prise en charge par l’Etat en grande partie.

Quel est le rôle d’Unis-Cité depuis que le service civique est un dispositif public ?

  1. Nous avons gardé notre modèle historique d’engagement sur 9 mois en équipe, avec une grande mixité sociale. Nos processus de recrutement misent sur la diversité, par exemple en incluant 6 % de jeunes en situation de handicap. Nous accueillons 5000 jeunes chaque année.
  2. Qu’est-ce que des jeunes non professionnels peuvent réaliser pour la société ? Nous expérimentons, nous avons un rôle de laboratoire de projets sociaux : éduquer aux écogestes, soulager des familles avec des enfants en situation de handicap, sortir de leur isolement des personnes âgées…
  3. Nous agissons pour le développement du service civique par du plaidoyer et en menant des actions de formation. Une classe d’âge ayant 800 000 jeunes, la marge de progression est importante !

Nous proposons aux jeunes de nombreux programmes. Par exemple, des jeunes présents depuis plus d’un an sur le territoire avec le statut de réfugié peuvent participer au programme VolontR, qui vise à accélérer l’intégration culturelle, sociale et professionnelle des jeunes réfugiés allophones de 18 à 25 ans, via une mission dans la mixité. 3000 jeunes refugiés dans les équipes profitent ainsi d’une intégration très forte et rapide.

Les jeunes peuvent bénéficier du programme Rêve et Réalise, mené en partenariat avec le fonds de dotation Entreprendre et + : ils imaginent eux-mêmes où ils veulent agir, ce qu’ils ont envie de changer. Leur projet peut devenir une entreprise sociale.

Enactus : innover et entreprendre en équipe au service de la société

Mélanie Sueur Sy, directrice générale d’Enactus et Benjamin Rolland, directeur d’Enactus Organisation.

Avoir 20 ans aujourd’hui, c’est souvent vivre dans un studio ou chez ses parents, galérer dans sa recherche de stage ou de premier emploi, étudier à distance, réduire sa vie sociale, ses activités sportives, renoncer à découvrir le monde… Pourtant, les jeunes veulent s’engager avec un sentiment d’urgence pour plus de justice sociale, pour la transition écologique… mais beaucoup ne le font pas, faute d’accompagnement. Nous essayons de donner à chacun confiance en sa capacité d’agir. Nous accompagnons des lycéens, des étudiants, des professionnels à passer à l’action, à développer leurs compétences pour innover et entreprendre au service de la société.

Créé aux Etats-Unis il y a 45 ans, Enactus accompagne chaque année 72 000 jeunes  dans 37 pays. Le parti pris d’Enactus est d’agir au sein des institutions, de faire évoluer les pratiques pédagogiques de l’intérieur.

  1. Enactus Lycéens : ce parcours est coconstruit avec l’Education nationale. 12 ateliers dans l’année sont organisés pour concevoir un projet à impact social et environnemental. Exemple : le lycée professionnel Camille Claudel à Mantes-la-Ville a mis en œuvre l’application Handiapp pour permettre à des personnes à mobilité réduite d’identifier et s’inscrire à des activités sportives adaptées. Les enseignants considèrent que le parcours d’Enactus a un impact très positif sur la scolarité des lycéens.
  2. Enactus étudiants: nous proposons un parcours de 10 mois personnalisé pour générer des projets qui ont un impact social ou environnemental. Ces jeunes développent confiance en eux et compétences professionnelles. Parfois, ils créent leur entreprise sociale : par exemple, Lunettes de ZAC recycle des lunettes usagées pour produire des lunettes à bas coût.
  3. Enactus Organisations vise les professionnels et organisations. Comment permettre aux collaborateurs d’une entreprise de s’engager dans une dynamique porteuse de sens ? Enactus outille également des organisations existantes par des formations de formateurs, la conception d’une semaine de sensibilisation à l’emploi social…

Nous sommes tous reliés par la même raison d’être et des convictions.

  • Passer à l’action: nous sommes des spécialistes de la pédagogie par l’expérience.
  • Entreprendre en équipe : nous privilégions une expérience collective et formons à la posture collaborative.
  • Lier et réconcilier l’économie et le social.
Makesense, fabrique de communautés citoyennes

Alizée Lozac’hmeur, co-fondatrice et directrice de Makesense : depuis 10 ans, Makesense propose des programmes de mobilisation collective et donne des outils pour que chacun.e s’engage au profit d’une société plus durable et inclusive. Nous nous adressons à trois publics :

  • les jeunes de 18 à 30 ans : 200 000 dans le monde ont déjà bénéficié de nos programmes,
  • les porteur.ses de projets à impact social et environnemental,
  • les collaborateur.trices qui souhaitent contribuer à la transformation de leur entreprise.

Je voudrais partager avec vous deux notions sur lesquelles nous travaillons beaucoup.

  • Le parcours d’engagement : chacun.e arrive chez Maksense avec une trajectoire et un niveau d’engagement différents. Nous lui apportons des outils et des expériences pour qu’il.elle passe des étapes : prendre conscience des problèmes, se sentir concerné.e, identifier des solutions concrètes, aider des porteur.ses de projets dans leur développement, mobiliser d’autres personnes autour de soi pour un effet “boule de neige”.
  • Des communautés dans une centaine de villes dans le monde organisent des événements, des ateliers, des programmes pour mobiliser des personnes. Le ciment est la communauté, les gens avec lesquels on a envie d’agir : Makesense est une fabrique de communautés citoyennes. Les différents programmes s’articulent autour des objectifs s’éveiller et se former, s’engager, soutenir des projets, se rassembler.

Nos trois enjeux aujourd’hui sont :

  • nous faire connaître pour mobiliser toujours plus de jeunes,
  • former des mobilisateurs pour accompagner toutes ces jeunes ;
  • digitaliser pour un parcours fluide ; notre vraie ambition est toujours le digital au service de la rencontre et de la création de communautés.

Adrien Taquet : « Je crois à un pacte pour l’enfance qui concerne chaque membre de la société »

Visioconférence avec les membres d’Un Esprit de Famille, le 30 novembre 2020

25 000 plaintes pour agression sexuelle sur mineur sont déclarées tous les ans, 5 % des jeunes bénéficiaires de l’Aide Sociale à L’Enfance suivent des études supérieures… Adrien Taquet affronte chaque jour ces réalités et veut faire bouger les lignes par des actions de prévention et de protection : soutien à la parentalité du quatrième mois de l’enfant jusqu’à 2 ans, 22 mesures de luttes contre les violences faites aux enfants, réorganisation de l’Aide Sociale à l’Enfance… Il est sur tous les fronts.

Actuellement en charge de l’enfance et des familles, j’ai toujours à cœur de mêler prévention et protection. La protection passe souvent par un meilleur accompagnement à la parentalité.

Les trois piliers de mon action sont

  1. la prévention : accompagner les 1000 premiers jours de l’enfant,
  2. la lutte contre les violences,
  3. notre système institutionnel de protection : l’aide sociale à l’enfance.

Je crois à un « pacte pour l’enfance » qui concerne chaque membre de la société, l’ensemble des acteurs, dont bien sûr les acteurs privés. Ensemble, nous mettrons en œuvre des solutions.

1. Accompagner les 1000 premiers jours de l’enfant

Nous avons l’ambition d’une politique de la toute petite enfance. Le concept des 1000 premiers jours existe depuis les années 1980 : les neurosciences ont montré que ce qui se passe durant ces 1000 jours a des répercussions toute la vie. Au cours de cette période se forgent les inégalités sociales, de santé, comportementales : il est évidemment préférable de lutter contre les inégalités au moment où elles se forment. Le Président de la République, très attentif à ce sujet, a réuni une commission autour du neuropsychiatre Boris Cyrulnik pour proposer des recommandations. Le rapport de la commission, finalisé en septembre dernier, préconise 4 champs d’action.

  • Développer des messages de santé publique : sur les dangers des écrans, les violences ordinaires… Des études montrent que les parents considèrent qu’il est de plus en plus difficile d’être parent ; ils ont besoin d’être accompagnés.
  • Généraliser l’entretien prénatal précoce : il ne concerne aujourd’hui que 28 % des grossesses.

Adrien Taquet est entré au gouvernement en 2019, après un parcours d’homme de communication. Directeur général d’Euro RSCG (2004-2007), puis directeur-associé chez Leg (2008-2012), il crée et dirige l’agence de publicité Jésus et Gabriel de 2013 à 2017.

Cofondateur d’En marche, il est élu député dans la deuxième circonscription des Hauts-de-Seine en 2017. A l’Assemblée nationale, membre de la commission des affaires sociales, il s’investit particulièrement sur les sujets sociaux, de santé et d’éducation, dans une optique permanente d’émancipation et d’inclusion. Il est nommé secrétaire d’État en charge de la Protection de l’Enfance auprès d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. Le 26 juillet 2020, il est nommé secrétaire d’Etat en charge de l’Enfance et des Familles auprès d’Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé.

  • Bâtir un parcours d’accompagnement des parents, qui sera financé dès cette année. Il se déploie dès le quatrième mois de l’enfant, notamment par des visites à domicile post-partum. La dépression post-partum est un vrai sujet de santé publique. Des parcours spécifiques sont prévus pour les parents qui accueillent un enfant en situation de handicap, pour les parents handicapés, pour les enfants prématurés…
  • Permettre aux parents d’être présents : le temps du congé paternité a été doublé, avec une semaine obligatoire, mais il est encore mal vu. Il faut mener une réflexion globale sur les congés parentaux. Les entreprises qui proposent une politique familiale disposent d’un atout certains pour recruter les meilleurs talents.
2. Lutter contre les violences

Il faut s’attaquer urgemment à la question des violences faites aux enfants : 25 000 plaintes parviennent chaque année pour agression sexuelle sur mineur, un chiffre sûrement en dessous de la réalité. 700 000 enfants sont victimes de harcèlement scolaire tous les ans. 6 millions de Français ont été victimes d’inceste. Les violences sont perpétrées dans le cercle intrafamilial.

Il faut aussi savoir que la prostitution infantile explose en France, même dans des écoles huppées. L’acte sexuel est banalisé et dégradé par la pornographie trop facilement accessible.

Les entreprises privées sont réticentes à s’investir sur ces sujets, qui mettent à mal un fondement de notre société : la famille. Mais je crois au rôle de transformation exercé par le secteur privé. Un de mes enjeux est de faire de ce sujet un enjeu : c’est le plus difficile. Il faut que tout le monde s’en empare.

Une commission indépendante sur les violences sexuelles faites aux enfants, pour lever le tabou de l’inceste, sera opérationnelle prochainement.

Le 20 novembre dernier, à l’occasion des 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant ont été annoncées les 22 mesures du plan de lutte contre les violences faites aux enfants, dont :

  • renforcer la prévention des violences sexuelles à l’école,
  • expérimenter une ligne d’écoute pour les potentiels auteurs de violences identifiés,
  • durcir les peines contre la pédophilie…

3. L’Aide Sociale à l’Enfance

C’est une compétence départementale mais qui demande une coordination nationale pour être plus efficace. Une décentralisation excessive a nui à cette coordination entre les responsables des institutions. La création du Secrétariat d’Etat en charge de l’Enfance et des Familles prouve que l’Etat s’y investit à nouveau.

340 000 enfants bénéficient de l‘Aide Sociale à l’Enfance. La moitié des ces enfants reste dans sa famille, l’autre moitié est placée dans des foyers ou des familles d’accueil. Ces enfants ont de vraies difficultés dans leur scolarité : seulement 5 % d’entre eux suivent des études supérieures. Nous essayons d’améliorer cet état de fait. Nous avons notamment lancé un appel à projets pour mettre en place du soutien scolaire destiné aux enfants de l’ASE.

Le soutien des fondations familiales à des associations comme Les Apprentis d’Auteuil, La Voix De l’Enfant, L’Enfant Bleu ou à de plus petites structures spécialisées est essentiel pour faire avancer tous ces sujets.

Education et fracture territoriale, quelles solutions ?

A l’initiative du Cercle Weber, une quarantaine de membres et invités se sont retrouvés chez Gide Loyrette Nouel pour échanger sur le thème « Education et fracture territoriale, quelles solutions ? ».

Pierre Vermeren, normalien, agrégé d’histoire, professeur des Universités à Paris 1 Panthéon-Sorbonne a introduit cette rencontre. Avec son regard d’historien, il ausculte l’échec des politiques publiques et économiques depuis la fin des années 70.

Dans son dernier livre « La France qui déclasse », il analyse le mouvement des « gilets jaune » comme étant la conséquence de l’abandon assumé des activités de production depuis quarante ans en France. Cette désindustrialisation destructrice d’emplois entraine irrémédiablement la paupérisation de la majorité du territoire et des classes moyennes qui y vivent. Une faillite entrainant le désenchantement des classes populaires et les populismes qui l’accompagnent.

Pierre Vermeren affirme que l’un des piliers de la crise morale et sociale dans laquelle se trouve les classes populaires et moyennes tient à la crise de l’école. « L’école de la République, conçue par Jules Ferry pour que l’instruction soit soumise à l’examen critique de la connaissance et à l’autorité de la science, s’est départie de son rôle, devenant une instance éducative parmi d’autres ».

Salomé Berlioux, fondatrice de l’association Chemins d’avenirs, soutenue par le Cercle Weber (groupe de 8 fondations membres d’Un Esprit de Famille ) a présenté son association dont l’objectif est de révéler le potentiel des jeunes de la France périphérique

« Nous avons fondé Chemins d’avenirs pour qu’un dispositif agisse en faveur des collégiens, lycéens et étudiants des zones rurales et des petites villes de France. Parce que nous pensons que chacun d’eux a du potentiel, le potentiel de reprendre l’exploitation agricole de ses parents ou celui d’enseigner, le potentiel de créer son entreprise ou de devenir journaliste, ou un potentiel qui ne se traduit encore par aucune vocation mais qui ne demande qu’à émerger »

S. Berlioux – Chemins d’Avenir

Repenser l’école en France : quelle place pour les fonds et fondations
dans l’école de demain ?

Plus de 100 000 décrocheurs scolaires par an, de mauvais résultats dans les tests comparatifs internationaux alors que le système scolaire français est l’un des plus coûteux au monde… Ces constats ont incité de nombreux fonds de dotation et fondations privés à agir en finançant des associations qui pallient les manquements de l’école ou des écoles innovantes hors contrat. Les membres d’Un Esprit de Famille se sont réunis le 15 février pour un bilan de leurs actions et réfléchir à en accroître l’impact. Bénédicte Gueugnier, directrice de la fondation Financière de l’Echiquier, animait le débat.

 

Les manquements de l’école : état des lieux
Par Laurent Dupuis, délégué général de la fondation Potentiels et Talents*
La situation se dégrade :

  • 20 % des élèves ont des lacunes importantes en sortant de l’école primaire,
  • plus de 100 000 décrocheurs par an,
  • 60 % des étudiants inscrits dans les universités n’arrivent pas au terme des trois années de licence,
  • le recrutement des professeurs est en difficulté et ils vivent beaucoup de souffrances sur le terrain.

Les « manquements » sont des conséquences de la logique industrielle de massification qui préside depuis plusieurs décennies au pilotage de l’Éducation nationale. La massification des effectifs est intervenue sans anticiper la gestion de la diversité sociale et culturelle qui l’accompagne.

S’attaquer aux causes structurelles des failles de l’éducation permettrait d’engager la « transition éducative ». Quels sont ses fondements ?

  • Adapter le système à l’élève et non le contraire, dans le respect des différences et non l’indifférence.
  • Chaque école est singulière sur son terroir ; elle est le fruit d’un équilibre instable entre les parties prenantes.
  • L’équité au lieu d’une égalité dogmatique : « L’égalité se réalise par la liberté… la véritable égalité surgira de la reconnaissance de la diversité des intelligences. » Jean-Michel Blanquer, Le Point du 8/10/15. L’équité, c’est donner à chacun ce dont il a besoin pour se hisser à la hauteur de ses potentiels.

Le défi est de faire évoluer l’école classique, c’est un enjeu de conduite du changement : d’une école de la réussite « pour tous » à une éducation favorisant l’accomplissement de chacun.

* La fondation Potentiels & Talents, abritée par la Fondation pour l’Ecole, œuvre pour l’épanouissement et le développement durable des potentiels de chacun, y compris des profils « atypiques », en situation de handicap et/ou de « haut potentiel ».

Des solutions en lien avec l’Education Nationale, soutenues par les membres d’Un Esprit de Famille 
Prévenir l'illettrisme : la fondation Scaler et l’association Coup de Pouce
Coup de Pouce vise à favoriser la réussite scolaire pour tous en luttant contre l’illettrisme. Coup de Pouce a accompagné 11 000 enfants dans 1300 écoles en 2015-16. Bénéficiaires : grande maternelle – CP – CE1

Bénédicte Boissonnas, fondation Scaler : « Nous soutenons Coup de Pouce car le monde change très vite et demain, il n‘y aura plus de métiers sans formation. Il faut apprendre à apprendre dès le primaire, c’est important. »

La force des liens de proximité : le fonds Un Pied devant l’Autre et l’association ADOS
ADOS (Association pour le Dialogue et l’Orientation Scolaire, Paris 75018) propose aux jeunes un accompagnement dans leur scolarité, ainsi qu’un cadre et des activités destinés à développer leur autonomie et susciter leur responsabilisation. Bénéficiaires : jeunes du quartier de la Goutte d’Or du CP au post bac.

Nathalie Goyet, fonds de dotation Un Pied devant l’Autre : « Créé par les habitants du quartier eux-mêmes, ADOS établit des liens entre les établissements scolaires et des familles qui ne se sentent pas légitimes pour accompagner leurs enfants, ne connaissant pas les codes scolaires. Nous soutenons des associations de proximité comme ADOS qui sont un facteur de paix et d’intégration sociale, elles font un travail formidable pour la réussite de jeunes. »

Responsabiliser les jeunes : APPOS et l’association Arpej 14
Arpej 14 (Paris) accompagne des jeunes dans leur scolarité et la mise en œuvre de leur projet professionnel ; l’association soutient les parents dans leur rôle d’éducateur et dans leur relation avec l’école. Bénéficiaires : du CE1 au Post Bac.

Benoît Mialaret, APPOS : « Arpej 14 accompagne une centaine de jeunes par an parmi les familles défavorisées du 14è arrondissement de Paris. L’association établit un contrat tripartite entre chaque jeune, ses parents et son accompagnateur bénévole d’Arpej. Les jeunes sont ainsi responsabilisés. Soutenir ce type d’association est dans les gènes de l’APPOS, qui s’occupe de handicap social. »

Se connaître soi-même pour s'orienter : Acteur de mon avenir propose aux jeunes des coachs professionnels
Jacques Vincent, fondateur d’Acteur de mon avenir : « 800 000 jeunes passent en troisième chaque année, dont 250 000 en professionnel. Pour bien s’orienter, il faut se connaître soi-même, connaître les métiers et les cursus. Nos coachs professionnels agissent sur le développement personnel, l’acquisition de la confiance en soi. Ils soutiennent chaque année 250 jeunes. »
Des jeunes oubliés des politiques publiques : La fondation Brageac et l'association Chemins d’avenirs
Isabelle Bouzoud, présidente de la fondation Brageac : « Chemins d’avenirs aide les jeunes de ″la France périphérique″ : des petites villes et campagnes souvent hors du champ des politiques publiques ; les habitants ont des difficultés de mobilité, d’accès à la culture et un sentiment d’abandon, d’où un risque pour la démocratie. Les jeunes de ces régions intériorisent une incapacité. Les collégiens et lycéens soutenus par Chemins d’avenirs sont sélectionnés sur leur motivation ; un parrain accompagne chacun pour définir son projet puis le suit pendant 18 mois. Un comité scientifique évalue le programme, dont l’ambition est de couvrir tout le territoire. »
Les écoles innovantes en France : état des lieux 
Par Laurent Dupuis, Délégué général de la fondation Potentiels et Talents
L’innovation existe partout dans l’enseignement :

Quelles innovations rassemblent les acteurs de la « transition éducative » ?

  • Des classes multiages et multiniveaux, des pédagogies et parcours personnalisés.
  • L’accent mis sur les « soft skills » : collaboration, entraide dans les activités scolaires et autres…
  • L’interdisciplinarité, le mode projet, le sens et les représentations des enfants au cœur des apprentissages (cartes heuristiques…)
    • Créativité,
    • expression artistique,
    • multilinguisme.
  • L’implication continue des parents.
  • L’équipe « d’enseignants chercheurs » au service d’une organisation apprenante.
  • L’apport d’un regard extérieur
    • par des réseaux de partenaires aidants,
    • par l’ouverture des écoles aux chercheurs.

La « transition éducative » est en marche. Les entreprises, les collectivités territoriales, les fonds et fondations peuvent jouer un rôle clé dans l’amorçage et le déploiement, tant au niveau des écoles prises isolément que des organisations les fédérant, à l’image de la FETE.

Des écoles innovantes soutenues par les membres d’Un Esprit de Famille 
0 % d’absentéisme en classe : le fonds La Valinière et le Cours Frédéric Ozanam à Marseille
Le Cours Frédéric Ozanam (Marseille), école « Espérance Banlieues » à petits effectifs par classe, s’adresse à des élèves en risque de décrochage scolaire dont les parents sont désireux de s’investir dans la réussite de leurs enfants. Bénéficiaires : du CP à la 3ème. 

Manuela d’Halloy, fonds de dotation La Valinière : « 30 % des élèves du Cours Frédéric Ozanam ont des retards scolaires très significatifs, 20 % ont des difficultés de comportement. Une classe compte 5 à 10 élèves, avec une pédagogie sur mesure pour chacun. L’apprentissage est permanent, soutenu par des intervenants externes et des activités périscolaires, en lien avec les parents. On note 0 % d’absentéisme chez les élèves, qui progressent considérablement. »

Des jeunes à haut potentiel en échec scolaire : le fonds Après Demain et l’association Arborescences
Arborescences est un réseau d’écoles qui se donne pour mission d’épanouir des enfants à haut potentiel, grâce à une pédagogie qui prend en compte leur particularité. Bénéficiaires : enfants de 5 à 12 ans.

Alexia Maury-Segard, déléguée générale du fonds Après Demain : « Les 2/3 des 15 000 enfants à haut potentiel, souvent associé à l’hyperactivité, sont en échec scolaire. Arborescences intervient en primaire, ensuite les enfants réintègrent le système conventionnel. Arborescences gère 3 écoles pilotes avec une pédagogie innovante, qui mise sur la coconstruction des savoirs avec les adultes. Le fonds Après Demain soutient les personnes en situation de solitude : les enfants à haut potentiel et leurs parents sont très isolés. »

Recherche et expérimentation pédagogique : la fondation Potentiels et Talents et la Lab School
La Lab School (Paris) est une école « adaptée au XXIè siècle », innovante, bilingue, solidaire, laïque, numérique et éco-responsable, qui vise la créativité et le plaisir d’apprendre des enfants. Bénéficiaires : du CE2 au CM2.

Brigitte de Compreignac, présidente de la fondation Potentiels & Talents : « La Lab School est construite sur 5 principes clés : le bien-être de tous (élèves, enseignants et parents) ; une pédagogie qui favorise la créativité, le sens et le désir d’apprendre ; la recherche : la pédagogie est sans cesse en questionnement ; la formation pour les enseignants let les parents ; l’ouverture sur le monde. »

Des clés pour repenser l’école en France 
  1. Faire vivre des réseaux d’écoles pour partager les expériences et diffuser les apprentissages.
  2. Dépasser les lignes de fracture et d’opposition entre écoles publiques, privées sous contrat et hors contrat : rassembler les forces vives qui montrent le chemin de l’innovation en favorisant la coopération des réseaux.
  3. Plusieurs niveaux d’action sont nécessaires pour faire bouger les lignes :
  •        les actions palliatives, pour agir là où il y a urgence, notamment dans les collèges et les lycées ;
  •        l’expérimentation, pour tester l’efficacité des innovations,
  •        l’évaluation pour influer sur les politiques publiques, faire évoluer les consciences et les fonctionnements.
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