Transmettre une fondation familiale

Comment pérenniser une fondation familiale ?
Quels sont les enjeux de la transmission du fondateur à ses descendants ?
Un Esprit de Famille a réuni le 13 février 2014 une trentaine de fondations pour partager expériences et solutions. Synthèse et extraits des débats.

 

Les membres des fondations familiales présents, toutes générations confondues, ont répondu aux questions posées par Sabine Roux de Bézieux, présidente d’Un Esprit de Famille.

Comment transmettre l’œuvre du ou des fondateurs à la génération suivante ?

Les fondations familiales restent souvent marquées par la personnalité forte du fondateur et les orientations qu’il a données. Certains fondateurs anticipent la transmission dès la création et invitent leurs enfants et famille proche à y participer activement. Il peut se produire une période de remise en question à la mort du fondateur, suivie d’une structuration de la fondation qui évolue dans ses objectifs, plus conformes aux désirs et à l’environnement de la génération suivante.
Cette génération peut être nombreuse et dispersée : la fondation devient alors le lien qui rassemble la famille, une vraie « maison de famille » virtuelle. Mais les éloignements géographiques dus à l’internationalisation des parcours professionnels peuvent être une gêne dans le développement de l’esprit de famille autour des fondations.

Que transmet-on dans une fondation puisque l’argent est donné, il n’appartient plus à la famille ?

A travers une fondation, on transmet essentiellement des valeurs : ouverture aux autres et au monde, curiosité intellectuelle, esprit d’entreprise… « Au contact de mon grand-père, j’ai appris des valeurs humaines mais nous n’en parlions pas. On ne transmet que ce que les enfants veulent bien prendre… Les valeurs se transmettent par ″infusion″, sans que ce soit nécessairement explicite. »

Perpétuer la fondation ne doit pas être un devoir mais une joie : « Nous sommes les fondateurs et nos enfants feront ce qu’ils veulent ; nous ne voulons pas leur transmettre un poids mais un esprit, un exemple. »

« Dans notre fondation, tous les projets présentés doivent être parrainés par un membre de la famille car l’engagement est une valeur importante. Notre structure recrée des liens familiaux autour de la philanthropie. »

Est-ce lourd d’être héritier ? A la génération suivante, peut-on être héritier et entrepreneur ?

Le « poids » du fondateur existe : « Il faut se dégager du poids du père et avoir vraiment envie de participer, pouvoir allouer des fonds sur ses propres projets. C’est une éducation à la liberté. » Mais l’héritage est davantage considéré comme une opportunité qu’un fardeau. « On ne doit pas transmettre le poids d’une action mais un outil. Je suis préparé à ce que cette donation soit ouverte, pas seulement à mes héritiers. »

Chantal Delsol, philosophe et romancière, ajoute : « Dans notre culture, les personnes sont libres, les héritiers sont libres. On transmet des possibilités et laisse aux héritiers le choix de transformer le ″ballon″ qui leur est transmis. Les héritiers sont des entrepreneurs car nous sommes dans une culture d’initiative. »

Quand la famille grandit, comment intégrer les conjoints et les différents branches familiales ?

Là encore, la liberté de choix et la diversité des parcours sont respectées : les conjoints peuvent être actifs s’ils le veulent : « Mon mari m’a toujours beaucoup aidée dans la fondation. Il est devenu président du Cercle des amis de la fondation. Les membres de la famille qui participent sont ceux qui en ont envie. »

Dans une famille nombreuse, plusieurs fondations peuvent être créées, qui correspondent à des sensibilités différentes.

Que diriez-vous au fondateur ?
« Bravo et merci de nous avoir inspirés… Mon grand-père m’a transmis le sens de l’engagement, du lien entre les gens. C’est ce qui me constitue et que j’aimerais moi-même transmettre. »

Les participants au débat 

  • Chantal Delsol, philosophe, romancière, éditorialiste, membre de l’Institut. Son dernier ouvrage : Les pierres d’Angle. A quoi tenons-nous ? (éditions du Cerf, décembre 2013).
  • En présence des fondations familiales, fonds de dotation ou associations APPOS, Château de Vaux le Vicomte, FACT, Agir sa Vie, Araok, Cécile Barbier de La Serre, Culture et Diversité, de l’Echiquier, Gresigny, Henriette Anne Doll, Hippocrène, La Ferthé, Lefoulon Delalande, LNC, Lormouet, Mérieux, Riché, Tocqueville, Entreprendre et plus, Le Chant des Etoiles, Frateli, PMI.

 

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