Pour soutenir les enfants fragilisés, allez à La Source

« L’art au service du social et de l’enfance » : telle est la mission de l’association La Source, créée il y a 30 ans par Gérard et Elisabeth Garouste. A l’occasion de la rétrospective Gérard Garouste au Centre Pompidou, une trentaine de membres d’Un Esprit de Famille se sont rassemblés autour de l’artiste, sa famille et les représentants de La Source. Découvrez ce projet qui place l’art, la créativité et l’écoute des enfants au cœur des apprentissages.
François Louvard, directeur de La Source

« L’association a été créée par Gérard et Elisabeth Garouste avec la conviction que la création artistique soutient l’action sociale. La Source accueille des enfants de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) au cours d’ateliers hebdomadaires et durant les vacances scolaires. Ils sont encadrés par un artiste professionnel et un membre de l’équipe éducative de l’association. Les enfants peuvent participer pendant plusieurs années : c’est un projet sur le long terme qui interagit avec les politiques sociales et culturelles des territoires.
200 projets artistiques chaque année touchent aujourd’hui sur 10 sites 12 000 enfants et jeunes de 6 à 18 ans et leurs familles. Les ateliers sont aussi ouverts à la jeunesse du territoire pour une mixité sociale. Notre objectif pour 2025 est de doubler les ateliers et toucher 20 000 jeunes. »

Gérard Garouste devant « Le pendu, le vase et le miroir », 1985

Marie Beauvalot, fondatrice
du fonds de dotation Milk for Good

« Milk for Good soutient La Source depuis 3 ans. La pratique artistique est vecteur de mieux-être pour les enfants, elle est un espace de liberté. Une alchimie entre enfants, éducateurs et artistes se crée dans les ateliers de création. Ils sont très fiers de montrer leurs œuvres et leurs parents sont fiers d’eux. Dans ses différents centres sur le territoire, La Source répond de façon innovante aux enjeux locaux d’accès à la culture et de réduction des inégalités. »

Gérard Garouste

« A La Source, l’art est un alibi pour structurer l’enfant, lui donner le sens des responsabilités, de la liberté : être actif, non pas passif. Dans les ateliers, on parle d’art contemporain, d’art plastique mais aussi de culture, d’horticulture, du cirque, de danse… L’idée est de donner une image du monde. »

Gérard Garouste explique un tableau au cours de l’expostion de son œuvre à Beaubourg 

Elisabeth Garouste

« Des ateliers traitent la parentalité pour relier enfants et parents. Ils réalisent un travail commun qui les aide à se retrouver. Au cours de l’exposition finale des œuvres avec les artistes, les enfants sont heureux de montrer leurs créations, cela les valorise. Des livres ont également été publiés : le travail des enfants se concrétise. »

 Guillaume Garouste 

« Un atelier rassemble 10 à 12 enfants encadrés par un éducateur spécialisé et un artiste. Des artistes viennent en résidence pendant 3 mois dans les locaux de La Source pour développer des ateliers. Ils sont notamment sélectionnés sur leur sens de la pédagogie.

La Source accueille souvent des enfants en échec scolaire. Nous cultivons l’aspect ludique, bienveillant et produisons des œuvres collectives et individuelles. Les enfants s’épanouissent : les plus renfermés au début sont souvent ceux qui démontrent une grande créativité. Les échanges en atelier autour du projet artistique sont importants. »

Doriane Mouly, responsable du mécénat
à La Source

« Nous voulons accroître nos actions tout en conservant leur qualité : le binôme encadrant, des jeunes accompagnés plusieurs fois dans l’année sur plusieurs années par petits groupes. »

Notre projet a démontré sa capacité à changer les regards que les enfants ont sur eux-mêmes ou les parents sur les enfants. Les fondations familiales comme Milk for Good nous apportent une écoute bienveillante toute particulière. Pour le futur, nos besoins se concentrent sur l’accompagnement des plus jeunes sites et la professionnalisation des équipes. »

Découvrir la Fondation du Patrimoine avec Guillaume Poitrinal (visioconférence)

Guillaume Poitrinal : « La Fondation du Patrimoine est déjà intervenue dans plus d’une commune sur deux en France »

Visioconférence le 29 mars 2021

L’incendie de Notre-Dame a mis en lumière la Fondation du Patrimoine, qui a recueilli les deux tiers des fonds collectés : c’est le plus grand mouvement de philanthropie jamais connu. Mais la Fondation organise actuellement 1700 collectes sur son site Internet pour restaurer un patrimoine non classé certes moins prestigieux, mais qui contribue à la fierté locale et à l’attractivité du territoire. Guillaume Poitrinal, président de la Fondation du Patrimoine, nous présente ses actions et ses enjeux actuels.

La Fondation du Patrimoine a sauvé le magnifique théâtre à l’italienne de ma ville natale, Châtellerault, qui était resté fermé pendant 15 ans. C’est ainsi que j’ai découvert cette formidable institution, créée par Jacque Chirac en 1996. Auparavant, aucune institution ne prenait en charge le patrimoine vernaculaire, non classé, de nos campagnes.

Les fondateurs sont des grandes entreprises du CAC40 ; la Fondation rassemble 70 salariés et un réseau de 700 bénévoles à travers toute la France. Bien que de caractère privé, ses statuts sont inscrits dans une loi de 1996.

 

Deux modes d’action
  • Délivrer des labels pour que les propriétaires puissent déduire de leurs impôts les travaux qu’ils réalisent sur des monuments non classés d’intérêt patrimonial.
  • Organiser des collectes de fonds : 1700 collectes pour le patrimoine sont ouvertes sur le site de la Fondation, notamment pour restaurer des églises que les maires n’ont plus les moyens d’entretenir. Nous menons ces collectes en partenariat avec de petites associations ou fondations qui nous demandent de l’aide. La fondation du Patrimoine participe et attire d’autres donateurs, publics et privés.

Les bâtiments à restaurer sont des églises, moulins, théâtres, ponts, vieilles locomotives, vieux avions, maisons d’auteurs (Victor Hugo à Guernesey)…, ainsi que le patrimoine naturel, le patrimoine industriel.

Nous sauvons 120 bâtiments par an mais recevons 3000 dossiers : les besoins sont énormes.

 

Nos enjeux actuels
  • Recruter des bénévoles : la Fondation est déjà intervenue dans plus d’une commune sur deux en France. Les bénévoles de terrain sont essentiels, qui montent une association pour sauver un patrimoine local et bénéficient de l’aide de la fondation du Patrimoine pour y parvenir. Nous cherchons actuellement des bénévoles plutôt féminins et en activité pour diversifier les profils. Il faut savoir que le National Trust en Angleterre, équivalent de la fondation du Patrimoine, rassemble 30 000 bénévoles.
  • Etre plus présents sur le numérique, les réseaux sociaux.

Un budget en forte croissance

Le budget de la fondation s’élevait à 30 millions € en 2017. Je me suis donné pour objectif de doubler ce budget en 4 ans. La fondation est affectataire des successions en déshérence, qui sont en diminution. Nous recevons des legs, donations, mécénats d’entreprise. Nos ressources ont été diversifiées : le loto du Patrimoine est un tirage supplémentaire du loto, qui fonctionne bien, ainsi que des jeux de grattage. Un projet par département et un projet par région chaque année bénéficient chaque année de ce loto.

La collecte après l’incendie de Notre-Dame nous a permis de progresser. Nous pouvons être plus efficaces dans la gestion des collectes et la fidélisation des donateurs. Les dons que nous recevons s’étendent de 50 centimes à 100 millions €. Mais la crise sanitaire à réduit de 20 % notre en 2020.

Guillaume Poitrinal est chef d’entreprise. Il a débuté sa carrière chez Morgan Stanley avant de rejoindre Unibail-Rodemco qu’il dirige de 2005 à 2013. Il démissionne pour créer Woodeum puis WO2, deux promoteurs immobiliers spécialisés dans la construction bas carbone et le bois. Dans le même temps il lance le fonds d’investissement ICAMAP, spécialisé dans l’immobilier bas carbone. Il est président de la Fondation du patrimoine depuis 2017 ; son mandat vient d’être renouvelé pour 4 ans.

A quoi sert la Fondation du Patrimoine ? 

Quelle place donnez-vous à l’inclusion sociale dans les projets de restauration du patrimoine ? 

Je crois à la collaboration public-privé : les DRAC (Directions régionales de l’Action culturelle) nous apportent beaucoup de dossiers. Le secteur public ne veut pas intervenir sur des bâtiments privés, dont la restauration bénéficie à un individu ou à une entreprise. Il faut se prendre en mains et arrêter de tout attendre de l’Etat ! Le sujet du patrimoine s’y prête bien.

Art et culture : vecteurs de cohésion sociale ?

« Parce qu’elle relève de la transmission tout autant qu’elle est un apprentissage de la liberté, la culture sous toutes ses formes est une arme puissante et collective, à mettre entre toutes les mains. »* Deux associations et deux institutions culturelles ont présenté le 5 novembre aux membres d’Un Esprit de Famille leurs actions innovantes pour faire découvrir et aimer à des publics qui en sont éloignés les métiers de l’image, l’opéra, la musique, le musée ou le cinéma.

*Extrait de l’éditorial de La Croix, le 21 mai 2020

LE BAL : former les jeunes à la fabrication des images

 

Marie Doyon, responsable de La Fabrique du Regard : créé par Raymond Depardon en 2010 dans une ancienne salle de bal, LE BAL est un lieu dédié aux arts visuels dans le 18è arrondissement. Lieu de vie, qui dispose d’un café et d’une libraire, le BAL est aussi un espace d’expositions de tous les formats d’images : photos, vidéos, films…

C’est aussi un lieu de formation : la plateforme pédagogique La Fabrique du Regard forme les jeunes à et par l’image. Nous cherchons à faire comprendre aux jeunes que l’image est une fabrication, donc à développer leur esprit critique en leur apprenant toute la mécanique de fabrication. Ils ont accès

  • à des ateliers d’ouverture culturelle : des conférenciers les accompagnent dans des lieux d’exposition ; en 2020, la thématique de ces ateliers est « Voir, c’est croire », l’image comme preuve : quel rapport de crédulité avons-nous avec les images ? Comment sont-elles manipulées, falsifiées, transformées ? ;
  • à des interventions d’artistes : réalisateurs, vidéastes, iconographes… proposent des méthodologies, des outils pour débattre.

Les actions de la Fabrique du Regard sont menées hors les murs : écoles, centres sociaux… Les bénéficiaires sont des jeunes de 6 à 25 ans habitant des quartiers de politique de la ville, qui n’ont pas accès à la culture.

Nos objectifs : développer l’esprit critique, raccrocher les élèves à l’enseignement, développer des compétences en les expérimentant dans des projets, lutter contre l’autocensure des jeunes.

La plateforme collaborative Ersilia permet l’essaimage de La Fabrique du Regard : les jeunes y trouvent des outils pour éditorialiser des contenus, accéder à des films, des textes, des photos, des liens vers des sites de musées… Des modules pédagogiques sont proposés par un enseignant, un artiste, des jeunes, une structure partenaire, pour stimuler de nouvelles pratiques et partages d’expériences. Grâce à Ersilia, nous touchons des zones rurales et d’outre-mer. Nous travaillons actuellement sur la modélisation pour en faire profiter un nombre plus important de jeunes et d’enseignants.

Théâtre des Bouffes du Nord : élargir les publics de l’opéra et de la musique de chambre 

 

Clémentine Aubry, administratrice du Théâtre : le théâtre des Bouffes du Nord renaît en 1974 grâce à Peter Brook qui en fait un lieu de créations et d’échanges. Il est situé dans des quartiers populaires, où la mobilité est forte. La configuration du lieu, qui ne cache pas la patine du temps, génère une composante désinhibante pour les spectateurs et les artistes.

Le Théâtre accompagne des équipes artistiques pour créer et diffuser leurs spectacles : musiques, théâtre, opéra… Peter Brook allait jouer dans les écoles, les prisons… Nous cherchons à faire perdurer cet état d’esprit pour brasser des publics les plus larges possible. Avec nos fidèles partenaires (centres d’animation, associations…) et les artistes, nous coconstruisons des spectacles.

« L’opéra c’est vous » est un projet de découverte et d’appropriation de l’opéra, qui est habituellement considéré comme élitise. Autour d’une œuvre d’opéra, l’équipe artistique coconstruit un spectacle avec des élèves de lycée. L’œuvre finale sera composite car l’objectif est de sensibiliser à l’opéra mais aussi de donner à pratiquer, à éprouver, pour que chacun y implique un peu de son histoire personnelle. Des participants issus de milieux très différents doivent collaborer. Certains écrivent, d’autres créent des costumes, d’autres jouent de la musique, d’autres travaillent à la régie… La forte cohésion de groupe est consolidée par une semaine de résidence et de répétition au théâtre.

Nous continuons actuellement les ateliers dans les lycées, même si le théâtre est fermé.

Le théâtre des Bouffes du Nord produit des spectacles et s’associe à des lieux en régions pour faire découvrir la musique de chambre : c’est le programme « La belle saison », qui compte aujourd’hui 17 lieux partenaires. Des musiciens en résidence animent des ateliers avec des écoles, des EHPAD, des écoles de musique. L’un des objectifs de ce programme est d’intégrer dans le parcours de jeunes artistes cette composante de transmission, de création avec de non-artistes, qui enrichit leur carrière.

Le théâtre des Bouffes du Nord est très peu subventionné. Les projets d’éducation artistique et cultuelle sont à 100 % financés par le mécénat. Les partenaires sont des interlocuteurs avec qui nous maintenons un dialogue constant : grâce à leur expertise, ils nous accompagnent dans la progression de nos projets et son évaluation.

Ciné-ma différence : donner accès à la culture aux personnes en situation de handicap 

 

Catherine Morhange, cofondatrice et présidente de l’association Ciné-ma différence : les porteurs de handicap, 1 à 2 millions de personnes en France, sont peu présents dans la vie sociale. Les familles concernées renoncent au cinéma parce que leur enfant peut être bruyant, s’exprimer de façon inhabituelle. Pour remédier à cette exclusion, avec d’autres parents nous avons conçu Ciné-ma différence en 2005. Nous rendons accessibles des séances de cinéma « ordinaires », pour que chacun, avec ou sans handicap, y soit accueilli et respecté tel qu’il est.

Le dispositif imaginé par Ciné-ma différence est conçu pour informer, entourer et apaiser les spectateurs. Des bénévoles formés accueillent les personnes handicapées, leur famille, et informent clairement le public sans handicap. Quelques aménagements techniques sont apportés : lumière s’éteignant doucement, son abaissé pour ne pas agresser des personnes aux oreilles très sensibles, pas de publicité ni de bandes-annonces. Les séances se déroulent ainsi sereinement. Le public handicapé découvre le cinéma et peut ensuite parfois se rendre à une séance normale.

Le dispositif est présent dans 70 salles. En 2019, plus de 400 séances ont été organisées.

En 2018, l’association a créé le dispositif Relax destiné au spectacle vivant : les séances se déroulent dans un environnement bienveillant et détendu où chacun peut vivre ses émotions. L’Opéra Comique à Paris est l’établissement pilote du dispositif Relax. 25 spectacles Relax ont déjà eu lieu, dont un opéra baroque de 3 h 30 !

Comment faire pour que Relax se répande ? Il faut dépasser les peurs et gênes de part et d’autre. Cinéma-ma différence accompagne les institutions culturelles qui veulent accroître leur accessibilité. Chacun a droit à la culture, même ceux qui ne sont pas « dans la norme ».

Actuellement, nous envoyons des ressources culturelles par voie numérique pour garder le lien avec nos spectateurs. Les formations continuent à distance.

Notre financement vient de ressources propres (cotisations des membres, prestations de formations), de financements publics et privés.

Après chaque séance, nous proposons un questionnaire sur notre site Internet pour avoir un retour sur l’impact, auprès des personnes en situation de handicap ou non.

Le Musée du Louvre : accompagner la découverte du Musée et le porter hors les murs

 

Matthieu Decraene, sous-directeur du développement des publics et de l’éducation artistique et culturelle : au service de tous les Français, le Louvre a une mission éducative et sociale. Voici les 3 piliers de nos actions d’inclusion sociale :

  • La formation : il faut être accompagné pour franchir la porte d’un musée. Nous formons une communauté active de relais pour aider des enseignants, des acteurs sociaux et du domaine du handicap dans leurs visites du musée.
  • Le développement d’offres adaptées : par exemple, la petite galerie du Louvre présente chaque année une exposition thématique adaptée aux plus jeunes ; hors les murs, le Louvre propose le programme « le Louvre à jouer » : des enfants se mettent dans la peau d’un gardien ou d’un conservateur de musée ; plus de 2000 enfants ont bénéficié de ce dispositif itinérant.
  • Les partenariats pour toucher les publics dans leur cadre de vie, aller à leur rencontre sur leur territoire. Nous sommes partenaires des trois Académies de Versailles, Paris et Créteil. Avec l’AP-HP, nous développons « Le Louvre à l’hôpital » : l’exposition itinérante sur la couleur bleue a tourné dans 11 sites de l’AP-HP. Des ateliers sur l’archéologie ont été organisés dans un centre commercial en Seine-et-Marne.

Le contexte du covid-19 bouleverse ces programmes. Notre activité dans les classes est cependant maintenue. Nous avons organisé un « été culturel et solidaire » pour des publics fragiles. Nous avons mis ne place une nouvelle plateforme de micro-learning. Le tournant numérique nous permet de toucher un public plus nombreux : nous développons des visites virtuelles du musée.

Les programmes d’activités artistiques et culturelles sont financés par les Académies, la préfecture, des fondations d’entreprise et des mécènes.

En 2021, le site louvre.fr offrira de contenus renouvelés et en septembre ouvrira le studio dédié aux jeunes et l’éducation.