Comment Un Esprit de Famille peut contribuer à l’éducation au « vivre ensemble » ? Dans le désir de poursuivre l’esprit du « 11 janvier », une vingtaine de membres d’Un Esprit de Famille se sont retrouvés le 5 février pour y réfléchir avec des pionniers engagés sur ce sujet.
Trois invités, acteurs reconnus de l’éducation au « vivre ensemble » ont apporté leur témoignage : Marine Quenin, fondatrice de l’association Enquête, Samuel Grzybowski, fondateur de Coexister, et Antoine Arjakovsky, fondateur de la formation Agapan.
Marine Quenin

Nous organisons une quinzaine d’ateliers par an et les retours des enfants, de leurs parents et des enseignants sont très positifs ; l’état d’esprit des enfants change, ils s’approprient la laïcité, ce qui veut dire accepter l’autre. Ils comprennent mieux l’environnement dans lequel ils évoluent.
Samuel Grzybowski

- la laïcité et la liberté de conscience (avec l’Observatoire de la laïcité),
- l’enseignement du laïc et du fait religieux (avec Marine Quenin),
- la lutte contre les préjugés religieux.
Nous promouvons une façon de vivre ensemble sans heurt à motif religieux. L’objectif est de permettre à tous les Français, quelles que soient leurs convictions, de se connaître et se côtoyer.
Coexister est porté par 600 bénévoles : 30 par groupe depuis janvier 2015 (15 auparavant) et 17 volontaires en service civique. Les demandes de sensibilisation venues des lycées ont récemment beaucoup augmenté. Il y a une vraie prise de conscience, un travail de 6 ans qui porte ses fruits et a un vrai potentiel d’impact dans la société.
Antoine Arjakovsky

Nous abordons aussi la question de l’environnement : le rapport à la création est expliqué par les grandes religions et c’est un angle important pour protéger l’environnement.
Nos outils pédagogiques peuvent être utilisés par les enseignants avec souplesse. Nous rencontrons beaucoup d’enthousiasme mais avons peu de moyens ! 150 enseignants ont suivi la formation Agapan cette première année.
Vous démontrez qu’il existe des expériences très concrètes en France. Mais comment changer d’échelle ? Comment toucher des milliers de collégiens, de jeunes, d’enseignants ?
Marine Quenin
- déployer les ateliers car nous utilisons des outils et des méthodes différents de l’école, qui lui sont complémentaires.
- former les enseignants, à la fois en formation initiale et continue. Il faudrait former dans chaque académie des personnes ressources qui proposent des outils très opérationnels aux enseignants. Et il faut développer de nouveaux outils.
Samuel Grzybowski
- un groupe sur deux abandonne faute de moyens. Les jeunes et les projets sont là mais il faut 1000 euros par an pour faire fonctionner un groupe (repas et allers-retours sur Paris).
- il faudrait rémunérer les jeunes qui interviennent dans les lycées, il faut également les former. Beaucoup de jeunes ne peuvent être formés car ils n’ont pas assez de moyens pour des allers-retours sur Paris.
- la formation globale proposée toute l’année sur différents thèmes a besoin aussi d’être développée.
Antoine Arjakovsky
Je crois qu’en France, nous sommes actuellement dans une situation d’urgence pour rendre compatibles les valeurs de liberté et de fraternité.
Existe-t-il une définition commune et simple de la laïcité ?
Marine Quenin
Antoine Arjakovsky
Samuel Grzybowski
- présentation de l’Eglise et de l’Etat,
- neutralité de l’Etat,
- garantie de la liberté de religion et de conscience.
Il est intéressant de savoir qu’au cours des discussions précédant le vote de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905, l’objectif d’Emile Combes était d’éradiquer les religions et celui d’Aristide Briand était de les accepter, avec l’égalité de toutes les communautés.
La religion ne fait pas seulement partie de la sphère privée. Mais l’expression de la laïcité est en train de changer car l’optique aujourd’hui est plutôt de garantir l’expression du confessionnel.