Philanthropes en action #6 : L’éducation des jeunes à la citoyenneté
Philanthropes en action #6
L’éducation des jeunes à la citoyenneté : un enjeu essentiel
avec Bénédicte et Lucie Gueugnier, présidente et déléguée générale de la fondation Alter&Care
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Dans une société individualiste, consumériste et ultra connectée aux réseaux sociaux, dans laquelle les valeurs collectives ne font plus recette auprès des jeunes, il nous semble essentiel de les éduquer à la citoyenneté afin de les préparer à être des acteurs responsables et engagés.
Dans quelles perspectives ? Renforcer la cohésion sociale et respecter les valeurs démocratiques.
Entretien « mère-fille » avec Bénédicte et Lucie Gueugnier, présidente et déléguée générale de la fondation Alter&Care
Qu’est-ce qui vous amenées l’une et l’autre à vous engager dans la philanthropie ?
Bénédicte : A l’origine, il y a une conviction personnelle qui repose sur la responsabilité qu’ont les nantis vis-à-vis des plus démunis et que les anglo-saxons résument parfaitement par la notion de « give back » : rendre à la société ce dont vous avez bénéficié naturellement grâce à votre contexte familial, social, culturel ou économique. L’égalité des chances, ou plutôt l’inégalité des chances, a donc été un moteur important de mon engagement philanthropique.
Restait à trouver un terrain d’application. Dans le cadre de La Financière de l’Echiquier, l’entreprise familiale cofondée par mon mari et mon frère, j’ai eu l’opportunité de créer de toutes pièces la Fondation du même nom, et l’ai dirigée avec enthousiasme pendant 15 ans.
Cette fondation a été le creuset pour créer notre fondation familiale : Alter&Care. Avec mon mari, nous souhaitions disposer d’un outil qui ne concernerait que notre famille, avec des ressorts différents de ceux de la fondation d’entreprise. Dans l’héritage qui sera transmis à nos enfants, il nous paraissait essentiel qu’il y ait cette brique de responsabilités. À partir du moment où on a les moyens de sa générosité, il faut agir.
Lucie : J’ai toujours baigné dans cet univers de philanthropie. Nous sommes trois enfants. La fondation d’entreprise, puis la fondation familiale Alter&Care, étaient en quelque sorte le quatrième et le cinquième enfant. Il n’y avait aucune pression de la part de mes parents, mais nous savions que le jour où nous le souhaiterions, nous pourrions nous impliquer davantage. À un moment, la question s’est posée pour moi de changer d’emploi. Il y avait du travail pour deux à la fondation et j’ai pensé que c’était l’opportunité de donner encore plus de sens à mon quotidien. Cette fondation est vraiment un outil formidable, y compris pour la cohésion de la famille.
Pourquoi avoir choisi de vous engager sur les sujets d’éducation et de citoyenneté ?
L’accès à l’éducation pour tous nous a toujours semblé important pour favoriser l’égalité des chances et offrir à tous la possibilité de se construire un avenir meilleur. L’éducation est l’antichambre de la vie professionnelle et au-delà de l’acquisition de connaissances académiques, elle permet de développer des compétences sociales essentielles pour réussir dans la vie.
De plus, l’éducation permet de promouvoir la citoyenneté et les valeurs démocratiques en développant des valeurs telles que le respect de l’autre, la solidarité et aussi l’esprit critique fondamental dans une société où il est difficile de démêler le vrai du faux.
C’est aussi une des raisons pour laquelle nous avons créé le Cercle Citoyenneté avec d’autres fonds et fondations – notamment Demeter, Hippocrène, Kaléidoscope, Jericho, La Ferthé, Vauban – au sein d’Un Esprit de Famille.
Sa mission : agir, dans le cadre de notre devise républicaine, Liberté, Egalité, Fraternité, pour une société plus inclusive et fraternelle en allant à la rencontre d’initiatives qui promeuvent le vivre-ensemble en paix et qui favorisent la diversité, la déconstruction de préjugés et la lutte contre toutes formes de discriminations et racismes.
Photo : ©THEO_GIACOMETTI
Vous travaillez toutes les deux main dans la main. Quelles sont les clés du succès de votre binôme ?
Même si nous partageons tout au quotidien, chacune œuvre en première ligne dans un périmètre différent : Lucie s’occupe de tous les aspects de la fondation familiale et également de l’association de parrainage TRIO créée au sein de la fondation en 2021 ; Bénédicte est plus impliquée dans des organisations extérieures : Un Esprit de Famille, la Fondation Pierre Bellon, Changer par le Don, Le Rocher etc.
Le succès tient avant tout au fait d’aimer travailler ensemble !
Vous fêtez les 10 ans de la fondation cette année. Quels principaux enseignements tirez-vous de cette décennie d’actions ?
Les associations sont indispensables à la cohésion sociale de notre pays : pour preuve, le formidable travail réalisé dans le cadre de l’Aide Sociale à l’Enfance, dans l’accueil des migrants ou dans l’éducation des jeunes, notamment ceux au bord du chemin de l’école.
Au cours de ces 10 années, nous avons rencontré des personnalités exceptionnelles qui ont changé le cours de la vie de centaines de bénéficiaires avec détermination, altruisme et un grand professionnalisme. Et nous avons vu émerger une génération d’entrepreneurs sociaux issus des meilleures écoles françaises, renonçant à une vie professionnelle bien rémunérée pour se consacrer aux autres.
Photo ©THEO_GIACOMETTI
Quels sont vos 3 projets coups de coeur ?
En matière de citoyenneté, les trois derniers projets que nous avons récemment soutenus avec enthousiasme sont :
- Dessinez Créez Liberté, une association d’éducation aux médias et aux dessins de presse
- Parlons Démocratie, qui propose des interventions en classe sur la connaissance des institutions démocratiques
- Parcours Be Free, en cours de lancement, qui créé des parcours clés en main pour aider les jeunes à retrouver un usage libre et éclairé des outils numériques.
Photo de l’association Dessinez Créez Liberté
Vous êtes membres du Cercle Weber Education. Quels sont les objectifs de ce Cercle ?
L’action collective entre plusieurs fondations est au centre de l’attractivité d’Un Esprit de Famille et se décline au travers des cercles de travail thématiques dont le cercle Weber.
Ce dernier a été créé à l’initiative de 5 fondations, il en compte désormais une vingtaine. Sa vocation est de co-financer une association retenue au terme d’un processus de sélection afin de donner à cette dernière des moyens financiers et humains qu’une seule fondation ne pourrait pas apporter.
La dernière association soutenue est Trouve Ta Voix qui aide les jeunes à révéler leur potentiel, à prendre place dans la société et à préparer leur insertion professionnelle en partageant avec eux les clés de la prise de parole.
Pour conclure, quel enjeu vous guide ?
Notre enjeu est de développer notre soutien aux associations qui agissent dans le domaine de la citoyenneté, car elles ont plus de mal à attirer des mécènes, le sujet étant vaste et donc plus difficile à appréhender.
La perspective d’agir ensemble avec d’autres fondations nous semble importante. Pour cela nous bénéficions de notre appartenance à Un Esprit de Famille et à la Fondation Caritas, qui nous abrite, ces dernières favorisant largement ces initiatives communes.