Philanthropes en action #6 : L’éducation des jeunes à la citoyenneté

 Philanthropes en action #6

L’éducation des jeunes à la citoyenneté : un enjeu essentiel

avec Bénédicte et Lucie Gueugnier, présidente et déléguée générale de la fondation Alter&Care

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Dans une société individualiste, consumériste et ultra connectée aux réseaux sociaux, dans laquelle les valeurs collectives ne font plus recette auprès des jeunes, il nous semble essentiel de les éduquer à la citoyenneté afin de les préparer à être des acteurs responsables et engagés.
Dans quelles perspectives ? Renforcer la cohésion sociale et respecter les valeurs démocratiques.

Entretien « mère-fille » avec Bénédicte et Lucie Gueugnier, présidente et déléguée générale de la fondation Alter&Care

 

Qu’est-ce qui vous amenées l’une et l’autre à vous engager dans la philanthropie ?

    Bénédicte : A l’origine, il y a une conviction personnelle qui repose sur la responsabilité qu’ont les nantis vis-à-vis des plus démunis et que les anglo-saxons résument parfaitement par la notion de « give back » : rendre à la société ce dont vous avez bénéficié naturellement grâce à votre contexte familial, social, culturel ou économique. L’égalité des chances, ou plutôt l’inégalité des chances, a donc été un moteur important de mon engagement philanthropique.

    Restait à trouver un terrain d’application. Dans le cadre de La Financière de l’Echiquier, l’entreprise familiale cofondée par mon mari et mon frère, j’ai eu l’opportunité de créer de toutes pièces la Fondation du même nom, et l’ai dirigée avec enthousiasme pendant 15 ans.

    Cette fondation a été le creuset pour créer notre fondation familiale : Alter&Care. Avec mon mari, nous souhaitions disposer d’un outil qui ne concernerait que notre famille, avec des ressorts différents de ceux de la fondation d’entreprise. Dans l’héritage qui sera transmis à nos enfants, il nous paraissait essentiel qu’il y ait cette brique de responsabilités. À partir du moment où on a les moyens de sa générosité, il faut agir.

    Lucie : J’ai toujours baigné dans cet univers de philanthropie. Nous sommes trois enfants. La fondation d’entreprise, puis la fondation familiale Alter&Care, étaient en quelque sorte le quatrième et le cinquième enfant. Il n’y avait aucune pression de la part de mes parents, mais nous savions que le jour où nous le souhaiterions, nous pourrions nous impliquer davantage. À un moment, la question s’est posée pour moi de changer d’emploi. Il y avait du travail pour deux à la fondation et j’ai pensé que c’était l’opportunité de donner encore plus de sens à mon quotidien. Cette fondation est vraiment un outil formidable, y compris pour la cohésion de la famille.

    Pourquoi avoir choisi de vous engager sur les sujets d’éducation et de citoyenneté ? 

    L’accès à l’éducation pour tous nous a toujours semblé important pour favoriser l’égalité des chances et offrir à tous la possibilité de se construire un avenir meilleur. L’éducation est l’antichambre de la vie professionnelle et au-delà de l’acquisition de connaissances académiques, elle permet de développer des compétences sociales essentielles pour réussir dans la vie.

    De plus, l’éducation permet de promouvoir la citoyenneté et les valeurs démocratiques en développant des valeurs telles que le respect de l’autre, la solidarité et aussi l’esprit critique fondamental dans une société où il est difficile de démêler le vrai du faux.

    C’est aussi une des raisons pour laquelle nous avons créé le Cercle Citoyenneté avec d’autres fonds et fondations – notamment Demeter, Hippocrène, Kaléidoscope, Jericho, La Ferthé, Vauban – au sein d’Un Esprit de Famille.

    Sa mission : agir, dans le cadre de notre devise républicaine, Liberté, Egalité, Fraternité, pour une société plus inclusive et fraternelle en allant à la rencontre d’initiatives qui promeuvent le vivre-ensemble en paix et qui favorisent la diversité, la déconstruction de préjugés et la lutte contre toutes formes de discriminations et racismes.


    Photo : ©THEO_GIACOMETTI

    Vous travaillez toutes les deux main dans la main. Quelles sont les clés du succès de votre binôme ?

      Même si nous partageons tout au quotidien, chacune œuvre en première ligne dans un périmètre différent : Lucie s’occupe de tous les aspects de la fondation familiale et également de l’association de parrainage TRIO créée au sein de la fondation en 2021 ; Bénédicte est plus impliquée dans des organisations extérieures : Un Esprit de Famille, la Fondation Pierre Bellon, Changer par le Don, Le Rocher etc.

      Le succès tient avant tout au fait d’aimer travailler ensemble !

      Vous fêtez les 10 ans de la fondation cette année. Quels principaux enseignements tirez-vous de cette décennie d’actions ?

        Les associations sont indispensables à la cohésion sociale de notre pays : pour preuve, le formidable travail réalisé dans le cadre de l’Aide Sociale à l’Enfance, dans l’accueil des migrants ou dans l’éducation des jeunes, notamment ceux au bord du chemin de l’école.

        Au cours de ces 10 années, nous avons rencontré des personnalités exceptionnelles qui ont changé le cours de la vie de centaines de bénéficiaires avec détermination, altruisme et un grand professionnalisme. Et nous avons vu émerger une génération d’entrepreneurs sociaux issus des meilleures écoles françaises, renonçant à une vie professionnelle bien rémunérée pour se consacrer aux autres.


        Photo ©THEO_GIACOMETTI

        Quels sont vos 3 projets coups de coeur ?

        En matière de citoyenneté, les trois derniers projets que nous avons récemment soutenus avec enthousiasme sont :

        • Dessinez Créez Liberté, une association d’éducation aux médias et aux dessins de presse
        • Parlons Démocratie, qui propose des interventions en classe sur la connaissance des institutions démocratiques
        • Parcours Be Free, en cours de lancement, qui créé des parcours clés en main pour aider les jeunes à retrouver un usage libre et éclairé des outils numériques.


        Photo de l’association Dessinez Créez Liberté

        Vous êtes membres du Cercle Weber Education. Quels sont les objectifs de ce Cercle ?

          L’action collective entre plusieurs fondations est au centre de l’attractivité d’Un Esprit de Famille et se décline au travers des cercles de travail thématiques dont le cercle Weber.

          Ce dernier a été créé à l’initiative de 5 fondations, il en compte désormais une vingtaine. Sa vocation est de co-financer une association retenue au terme d’un processus de sélection afin de donner à cette dernière des moyens financiers et humains qu’une seule fondation ne pourrait pas apporter.

          La dernière association soutenue est Trouve Ta Voix qui aide les jeunes à révéler leur potentiel, à prendre place dans la société et à préparer leur insertion professionnelle en partageant avec eux les clés de la prise de parole.

          Pour conclure, quel enjeu vous guide ?

            Notre enjeu est de développer notre soutien aux associations qui agissent dans le domaine de la citoyenneté, car elles ont plus de mal à attirer des mécènes, le sujet étant vaste et donc plus difficile à appréhender.

            La perspective d’agir ensemble avec d’autres fondations nous semble importante. Pour cela nous bénéficions de notre appartenance à Un Esprit de Famille et à la Fondation Caritas, qui nous abrite, ces dernières favorisant largement ces initiatives communes.

            Philanthropes en action #5 : Aider les jeunes issus de l’Aide Sociale à l’Enfance à s’émanciper

             Philanthropes en action #5

            Aider les jeunes issus de l’Aide Sociale à l’Enfance à s’émanciper

            avec Aurélie Defrance, présidente de la fondation 16h24

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            L’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) est un service placé sous l’autorité les départements. Elle a pour mission d’apporter un soutien matériel, éducatif et psychologique aux mineurs en situation de danger.

            En France, environ 370 000 jeunes sont ainsi confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance. Parmi eux, 170 000 se retrouvent placés en maisons à caractère social, foyers ou familles d’accueil. Séparés de leur famille, souvent ballotés dans plusieurs lieux de placement, ces enfants débutent leur existence avec beaucoup de difficultés. Entre 18 et 21 ans, une majorité ne bénéficie plus de la protection des institutions. Sans argent, sans logement, sans réseau, souvent sans projet clair, un certain nombre tombe ainsi dans la précarité et s’expose à de nombreux risques.

            Créée en 2021, la fondation 16H24 sous l’égide de la Fondation Caritas est née de la volonté de se mobiliser pour ces jeunes, afin qu’ils aient l’opportunité de se construire un destin plus serein.

            Entretien avec Aurélie Defrance, présidente fondatrice de 16h24.

             

            Qu’est-ce qui vous amenée à vous engager dans la philanthropie ?

              Mes parents m’ont sensibilisée dès l’enfance au fait de donner de manière désintéressée. Pendant mon parcours professionnel, j’ai initié une action de mécénat d’entreprise qui m’a apporté une première expérience d’aide à des associations de terrain. L’association soutenue permettait à des femmes SDF d’Ile de France d’accéder à des soins gynécologiques.

              La vente de l’entreprise familiale dont j’étais actionnaire m’a permis d’aller plus loin en créant un projet philanthropique porté par une fondation.

              Pourquoi avoir choisi l’Aide Sociale à l’Enfance comme axe de votre fondation ? 

              Un foyer de l’Aide Sociale à l’Enfance était rattaché à l’école où mes enfants étaient scolarisés.

              J’ai été touchée par ces enfants qui arrivaient en groupe à l’école avec des éducateurs affectueux mais ne pouvant apporter le même niveau d’attention et de disponibilité que les parents présents. Au fil du temps, j’ai pu constater que nombre d’entre eux avaient une scolarité compliquée du fait de leur situation.

              J’ai alors été plus attentive aux prises de parole et articles à leur sujet.
              Une statistique en particulier a été beaucoup relayée en 2020 :

              25% des personnes SDF en France ont été prises en charge par l’ASE enfants, 36% si l’on considère la seule tranche des moins de 30 ans.

              Je suis sensible à la question de l’injustice du « 1er jour », celle qui ne donne pas les mêmes conditions de départ dans la vie. Ces enfants démarrent leur existence avec plus de difficultés et leur situation est moins connue, moins soutenue.

              C’est pour cette raison que j’ai décidé de les soutenir.

               

              Que signifie le nom 16h24 ?

              Les enfants confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance sont pris en charge par les Départements jusqu’à leurs 18 ans. S’ils ont un projet d’études ou un projet professionnel précis, ils peuvent bénéficier d’un Contrat Jeune Majeur renouvelable sous conditions jusqu’à leurs 21 ans.

              La majorité se retrouve néanmoins forcée de prendre son autonomie à 18/19 ans alors qu’en moyenne les jeunes français quittent le foyer parental à 24 ans. Sans famille ou réseau sur qui compter, sans diplôme pour 70% d’entre eux, sans ressources, ils tombent plus facilement dans la précarité, les addictions, la radicalisation, la prostitution ou la délinquance.

              Le passage à la majorité fait donc office de couperet, auquel les éducateurs et éducatrices les sensibilisent tôt, en les incitant à suivre des formations courtes et en leur apprenant à être autonome pour les tâches du quotidien.

              Dès 16 ans la question de l’émancipation est source d’angoisse pour ces jeunes.

              J’ai donc choisi de consacrer mon aide à la tranche d’âge 16-24 ans, période critique du passage à l’âge adulte. 16H24 évoque ce moment clé et l’urgence d’agir pour eux.

              Pourquoi avez-vous décidé de financer des actions de plaidoyer ?

                Comme le dit très justement Lyes Louffok (ancien enfant placé et « activiste » pour cette cause), « les enfants placés sont invisibles, ils n’ont pas de parents, pas de lobby, pas d’avocat, personne pour porter leur voix ». Ils sont également trop peu nombreux à voter pour intéresser les politiques.

                Soutenir le lobbying d’anciens enfants placés (via Repairs ou via Les oubliés de la République) c’est :

                • Permettre une prise de parole libre et forte alors que les plaidoyers dans ce domaine sont majoritairement portés par des structures dépendantes des fonds publics ;
                • Reconnaitre et prendre en compte leurs avis d’experts pour faire évoluer l’Aide Sociale à l’Enfance ;
                • Leur donner l’opportunité de se retrouver dans un collectif où chacun se comprend et se met en action.

                 

                Sensibiliser l’opinion et les pouvoirs publics sur la situation des jeunes confiés à l’ASE peut pousser nos élus et les acteurs du secteur à agir plus rapidement pour mieux accompagner ces enfants.

                16h24 a également une mission d’acompagnement. Que faites-vous précisément ?

                Avec l’octroi de bourses, 16h24 apporte des aides concrètes et immédiates à des jeunes connaissant ou ayant connu le placement. Ces bourses couvrent des besoins qui ne sont pas pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance et les aides publiques.

                Leur couverture est vaste : aide financière pour l’octroi du permis, d’ordinateur ou de matériel professionnel, de frais de scolarité, de soutien scolaire… 

                Notre objectif est de débloquer des situations qui rendent plus difficile le parcours souhaité ou plus largement l’émancipation du jeune.

                En quoi l’appartenance à Un Esprit de Famille vous a-t-elle permis de renforcer vos actions ?

                  En rejoignant Un Esprit de Famille, j’ai pu rencontrer d’autres fondations souhaitant aider les jeunes de l’Aide Sociale à l’Enfance. Grâce à elles, j’ai enrichi mes réflexions, identifié de nouveaux projets à financer et recueilli des avis sur des associations. Cela m’a également donné l’opportunité de co-financer avec 2 autres fondations un programme de bourses.

                  Un Esprit de Famille m’apporte ce qu’il me manquait : un partage d’expériences et la possibilité de m’associer sur des projets de financement.

                  Philanthropes en action #4 : Redonner dignité et confiance par l’insertion.

                   Les philanthropes en action #4

                  Redonner dignité et confiance par l’insertion

                  avec Mariane Gay-Wibaux, présidente exécutive de la Fondation Cassiopée

                  Mariane Gay-Wibaux est membre fondateur de la Fondation Cassiopée (FRUP) depuis sa création en 2011. Soucieuse de préserver l’héritage familial, elle est convaincue de la nécessité d’agir pour la dignité humaine. Après plus de 20 ans dans le marketing digital, elle choisit en mai 2023 de s’investir dans la présidence de la fondation familiale.
                  Elle est particulièrement animée par la mise en place de synergies entre fondations et associations afin de faire rayonner leurs actions et de soutenir la mise en place de programmes novateurs en faveur de l’insertion.

                  Quelles sont les raisons de votre engagement philanthropique familial ?

                  Notre engagement philanthropique est né de la confrontation directe à l’extrême pauvreté lors de voyages à l’étranger et de missions humanitaires menées par les membres fondateurs. Nous avons été profondément marqués par le fait que cette pauvreté entraînait aussi un isolement social profond, affectant la dignité même des personnes.

                  Notre famille, historiquement engagée dans l’entrepreneuriat et dans le monde associatif, a conduit mes parents, Étienne et Sylvie, à créer une fondation visant à soutenir l’entrepreneuriat solidaire et à permettre plus de générosité et de lien social. Les mots « travail » et « talent » ont toujours été au cœur de nos valeurs familiales. La dignité, selon nous, s’exprime par les actions, la prise de conscience de sa valeur et de ses talents mis en œuvre à travers un emploi, la prise de responsabilité, et l’insertion dans une communauté.

                  Les étoiles font aussi partie de notre histoire et la tradition de les observer ensemble : le nom de Cassiopée nous est donc venu très vite. Tiré de la constellation en forme de W, ce nom symbolise pour nous la force des actions collectives et leur capacité à fixer des caps.

                  En tant que membre de la deuxième génération de fondateurs, j’ai la conviction qu’échanger, mailler et tisser des liens de proximité et de confiance est un moyen indispensable pour appuyer nos actions et avoir plus d’impact. Je suis aussi animée par la volonté d’impliquer nos enfants dans des projets concrets, proches de leurs réalités et de leurs valeurs car je pense que c’est un excellent moyen de leur donner le goût du don et du service.

                  J’aime d’ailleurs énormément le mot « don » car il exprime à la fois le fait de donner et induit aussi un talent que nous avons, avec cette question associée :

                  Comment mettre nos talents au service du don ?

                  Quels sont les mots clés qui représentent le mieux vos actions ? 

                  #Dignité 

                  Toute personne est unique. Elle doit être reconnue dans toute sa dignité et respectée dans son humanité, quelle que soit sa situation personnelle ou professionnelle, son groupe d’appartenance ou sa culture

                  #Responsabilité 

                  Nous cherchons à rendre les bénéficiaires de nos actions responsables de leur avenir. Ce passage à la prise de responsabilité est important pour l’accès à l’autonomie et pour une insertion durable.

                  #Autonomie 

                  Nous souhaitons permettre à chaque individu de devenir acteur de son propre développement et de son projet de vie.

                  #Innovation 

                  L’innovation n’est pas une fin en soi, mais elle permet aux associations d’expérimenter et valider de nouvelles approches. La fondation Cassiopée s’attache à soutenir des projets lors du démarrage.

                  #Durée 

                  Notre soutien s’inscrit dans la durée. Nous croyons qu’un changement humain et sociétal réel et durable nécessite un engagement à long terme de toutes les parties prenantes.

                  #Subsidiarité 

                  Laisser les personnes qui sont sur place et les plus expertes agir favorise le développement local, en donnant aux acteurs sur le terrain les moyens de prendre en main la pérennité de leurs actions.

                  #Communauté 

                  C’est le mot transverse de l’ensemble de nos projets, pour que chaque individu ne soit pas isolé, se sente inséré à une communauté et plus largement à une société.

                  #Essaimage 

                  Nous soutenons la duplication de modèles de projets réussis dans d’autres lieux ou contextes. Cette démarche permet de multiplier l’impact des initiatives qui ont fait leurs preuves, tout en s’adaptant aux spécificités locales.

                   

                  Vos projets coups de cœur

                  Nous avons commencé avec l’association Inter Aide à Madagasar et en Éthiopie autour de la thématique de l’accès à la dignité avec des actions de micro-crédit, puis d’appui aux familles. Nous avons été marqués par la dynamique incroyable des projets développant la confiance en soi et l’autonomie des populations. Ces premiers projets menés nous ont aussi permis de constater que la thématique de l’insertion nous permettait de réunir un certain nombre de mots clés qui fédèrent notre famille.

                  En France

                  Nous soutenons maintenant depuis 8 ans la Bouquinerie du Sart située à Villeneuve d’Ascq près de Lille. La bouquinerie est un atelier chantier d’insertion qui propose un service de récupération de livres, cd, vêtements puis de revente. Ce service permet ensuite de proposer un emploi (en logistique, collecte ou préparation de commandes) aux personnes sans logement, puis de les accompagner vers une solution de logement autonome.

                  Nous avons financé un certain nombre d’étapes :
                  – premières box de récupération de livres, participation à l’ouverture d’une nouvelle bouquinerie à Roncq,
                  – création d’une boutique à Amiens et, plus récemment, d’un nouvel espace à Cormontaigne, à Lille.
                  L’essaimage n’a pas fonctionné sur le deuxième lieu mais cette expérience leur a permis de mieux comprendre leur modèle et les écueils à éviter pour transformer l’essai par la suite.
                  La Bouquinerie incarne parfaitement les valeurs de la philanthropie familiale que nous promouvons : autonomie, agilité, innovation, responsabilité, durée et essaimage

                  A l’étranger

                  De la même manière, nous soutenons depuis plus de 10 ans l’association Essor, qui développe des programmes d’éducation et d’insertion au Brésil et au Mozambique notamment.

                  Essor a conçu un programme de formation humaine et technique en collaboration avec des associations locales partenaires. Ce programme permet d’identifier des filières porteuses, d’orienter les jeunes, de les former, puis de les accompagner vers l’emploi ou l’entrepreneuriat.

                  La Fondation Cassiopée a soutenu Essor notamment lors des phases de création, d’ajustement et de mise en place de ces formations. Aujourd’hui, ces programmes ont prouvé leur efficacité, et sont maintenant directement intégrés dans certaines écoles publiques au Brésil créant ainsi des passerelles entre l’éducation formelle et non formelle.

                  Essor correspond parfaitement aux valeurs de notre fondation, notamment en matière d’innovation, de responsabilité, d’autonomie, de communauté et de subsidiarité.

                   

                  Pourquoi avoir choisi la structure d’une FRUP non abritante ?

                  Lorsque nous avons réfléchi à la structure la plus adaptée pour notre fondation, nous avons opté pour la Fondation Reconnue d’Utilité Publique (FRUP) pour plusieurs raisons.

                  Irrévocabilité, autonomie et liberté

                  Tout d’abord, le caractère irrévocable d’une FRUP a été un facteur clé pour les fondateurs.

                  D’autre part, le statut de la la FRUP nous confère une grande autonomie et la liberté dans le choix des projets que nous souhaitons accompagner et soutenir (en accord avec notre objet).

                  Impact et bénévolat

                  Enfin notre capacité à avoir de l’impact non seulement sur la collecte de dons mais également sur la possibilité d’échanger et collaborer directement avec des institutions publiques, comme la préfecture ou les ministères. Cela nous permet de mieux comprendre leurs priorités et parfois d’adapter notre action en fonction des enjeux sociétaux actuels.

                  Nous avons aussi pris la décision du bénévolat pour minimiser les coûts d’administration et de gestion de la fondation. C’est pourquoi nous n’abritons pas d’autres structures, afin que la majorité des dons familiaux ou externes soit reversée aux associations.

                   

                  Pourquoi avez-vous eu envie de créer le Cercle Insertion professionnelle Un Esprit de Famille ?

                  Un Esprit De Famille nous permet aujourd’hui de de disposer d’outils, de rencontrer, et de partager avec nos pairs autour d’un certain nombre de sujets clés et cela de manière très simple et transparente.

                  La majorité des projets que nous soutenons en France sont axés autour de l’insertion ; il m’a semblé essentiel de pouvoir dialoguer autour de cette thématique qui n’était pas encore couverte par un cercle.

                  Le Cercle Insertion Un Esprit de Famille, coanimé par Carole Pecoux de la Fondation Acome, existe depuis maintenant un an.

                  Son objectif : échanger et soutenir des associations françaises dans le domaine de l’insertion et de la réinsertion, via la formation et l’accompagnement des publics défavorisés ou éloignés de l’emploi.

                  Le cercle est composé de fonds de dotation et de fondations de tailles variées, issus de différents horizons. Cette diversité de profils nous permet d’avoir des échanges très riches
                  Ce cercle représente aussi une formidable opportunité de « faire ensemble » avec un objectif de co-financement. En effet, ce dernier constitue un excellent levier pour découvrir de nouvelles associations, s’ouvrir à des problématiques diverses – et parfois complexes – invitant au dialogue et à une décision éclairée.

                   

                  En conclusion, redonner dignité et confiance par l’insertion professionnelle est un enjeu majeur pour favoriser l’inclusion sociale et le développement individuel. L’accès à un emploi stable permet aux personnes en situation de précarité de retrouver un sentiment d’utilité, de renforcer leur autonomie et de regagner confiance en elles-mêmes.
                  Ainsi, il est essentiel que les acteurs publics et privés, dont les philanthropes, continuent de s’engager pour créer des parcours d’insertion adaptés, qui répondent aux besoins spécifiques de chacun et leur permettent de vivre dignement.

                  Philanthropes en action #3 : Un monde plus inclusif grâce à la culture et la lecture.

                  Les philanthropes en action #3

                  Un monde plus inclusif grâce à la culture et la lecture

                  avec Philippe Le Squéren, président du fonds de dotation Kiléma

                  Quelle est l’origine de votre engagement ?

                  Le projet KILEMA est familial. Cécile et moi sommes parents de 4 enfants. Nous avons créé le Fonds de dotation KILEMA en 2022 pour pallier un manque d’offre culturelle adaptée pour notre dernière fille Lucie, aujourd’hui âgée de 19 ans et porteuse d’une trisomie 21.

                  Depuis sa naissance, nous avons été confrontés à de nombreux problèmes d’accès aux droits (école, santé, accessibilité, etc.), mais aussi à la culture, au livre et à la lecture en général. Résultat : elle ne connaît aucun des classiques de la culture populaire, contrairement à ses frères et sœurs (Antoine, Zoé, Gabin).

                  Dès lors, comment envisager une inclusion réelle sans partage culturel ?

                  Cécile est traductrice et linguiste, tandis que je suis ingénieur et chef d’entreprise. En 2022, grâce aux fruits de la cession d’une entreprise créée 10 ans plus tôt, nous avons décidé d’agir pour un monde inclusif par la culture. Le projet s’appellera KILEMA, qui signifie « handicap » en malgache.

                  Dès le départ, le projet a été très ambitieux et a voulu s’inscrire dans une démarche holistique avec tous les acteurs de l’inclusion en France : associations, fondations, pouvoirs publics, collectivités locales, entreprises. Nous voulons prendre notre part et apporter la pièce du puzzle que nous connaissons et pouvons construire, mais nous pensons également que chacun peut faire sa part à la hauteur de ses capacités.

                  Je suis convaincu depuis longtemps que l’on ne peut rien faire seul.
                  C’est pourquoi nous avons créé plusieurs structures distinctes avec la transparence maximale comme étendard :
                  – un Fonds de dotation (KILEMA fonds de dotation),
                  – une maison d’édition commerciale détenue par ce fonds (KILEMA Editions),
                  – et une association (KILEMA Tiers Lieu).

                   

                   

                  Qu’est-ce que KILEMA peut apporter à l’inclusion ?

                  Lors de son discours de politique générale devant l’Assemblée, le 1er octobre dernier, M. Barnier a évoqué le 5e chantier de son gouvernement : la fraternité, notamment pour le handicap. Il a dit : « La fraternité, c’est aussi développer une politique culturelle accessible à tous… ». Chez KILEMA, c’est exactement ce que nous pensons.

                  La culture est essentielle à l’émancipation, à la liberté de pensée et donc à l’inclusion dans une société hiérarchisée et complexe. Le Premier ministre a ajouté : « L’accès à la culture est à la fois un facteur essentiel d’ouverture personnelle, une condition pour faire progresser l’égalité des chances et l’un des ciments de notre lien social. » Tout est dit !

                  Avec KILEMA, nous avons décidé de le faire : d’abord, avec la maison d’édition KILEMA Éditions, nous traduisons et éditons un maximum d’ouvrages de la littérature classique en FALC. À ce jour, nous avons édité   « Les trois Mousquetaires », « L’étranger », « Cyrano de Bergerac », « L’histoire de l’impressionnisme » en partenariat avec le Musée d’Orsay et une vingtaine d’autres titres classiques, jeunesses et contemporains à découvrir sur www.kilema.fr. Il en reste des milliers à faire…

                  Nous avons aussi choisi de porter cette culture auprès des personnes présentant des troubles du neurodéveloppement, comme la trisomie, et de nous rapprocher des publics en implantant, au cœur des cités, des Tiers Lieux culturels et inclusifs. Le cœur de chaque Tiers Lieu est une librairie innovante, un espace de conseil et d’innovation.

                  Le travail est immense, mais avec le conseil d’administration et tous nos partenaires, nous sommes déterminés à réussir. Un livre traduit en FALC nécessite 8 mois de travail et 30 k€ d’investissement. Un Tiers Lieu, c’est 400 k€ d’investissement et 300 k€ de fonctionnement annuel. Comme tout cela est indispensable, nous allons le faire.

                  Le FALC, c’est quoi ?

                  Le FALC (Facile à Lire et à Comprendre) est une méthode de rédaction et d’adaptation des informations pour rendre les textes accessibles aux personnes ayant des difficultés de compréhension. À l’origine, le FALC était surtout utilisé pour simplifier des documents administratifs, juridiques ou de santé, dans une démarche inclusive. Le FALC a été normalisé en 2009 au niveau européen avec la norme ISO 21801-1.

                  Le FALC est aussi un processus qui implique la traduction d’un texte par un professionnel formé, puis une relecture par des personnes en situation de handicap. Cela permet non seulement de rendre la culture accessible, mais aussi d’offrir des emplois à des personnes en situation de handicap intellectuel, dans des tâches intellectuelles qui ne peuvent être remplacées.

                  KILEMA Éditions a ajouté un ensemble de règles spécifiques d’écriture, de traduction et de mise en page à la norme européenne pour pouvoir l’appliquer à la littérature.

                  Qu’est-ce qui est le plus innovant dans votre projet ?

                  Techniquement, l’édition en FALC pour la littérature existait avant KILEMA. Nous n’avons rien inventé. L’équipe éditoriale de KILEMA, composée de 5 professionnelles salariées et de Cécile bénévolement, a simplement adapté ce concept.

                  Cependant, nous avons entamé une démarche de recherche et d’innovation pour automatiser certains processus avec une société d’ingénierie internationale. Même si la France est en retard par rapport à la Suède et à l’Espagne, il nous faut créer un marché qui n’existe pas encore. Les librairies et bibliothèques n’accueillent que très peu nos livres, car elles n’ont pas aujourd’hui le public concerné. Nous devons donc créer ce marché en ciblant les accompagnants, les écoles, les associations et les lieux de vie.

                  Sur le plan organisationnel, nous avons dû innover dans un contexte juridique, réglementaire et fiscal complexe. Nous nous sommes fait accompagner par un cabinet spécialisé en philanthropie (cabinet DELSOL) pour structurer ce projet de collecte, distribution et opération.

                  Nous cherchons également à changer le regard de la société et à la faire évoluer, notamment en portant un plaidoyer innovant. Cela fait partie des missions du Fonds de dotation et de son conseil d’administration.

                  La création de Tiers Lieux hybrides représente également une forme d’innovation. Il nous faut trouver un modèle économique pérenne respectant toutes les contraintes réglementaires. Mon expérience de chef d’entreprise me montre qu’il est difficile de rentabiliser une activité concurrentielle. Nous devons donc trouver un modèle qui crée de la valeur pour l’ensemble de la société, au-delà du simple aspect comptable.

                  Cela nécessite la participation de tous les acteurs privés, publics et sociaux. C’est aussi ça l’innovation. Elle se trouve partout, y compris dans le Tiers Lieu parisien (Porte de Clichy, Paris 17), où nous souhaitons faire collaborer différents acteurs autour de l’innovation en communication, par exemple.

                  Selon vous, quelle place peut prendre la philanthropie familiale dans la société ?

                  Notre société française repose sur trois valeurs fondamentales : liberté, égalité, fraternité. La philanthropie familiale est étroitement liée à la fraternité. Elle doit être visible sur ce sujet, car elle peut permettre à des projets formidables d’éclore dans les territoires à travers toute la France.

                  Pour être acceptée et écoutée, elle doit, selon moi, respecter certains principes : la laïcité, l’apolitisme, la transparence, et ne pas se substituer aux fonctions de l’État.

                  Les fondations et Fonds de dotation familiaux donnent du sens à leurs réussites grâce à des actions philanthropiques, et la société a tout à gagner en favorisant leur action.
                  Pour que cela fonctionne mieux en France, il faut renforcer la confiance entre tous les acteurs. Je rêve d’un cadre réglementaire qui permettrait de créer des structures comme KILEMA sans multiplier par trois les risques juridiques, financiers et sociaux, comme c’est le cas actuellement avec la création de trois structures à but philanthropique. Sans compter que cela triple aussi les coûts.

                  Le regroupement des structures philanthropiques familiales, comme au sein d’Un Esprit de Famille, devrait permettre de multiplier les actions, plutôt que de les additionner.

                  Qu’est-ce que vous apporte le Cercle Handicap d’Un Esprit de Famille ?

                  Il y a un peu plus d’un an, j’ai été convaincu de rejoindre Un Esprit de Famille pour les échanges et les rencontres. C’est ce que j’y ai trouvé, mais bien plus encore. J’ai ressenti une volonté sincère d’agir, avec une grande liberté de parole dans un contexte très convivial, et c’est important.

                  Chaque fondation ou fonds de dotation a son histoire et ses compétences, voire une expertise unique. Les discussions sont toujours très enrichissantes, avec une volonté évidente de faire avancer une cause rapidement.

                  Le thème de l’inclusion et du handicap est très vaste et touche finalement tous les aspects de la vie en société. Je suis convaincu que la philanthropie familiale est encore en construction en France. Il faut avancer avec conviction et transparence, mais il faut avancer. Les projets ont besoin de cette philanthropie à toutes les étapes de leur vie : émergence, déploiement, essaimage, exploitation. Il n’y a pas de phase où la philanthropie familiale ne peut pas s’enrichir et soutenir les projets.

                  Philanthropes en action #2 : La solidarité internationale a plus que jamais besoin de la philanthropie

                  Les philanthropes en action #2

                  La solidarité internationale a plus que jamais besoin de la philanthropie

                  avec Christian Raymond, président du fonds de dotation Partenaires Solidaires

                  Le fonds de dotation PARTENAIRES SOLIDAIRES, membre Un Esprit de Famille, a été créé par Christian RAYMOND en 2011. Il participe au financement de projets initiés par des associations de solidarité internationale, notamment ceux de l’Association PARTENAIRES, Artisans de l’Humanitaire également fondée par Christian RAYMOND, en 1990, qui agit au Bangladesh, au Malawi, en Tanzanie, en Equateur et en Haïti.

                   

                  Quel est a été le déclencheur de votre aventure philanthropique et pourquoi avoir choisi d’agir à l’international ?  

                  A l’âge de 17 ans, découvrir la création d’un Service National en Coopération à l’étranger m’a soudain montré qu’il n’était pas irréaliste de vouloir aider des communautés lointaines. 

                  J’ai alors choisi de m’engager dans la solidarité internationale motivé par un désir de justice et la volonté altruiste d’aider des populations beaucoup moins favorisées que la nôtre. Dans les pays où nous agissons il n’existe ni retraite, ni protection sociale … et les besoins sont immenses pour accompagner les plus vulnérables. 


                  Vous êtes engagés depuis plusieurs années, quels sont les principaux changements que vous avez pu constater sur le terrain ?
                   

                  Ils sont très différents selon les pays.  

                  Au Bangladesh, où nous menons notre principal projet, nous avons vu la situation économique du pays peu à peu progresser fortement, et le niveau de vie des gens s’améliorer régulièrement. La situation politique y est à présent moins conflictuelle, mais aux dépens de la démocratie qui s’est dégradée. Cependant presque tout va mieux. 

                  En Birmanie, c’est le contraire depuis le génocide des Rohingyas mi-2017 perpétré par ce peuple bouddhiste et si amical… Puis le coup d’Etat militaire début 2020 a ramené les Birmans à leur passé de guerres, de dissentions et à leur retard économique : là, tout a régressé.  

                  Dans nos autres pays d’activité, notre expérience est encore trop récente pour nous permettre de caractériser l’évolution. 

                   Parlez-nous de 2 ou 3 projets qui vous tiennent particulièrement à cœur

                  Au Malawi, nous avons vu notre singulier projet ‘Don de chèvres’ améliorer le sort de paysans âgés et très pauvres, auxquels nous avons remis une chèvre contre la promesse de faire don du premier chevreau né à une autre famille démunie. Avec le petit troupeau constitué en trois ans, ils sont à l’abri des coups durs, et se voient mieux considérés par les autres. 

                  En Equateur, le Foyer social que nous aidons régulièrement depuis six ans a ainsi pu tripler le nombre d’enfants et d’adultes, tous en situation précaire, que nourrit, aide et soigne la Fondation Jonathan, notre partenaire.

                  Au Bangladesh, les enfants que nos deux Foyers ont arrachés à la rue, recueillis et instruits, réduisent progressivement leur handicap de départ et entament avec succès leur vie familiale et professionnelle. 

                  En Birmanie, notre aide après le désastreux cyclone Nargis de mai 2008 (deux millions de sinistrés et 240 000 morts) a vite ramené en classe plusieurs centaines d’enfants que leurs parents sinistrés avaient renoncé à inscrire dans la dizaine d’écoles de notre région : ils n’y seraient jamais revenus, nous avaient alors confirmé les experts sur place de l’UNICEF, admiratifs d’une telle réactivité à la conjoncture ! 

                    Quels sont aujourd’hui les enjeux de la solidarité internationale et comment des philanthropes comme vous peuvent-ils contribuer à y répondre ? 

                     Suite aux crises en Occident (pandémie, inflation, désillusions, effets de la mondialisation), la solidarité internationale est en baisse*. En France, une majorité de l’aide se concentre sur les actions menées sur notre territoire, ou est affectée à des causes spécifiques que nous espérons provisoires (catastrophes naturelles, guerres). 

                    Nous nous sentons isolés et nos maigres fonds propres ne voient plus jouer l’effet de levier qui permettait d’en multiplier l’effet. Nous avons l’habitude de nous engager seuls, mais nous étions assurés que devant le succès initial de tous nos projets, des bailleurs allaient suivre et continuer à les développer. C’est de moins en moins en moins le cas. Pourquoi ne pas répartir la générosité des Français entre les causes nationales – que soutiennent nombre d’associations et d’organismes publics – et les internationales ?

                    Il est essentiel de redynamiser l’intérêt pour l’international car les enjeux sont immenses. En effet, le développement des pays pauvres est susceptible de contribuer à réduire une émigration économique actuellement irrépressible, vu les énormes différences de niveau de vie et de protection sociale entre notre monde et le leur. 

                    Aussi, le Fonds de dotation PARTENAIRES SOLIDAIRES finance des actions d’éducation, d’assainissement et de développement pérenne, qui contribuent à former et à retenir dans leur pays des jeunes rendus aptes à s’y intégrer et à s’y assurer un avenir autonome et plus serein.

                    Nous continuons d’espérer qu’une prise de conscience s’opère et après 35 ans d’actions sur le terrain, nous restons plus que jamais mobilisés et ne baissons pas les bras.  

                    *Notre confrère Solidarités a écrit : « Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, pour la première fois depuis 2010, en 2023 les financements humanitaires ont diminué. Il a manqué presque 37 milliards de dollars par rapport aux besoins, à peine 35 % des financements requis ont été reçus. C’est le plus bas ratio par rapport aux besoins jamais enregistré. Cela met en péril la capacité des organisations humanitaires à répondre aux besoins des personnes touchées par les crises. Le manque de ressources en eau, en assainissement et hygiène et en sécurité alimentaire a exposé les populations à un risque accru de maladies et de famine à cause des coupes dans les distributions de rations alimentaires ou d’eau potable. Les crises sous-financées sont plus difficiles à gérer, peuvent entraîner des conséquences plus graves et développer des ‘sur-crises’. Deux personnes dans le besoin sur cinq seraient laissées sans assistance ; c’est le pourcentage le plus bas jamais atteint pour l’aide humanitaire coordonnée par les Nations Unies. »

                     

                     

                      Philanthropes en action #1 : Promouvoir les valeurs du sport auprès des jeunes

                      Les philanthropes en action #1

                      Promouvoir les valeurs du sport
                      auprès des jeunes

                      avec Bernard Jambon, président-fondateur
                      du fonds de dotation Egal Accès

                      A quelques jours de l’ouverture tant attendue des Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024, nous inaugurons notre série de portraits « Les philanthropes en action » avec Bernard Jambon, président – fondateur du fonds de dotation Egal Accès, membre Un Esprit de Famille, qui promeut notamment les valeurs d’insertion professionnelle, sociale et citoyenne du sport pour les jeunes.
                      Parce qu’au-delà du plaisir, de la recherche de performance et de l’émotion procurée par les grandes compétitions internationales, le sport constitue aussi un formidable levier d’impact social.

                       

                      Quel a été le déclencheur de votre aventure philanthropique ? 

                      Le sport a toujours eu pour moi un rôle important et même moteur dans ma vie ; il a fait partie intégrante de mon éducation. Plus spécialement le sport collectif et ses valeurs qui dénotent dans un monde marqué par l’individualisme. Elles ont marqué et influencé toutes les étapes de ma vie d’entrepreneur.

                      Plus que jamais, j’estime que l’avenir de nos enfants est une question de valeur(s). La culture des valeurs morales leur permettra de devenir des adultes cohérents. C’est cette réflexion qui m’a décidé, à la vente de mon groupe d’entreprises, à créer un Fonds de Dotation baptisé Egal Accès dédié à l’accès à l’éducation pour tous et à la promotion des valeurs du sport.

                      Quels sont les grands axes de votre fonds de dotation ?

                      Égal Accès agit pour promouvoir l’égal accès de tous les enfants à l’éducation et à la scolarité par des actions de soutien scolaire et d’insertion au profit de familles défavorisées. Égal Accès a également pour mission la défense des valeurs du sport, outils d’insertion professionnelle, sociale et citoyenne des plus jeunes dans les clubs et dans les écoles.

                      Des actions menées à travers des projets éducatifs, en partenariat avec des structures existantes. Avec l’appui de nos outils pédagogiques et de plus de 1200 projets éducatifs mis à disposition des associations dans la Bibliothèque numérique AIDUC, que nous relayons et partageons sur les réseaux sociaux.

                      Nous avons aussi notre propre programme de soutien scolaire en distanciel (Clic Class) et en présentiel. Nous travaillons en partenariat avec la Ligue de l’enseignement, le Comité français du fair-play, et la Fondation Lachmann.

                      Pourquoi, en tant que philanthrope, avez-vous choisi de lancer le programme Merci le Sport ?  

                      J’ai développé mes sociétés d’études dans le domaine médical et de recherche clinique, en choisissant de mettre en pratique dans ma vie professionnelle les valeurs du sport que j’ai pu acquérir et cultiver lors de ma carrière de basketteur de haut niveau en France et en Angleterre. Ces valeurs ont marqué toutes les étapes de mon parcours, de la création de ma 1ère société en 1974 jusqu’à la vente de mon groupe il y a 7 ans.

                      A l’initiative d’un Comité d’anciens internationaux qui ont réussi leur vie pro et leur carrière, j’ai constaté que la recherche de la performance et de l’argent éclipse souvent la culture de ces valeurs. Avec parfois un comportement déplacé de parents, de dirigeants, de supporters, qui se traduisent par des actes d’incivilités voire de violences sur les terrains ou de harcèlement sur les réseaux sociaux. Or, la réussite sociale et professionnelle est un enjeu majeur dont le sport peut être un puissant levier.

                      Je définis notre programme Merci Le Sport par un credo : pour réussir, nous avons tous besoin de ces valeurs pour s’insérer de manière pérenne dans la société que l’on soit un jeune des quartiers ou un brillant sportif.

                      Soutenons et partageons les expériences ! Ce programme intéresse les clubs sportifs, les collèges, les lycées et également les financeurs (fondations, fonds de dotation, entreprises, collectivites locales, organismes de collecte de dons et de crowdfunding).

                        Comment définiriez-vous les points clés de Merci le Sport

                        « Profitez de l’expérience des uns et des autres pour valoriser, développer et essaimer des projets. »

                        Merci le Sport est un programme ambitieux. Il comprend notamment une plateforme numérique, « Merci le Sport », mettant en lumière une quarantaine de projets, dont l’ADN est le développement des valeurs du sport, de l’insertion et de l’inclusion par le sport.

                        Les projets sont auparavant validés par un Comité des Valeurs, animé par d’anciens sportifs, souvent internationaux dont Eric Bouvier (volley), Laurent Munier (handball), Muriel Hurtis (athlétisme), Isabelle Fijalkowski (basket) et Jean-Marc Lhermet (rugby).
                        Une grille de sélection permet d’évaluer les projets. Des crières qualitatifs précisent les valeurs développées, le potentiel d’évolution, la fiabilité et les capacités d’ouverture du management, l’envergure et le potentiel de développement, l’originalité et la pertinence.

                        Au-delà de cette quarantaine de projets, nous mettons à disposition de nos utilisateurs une base de données répertoriant à ce jour 360 projets similaires.

                        Merci le Sport comprend également une rubrique actualités, alimentée quotidiennement, et un club de supporters-correspondants, porteurs d’une carte de membre à vie, qui participent concrètement à la promotion de notre plateforme et à sa communication. Ils peuvent télécharger nos différentes ressources sur mercilesport.fr

                         

                          Quelles sont les prochaines étapes de Merci le Sport

                          Nous avons déjà de nombreux contacts avec des projets s’intéressant à l’éducation et l’insertion par le sport dans d’autres pays et nous envisageons de les référencer dans notre base de données.

                          Nous travaillons également sur une véritable charte des valeurs qui permettra l’attribution d’un label décerné aux clubs, dans chaque région.

                          Nous avons débuté une série de webinars et de forums de discussion toujours menés dans cet objectif de partage de moyens et d’expériences.

                          Enfin, l’expertise de notre Comité des valeurs, la création d’un comité de pilotage, la richesse de nos data et notre traitement de l’actualité sportive à travers le prisme des valeurs doivent nous permettre d’atteindre ces objectifs.

                          Quelles sont les valeurs que vous partagez tout particulièrement avec Un Esprit de Famille ? 

                          Ce qui nous rapproche d’Un Esprit de Famille, c’est d’abord la philanthropie. Notre programme Merci le Sport privilégie de manière désintéressée le partage des expériences, des méthodes et des outils. Unemise en commun de solutions et de mieux se comprendre, sans rechercher des avantages financiers particuliers. Cela nous enrichit mutuellement car nous rencontrons des philanthropes mais aussi des associations ayant une vision proche de la nôtre.

                          Par ailleurs, le sport met en jeu de véritables questions éducatives : la place du corps, la santé bien évidemment, l’exigence et le dépassement de soi. Mais aussi l’apprentissage, la collaboration, le travail en groupe et l’encouragement à l’autonomie.

                          Merci le Sport partage avec Un Esprit de Famille quelques valeurs sportives clés :  l’esprit d’équipe, l’exemplarité, l’humilité, le respect, la persévérance, la passion, l’intérêt pour la différence, sans oublier le sens de l’engagement. Des valeurs universelles qui guident nos actions.

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