Contribuer à changer le monde grâce à l’éducation

 Philanthropes en action #10

« L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde. »

avec Hervé et Frédérique Allard, Louis et Samuel, Aude, Maximilien et Pauline, Aurélien
Fondation LAMA

« L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde ». La fondation LAMA, créée en 2019, a  fait de cette célèbre phrase de Nelson Mandela sa devise.

Son objet : accompagner des projets concernant l’éducation et l’épanouissement des enfants les plus démunis.

Une belle aventure familiale lancée par Hervé, Frédérique et leurs 4 enfants, qui puise son origine au Chili.

Frédérique et Louis ont choisi de répondre en duo à cet entretien.

    Qu’est-ce qui vous amenés à vous engager dans la philanthropie ?

    Frédérique :
    Hervé et moi avons toujours été interpellés par la chance d’avoir eu une jeunesse « dorée ».
    Dans ma famille, j’avais un grand père d’une grande générosité qui nous parlait constamment de charité, un mot un peu galvaudé certes mais qu’il mettait en pratique et étant au service des plus démunis, économiquement, moralement et spirituellement. Il était « profondément » catholique et son meilleur ami était « profondément » juif.

    Cette ouverture à l’Autre a été pour moi, inconsciemment au début et consciemment aujourd’hui, un déclencheur fort que l’Humanité était notre monde à tous et que nous avions une responsabilité à partager à tous les niveaux.

    Notre histoire familiale est une histoire peu commune…
    et une si belle histoire.

    Louis Aude Maximilien Aurélien.
    Avez-vous remarqué ?
    L’acronyme L A M A.
    LAMA, cet animal emblématique du Chili, notre pays de cœur.

    La conscience que chacun de nos quatre enfants a été l’occasion d’une Rencontre à chaque fois différente et tellement riche.

    Que ce soit l’histoire de Louis, celle d’Aude, de Maximilien et d’Aurélien.
    Les trois premières sont des histoires d’adoption et la dernière se rattache au souvenir des trois aînés émerveillés autour du berceau de leur petit frère à Lille.

    Aujourd’hui nous sommes heureux de voir le respect, l’écoute qui existent dans leur fratrie. Et aussi la volonté qu’ils ont de comprendre les réalités de chacun avec sa propre histoire.

    Si mon propos est insistant, c’est que je pense que nos enfants et « valeurs ajoutées » sont à l’origine de ce projet plus qu’ils ne le pensent.
    Et nous sommes, Hervé et moi, convaincus que s’ils n’avaient pas été ok pour se lancer dans ce projet de la fondation LAMA, nous ne l’aurions pas fait.

    Louis :
    En tant que fils d’Hervé et Frédérique, je ne peux pas dire que je me suis « engagé » dans la philanthropie. J’ai accepté de suivre le chemin tracé et proposé par mes parents. C’était plus un choix « subi », mais sans pression de leur part.

    En effet, à l’origine j’avais une idée de la philanthropie limitée à un levier d’optimisation fiscale parmi d’autres, teinté de bonne conscience facile. Cette perception assez critique me venait de personnalités publiques qui parlaient de leurs actions, mais qui étaient très loin du terrain et de la réalité.

    Le changement s’est produit quand j’ai constaté que les valeurs familiales et humaines mises en avant par mes parents se traduisaient concrètement.

    Un voyage en Inde en octobre en famille m’a conforté dans cette pensée.
    Le fait de pouvoir aller sur place à la rencontre d’hommes et de femmes porteurs de projets donne du sens à nos actions et justifie cet engagement. J’ai trouvé une manière de donner du sens à une vie privilégiée qui est le fruit de ce que je reçois et pas dû à moi-même.

    Pourquoi avoir choisi de consacrer votre action à l’enfance et à l’éducation ?

      Louis :
      L’enfance est l’âge de la vie où tous les possibles existent et où l’exemple peut tout. C’est l’âge de l’éveil et des ambitions. C’est à ce stade que s’apprennent les fondamentaux qui nous suivront toute notre vie. On pourrait dire que c’est le socle d’une société en devenir. C’est en cela que cette période est si essentielle et importante.

      LAMA s’investit sur cette période de vie car c’est en offrant un chemin le plus construit possible qu’un enfant se prépare pour le monde de demain.

       

      Frédérique :
      Le sujet de l’enfance démunie, de l’éducation, la volonté de toucher les enfants les plus pauvres est à l’origine des voyages familiaux que nous avons eu la chance de faire dans beaucoup de pays dans le monde.

      L’Inde, Calcutta un jour de Noël avec les enfants des rues et de la gare d’Howrah, pour ne citer que ce voyage, a été l’occasion d’une rencontre avec l’association Ashalayam. Leur mission : permettre à des enfants et à de très jeunes adultes d’apprendre à lire, écrire et compter, pour les rendre autonomes et les aider, grâce au micro-crédit, à monter un tout petit commerce.

      Nous sommes aujourd’hui en pleine réflexion et en recherche tous ensemble, accompagnés par une personne extérieure. Nous avons l’intuition qu’il nous faut évoluer quant à cet objet que nous avons retenu en 2018.
      Beaucoup de projets nous sont soumis et nous questionnent dans le sens où cet objet est trop large et pas assez défini.

      Une nouvelle étape s’annonce.

      Quel est le rôle de vos enfants dans cette aventure philanthropique ? 

      Louis :
      Notre rôle, je pense pouvoir le dire au nom de mes frères et sœur, mais aussi de ma belle-sœur et de mon compagnon – bien qu’à titre individuel des nuances peuvent être apportées – est de faire vivre ce projet qui nous anime.

      La conscience que chacun de nous est un maillon qui permet à LAMA de fonctionner, de grandir et d’évoluer. Même si du fait de nos jobs et de nos activités personnelles, notre implication peut varier au gré des changements de la vie. Si un seul maillon manque, c’est toute la chaîne qui est brisée.

      Selon moi, il est impossible de se revendiquer « fondation familiale » si l’ensemble de la famille n’est pas impliqué, chacun à sa mesure.

      De manière plus concrète, chacun d’entre nous, avec nos conjoints respectifs, choisissons lors de notre conseil d’administration (qui a lieu quatre fois par an) un ou plusieurs projets qui nous tiennent à cœur afin de les suivre plus spécifiquement. Il peut arriver aussi que l’un ou l’autre apporte un projet « coup de cœur » qu’il soumet au vote.

      Frédérique :
      Nos enfants, et leurs conjoints, sont impliqués chacun à leur façon dans LAMA.
      Certes, il n’est pas toujours facile de trouver des dates qui puissent satisfaire tout le monde. Mais chacun y met du sien et on y arrive…

      Suite à un récent voyage en Inde, Louis et Samuel ont décidé de prendre en charge les projets que nous y avons vus en octobre ; l’éducation étant un domaine dans lequel ils travaillent tous les deux.

      Aude notre fille a pris la décision de se consacrer à LAMA à plein temps à partir de fin avril. Une nouvelle étape après la mise en œuvre de LAMA par Vérane, déléguée générale durant 5 ans.

      Notre belle-fille Pauline part en mission avec Audition Solidarité avec des audioprothésistes en République Dominicaine à la fin du mois.

      Maximilien est présent efficacement avec Pauline à chaque CA.

      Aurélien a créé dans le cadre d’un projet social et solidaire, validé par Ticket for Change, une plate-forme de gestion des fondations : ADIUVO. Cet outil est disponible, à la demande, pour chaque fondation qui le souhaite dans le but de créer une synergie entre structures. Un gain de temps énorme grâce à une équipe de quatre jeunes très investis et très compétents qui donnent de leur temps à côté d’un boulot rémunéré.

      Votre fondation est-elle toujours tournée vers l’international ?

        Louis :
        Nous soutenons des projets à l’international mais étant donné le contexte général, nous essayons de nous recentrer sur des projets basés en France.
        La seule raison qui pourrait exclure un pays de notre scope serait une trop grande instabilité rendant impossible toute action sur place. A noter que tous les projets soutenus à l’étranger ont une structure en France.
        Pour moi, il n’est pas question de faire un virement, il s’agit d’être actif.

        Aller sur place, rencontrer les porteurs de projets, comprendre le fonctionnement des équipes, suivre le projet ensuite… Tout ce relationnel est essentiel.

        Frédérique :
        En Afrique ou ailleurs, beaucoup de projets sont soutenus grâce à de belles rencontres en France ou lors de voyages qui nous ont permis de découvrir non seulement les porteurs de projets mais aussi les bénéficiaires.
        Cela permet aussi de sentir la crédibilité et la pérennité des actions.

        Par exemple un voyage au Togo m’a conforté là où nous avions des doutes et nous avons au contraire renoncé à des projets pourtant très intéressants sur le papier.
        Au Niger j’ai rencontré grâce à Marie M. qui se reconnaîtra, Yara LNC, une belle association que nous soutenons. Yara LNC contribue à l’éducation de jeunes défavorisés issus de villages de brousse de la région de Zinder au Niger.

        Ce ne sont que de petites gouttes apportées, mais j’ai la conviction qu’accompagner des projets sur place permet aux populations de se fixer et de ne pas penser à migrer vers d’autres pays présentés comme des « eldorados ».

        A celles et ceux qui hésitent à se déplacer pour visiter des projets, peut-être par peur de l’inconnu, j’ai envie de dire « franchissez le pas car ces échanges sont d’une incroyable richesse humaine ».

        © Photo YARA LNC

        Quels sont vos projets coup de coeur ?

        Louis :
        J’ai une affection toute particulière pour l’Afghanistan, notamment pour l’association Afrane créée en 1980, fondée sur les liens entre les Français et les Afghans. Elle vise à apporter une aide humanitaire dans ce pays et informer sur sa situation. Nous nous intéressons plus particulièrement aux projets qu’elle mène pour l’éducation des jeunes filles.

        Les projets soutenus au Chili un peu hors scope portés par l’association Sourires d’Ailleurs créée par ma sœur il y a de nombreuses années sont très importants pour moi.

        Frédérique :
        Je me sens très proche des projets accompagnés au Chili.
        Notamment deux projets dont l’un que nous venons de voir en famille et que nous soutenons depuis 30 ans.

        • L’association Betania Acoge accompagne actuellement 80 femmes afin de les aider à sortir de la prostitution grâce à une formation (informatique, esthétique…) et à une prise en charge de leurs enfants.
        • La Fondation de los Amigos de Jesus est un foyer de jour situé dans un des quartiers les plus pauvres de Santiago qui accueille des enfants lourdement handicapés ainsi que leurs mères.

        Quant à l’Afrique, c’était pour moi un continent inconnu. Plus j’y vais, plus je l’aime.

        Parmi les rencontres qui m’ont le plus marquée, celle au Rwanda avec Marguerite Barankitse, militante humanitaire du Burundi vouée à la cause des enfants victimes. Elle a créé Maison Shalom pour redonner une dignité aux orphelins de la guerre, aux enfants des rues, aux mineurs en prison et autres enfants en difficultés. Son engagement est particulièrement précieux et inspirant.

         Photo Maison Shalom

        En France, l’association Pas à Pas, l’Enfant, fondée par Justine, fait un travail extraordinaire pour que les enfants passent plus de temps avec leurs parents pour partager des activités essentielles à leur développement, et moins sur les écrans.

        Vous êtes membre Un Esprit de Famille et du Cercle Weber éducation depuis plusieurs années. Quel bilan en faites-vous ?

        Frédérique :
        Un Esprit de Famille a été pour LAMA la possibilité d’être reconnue. Créer c’est bien, mais il reste ensuite beaucoup à faire…se faire connaître et reconnaître, être accompagné, grandir avec un regard bienveillant… Autant d’étapes que nous avons franchies, notamment grâce à Un Esprit de Famille et à une intégration chaleureuse.

        Nous y faisons de très belles rencontres et Un Esprit de Famille porte des valeurs très fortes dans lesquelles notre famille se retrouve.

        Le Cercle Weber éducation est pour moi associé à un accueil inconditionnel et à une grande richesse dans les partages.
        Accompagner une association, à plusieurs, durant plusieurs années et lui permettre de passer à une autre échelle est une opportunité unique de coopération et d’échanges, même s’il est toujours difficile de n’en retenir qu’une seule.

        Partager, débattre, échanger avec d’autres fondations ou fonds de dotation, questionner notre fonctionnement ou notre raison d’être… autant de sujets qui nous rassemblent.

        Un Esprit de Famille est essentiel pour nous aujourd’hui et nous a permis d’être ce que nous sommes aujourd’hui. 

        Si vous deviez ajouter un mot, lequel serait-il ?

        Louis :
        Ce serait deux mots : structurant et famille, car une telle aventure est vraiment structurante pour une famille et les fondateurs doivent absolument y inclure leurs enfants. Il ne suffit pas de se proclamer fondation familiale pour qu’elle le soit.
        Il faut éviter de vouloir tout contrôler mais au contraire laisser de la respiration à chacun, respecter les choix des uns et des autres sans exclure quiconque.
        Une fondation n’est pas une entreprise avec les parents comme managers. 

        Frédérique :
        Deux mots également : accompagnement et famille.
        L’accompagnement parce notre rôle va bien au-delà d’un seul financement.
        Et oui c’est un très beau projet familial, fondé sur le respect de chacun dans ce qu’il est, dans ce qu’il vit.
        Je suis frappée par le témoignage de mon fils et de l’importance donnée à la famille dans son ensemble.

        Soutenir les femmes en détresse

         Philanthropes en action #9

        Aider les femmes victimes de précarité, de violences ou d’accidents de la vie à se reconstruire.

        avec Danielle et Patrick de Giovanni, fondateurs de DAPAT

         

        Dans tous les pays du monde, les femmes sont particulièrement exposées à diverses formes de vulnérabilités.

        La précarité économique les touche de plein fouet, les rendant plus fragiles face aux violences et aux accidents de la vie. En outre, les inégalités salariales et les difficultés d’accès à un emploi stable constituent des facteurs aggravants.

        Par ailleurs, les violences faites aux femmes sont aussi un fléau majeur comme en témoignent les chiffres. En 2022, environ 230 000 femmes âgées de 18 ans et plus ont été victimes de viols, tentatives de viol ou agressions sexuelles en France. Les violences conjugales sont également alarmantes, avec 172 000 femmes déclarant en avoir été victimes.

        Les maladies graves ou les accidents domestiques peuvent également fragiliser les femmes, entraînant une perte de revenus, une dégradation de la santé mentale et physique, et souvent l’éclatement du couple.

        Face à ces situations diverses, fondations, associations et pouvoirs publics doivent collaborer pour mettre en place des dispositifs d’accompagnement adaptés, et ainsi aider les femmes à retrouver confiance en elles et à reconstruire leur vie.

        C’est le choix qu’ont fait Danielle et Patrick de Giovanni en créant le fonds de dotation DAPAT.

          Qu’est-ce qui vous amenés l’un et l’autre à vous engager dans la philanthropie ?

          Nous étions déjà engagés l’un et l’autre avant de nous connaitre et de décider de vivre ensemble, il y a huit ans.

          Danielle a beaucoup agi pour la promotion des femmes dans l’économie, l’environnement et le coaching d’entrepreneurs, et Patrick dans l’aide aux créateurs d’entreprise, l’investissement à impact, la précarité et l’aide alimentaire.

          Tous les deux, nous avions la volonté de donner une partie de ce que la vie nous avait apporté en matière de compétences, expériences et biens matériels.

          Tout naturellement nous avons développé un projet commun avec l’ambition de créer une structure durable ayant un impact significatif et surtout de nous y impliquer totalement.

          C’est pourquoi, en mars 2020, nous avons créé DAPAT (DAnielle, PATrick), un fonds de dotation, doté de capitaux importants (plus de 14M€) afin que les placements financiers produisent durablement de quoi alimenter un budget annuel de 1M€.

          Pourquoi avoir choisi l’aide aux femmes en détresse comme axe de votre fonds de dotation ?

            Nous avons conjugué deux de nos sensibilités : la précarité et les femmes. Nous les avons naturellement élargies à toutes les causes de détresse : précarité, violences, migrations, maladies et accidents de la vie.

            Toutes ces causes ont en commun les chocs traumatiques vécus par ces femmes, ainsi que la plupart du temps l’isolement social et les difficultés économiques.

            Nous avons choisi de nous concentrer sur la réparation, c’est-à-dire l’accompagnement de ces femmes victimes sur un parcours de reconstruction et de réinsertion sociale et économique aussi complet que possible.

            Photo : La Halle Fontenaysienne

            DAPAT s’appuie sur les associations qui agissent directement au bénéfice de femmes en détresse. Que faites-vous précisément ? 

            Nos compétences et nos expériences d’accompagnement d’entrepreneurs nous ont naturellement conduits à adopter une stratégie visant à accompagner les entrepreneurs sociaux à développer leurs associations pour avoir un impact maximal.

            Notre premier objectif a été d’identifier et d’entrer en relation avec toutes les associations sur le territoire métropolitain.

            Nous avons démarré par un travail de recherche qui s’est révélé laborieux avec à peine une centaine d’associations identifiées.  C’est pourquoi nous avons lancé, dès 2021, les Prix DAPAT qui récompensent les associations ayant fait les actions les plus remarquables l’année précédente.

            A chaque édition, neuf lauréats reçoivent chacun un prix de 10 000 euros et un grand gagnant un prix de 15 000 euros. En outre, la SMLH (Société des Membres De la Légion d’Honneur) remet une médaille à cinq associations en reconnaissance de leurs actions au bénéfice de femmes en détresse.

            Nous en sommes à la 4è édition avec plus de 200 associations candidates (au total 350 associations différentes en 4 éditions).

            Ceci témoigne de la richesse mais aussi la faible visibilité du tissu social au service des femmes en détresse et ce, dans toutes les régions. Cette richesse montre aussi l’ampleur des problèmes adressés par ces associations et l’utilité de notre démarche.
            La remise des prix se fait lors d’une cérémonie qui réunit 500 personnes. La prochaine est le 24 mars 2025 au théâtre du rond-point à Paris.

            Notre deuxième objectif est de nouer des contacts privilégiés avec certaines associations et de les accompagner pour les aider à faire plus et mieux (aider plus de femmes et leur offrir des parcours de reconstruction plus riches et plus complets).

            Pour atteindre cet objectif, nous agissons à trois niveaux :

            1. Le fonds de dotation DAPAT 

            DAPAT accompagne des associations :

            • Soit sur des projets de développement dans des partenariats durables d’au moins trois à cinq ans. Ces projets concernent par exemple :
              – L’ouverture d’une maison d’accueil de jour de femmes SDF avec enfants.
              – Le lancement d’un programme d’éducation par les pairs (peer to peer) à la santé sexuelle et affective de femmes des quartiers nord de Marseille.
              – L’essaimage et le développement géographique d’une activité d’insertion économique pour des femmes voulant sortir de la prostitution.
              Au-delà des contributions financières, DAPAT participe activement à la vie des associations en interaction avec ses dirigeants et, le cas échéant, attire d’autres mécènes à accompagner l’association dans la durée.
            • Soit pour un soutien financier ponctuel permettant de réaliser un investissement, matériel ou immatériel, bénéficiant directement aux femmes accompagnées (6-8 soutiens par an).

            Ces soutiens sont réservés à des associations que nous connaissons bien et dont nous apprécions particulièrement l’action.

            2. La société Financière Sociale DAPAT

            Créée il y a deux ans avec un capital de 2 millions d’euros, cette filiale du fonds de dotation DAPAT apporte des solutions aux besoins de locaux des associations. Celles-ci ont, en effet, beaucoup de difficultés pour disposer durablement de locaux adaptés à leurs besoins et dans des conditions économiques adaptées à leurs moyens.

            C’est un outil de finance sociale au service de l’action philanthropique du Fonds de Dotation DAPAT.

            La foncière Sociale DAPAT acquiert des biens immobiliers choisis par les associations (donc adaptés à leurs besoins) et leur loue avec des baux de longue durée (18-20 ans) et dans des conditions économiques favorables.

            Les associations peuvent ainsi faire des travaux et avoir le temps de les amortir dans la durée. Elles bénéficient en outre d’une option d’achat exerçable à tout moment dans des conditions économiques prédéfinies.

            Les premières opérations réalisées concernent par exemple :

            • L’ouverture d’une maison d’hébergement d’urgence de femmes victimes de violences dans la ruralité.
            • Un entrepôt permettant le triplement des surfaces de stockage disponible pour les biens matériels (mobilier et équipement de la maison) de femmes victimes de violences devant quitter leur domicile d’urgence.

            L’objectif de la Foncière Sociale DAPAT est d’avoir un impact structurant sur le tissu associatif au service des femmes en détresse. Concrètement, il s’agit de faire en 5 ans, 30 à 40 opérations, pour un montant global de 15-20 millions d’euros.

            Pour ce faire, il faut disposer de bien plus que 2 millions d’euros. C’est pourquoi nous sommes actuellement en levée de fonds (10 millions d’euros pour ce programme) auprès d’investisseurs financiers désireux d’avoir un impact social clair et significatif.

            3. L’association DAPAT Tisseurs de Liens

            Cette association, que nous venons de créer, veut rassembler des associations agissant pour les femmes en détresse, qui souhaitent partager et s’enrichir mutuellement de leurs expériences, mais aussi des événements que nous organisons, pour leur apporter des informations et des savoir-faire.

            L’objectif principal de cette démarche est de permettre aux associations de sortir de leur isolement et de disposer des compétences et des réseaux pour progresser dans leur développement et leur efficacité.

            Comment êtes-vous organisés pour réaliser tout cela ?

              Tous les deux nous avons des compétences et des savoir-faire communs et en même temps, nous sommes très différents. C’est une très grande force d’être deux et complémentaires. De ce fait nous nous sommes répartis les rôles.

              • Danielle gère plus particulièrement le recrutement des bénévoles, la communication, l’organisation d’évènements et l’association DAPAT Tisseurs de Liens.
              • Patrick gère le Fonds de Dotation DAPAT, son activité de projets (partenariats et soutiens financiers) et la Foncière Sociale DAPAT.

              Grâce au réseau de Danielle, nous avons constitué une équipe de bénévoles de plus de cinquante personnes pour la gouvernance des structures, les relations avec les associations et l’organisation des évènements.

              En outre, compte tenu du développement très rapide de DAPAT, nous avons constitué une équipe salariée pour structurer notre organisation, à ce jour 3 CDI, 3 apprentis et un service civique.

              Pouvez-vous nous parler de 3 projets coup de coeur ?

              Nos coups de cœur sont d’abord pour des femmes et des hommes, entrepreneurs sociaux. Nos rencontres avec ces dirigeants d’associations sont d’une richesse exceptionnelle, nous nourrissent et nous rendent heureux

              Beaucoup d’associations font un travail formidable et nous touchent profondément et c’est particulièrement le cas pour 3 d’entre elles.

              • Solidarité Femmes Beaujolais accompagne des femmes victimes de violences dans la ruralité du Beaujolais vert (celui des forêts et non celui des vignes). C’est une mission essentielle dans la ruralité qui représente 30% de la population mais 50% des féminicides. Jeune association dirigée de main de maître, elle se développe rapidement en allant à la rencontre des femmes victimes et en élargissant son offre d’accompagnement.

              • La Ferme Emmaüs Baudonne, à Tarnos près de Bayonne, accueille des femmes dites « sous mains de justice » dans les 6 à 18 derniers mois de leurs peines de prison pour préparer leur sortie par la réinsertion sociale et économique dans une ferme agrobiologique. Quand on connait les parcours douloureux de ces femmes, on comprend pourquoi tout type de détresse mérite d’être accompagnée. Cet accompagnement est unique en Europe pour les femmes et permet à la fois d’augmenter les chances de réinsertion et de diminuer le taux de récidive.
              • Women For Women, programme d’éducation de femmes des quartiers nord de Marseille à la santé sexuelle et la vie affective par les pairs. Un groupe de femmes des quartiers suit une formation universitaire diplômante à la faculté d’Aix-Marseille puis transmet ses savoirs à d’autres femmes des quartiers lors d’ateliers pratiques. Ce programme développé par l’équipe de la Maison des Femmes de Marseille Provence a permis à la première promotion de huit étudiantes de transmettre des savoirs acquis à 500 femmes des quartiers nord.

              Quelles valeurs partagez-vous avec Un Esprit de Famille ?

              Des valeurs familiales car notre démarche philanthropique, à l’origine celle de notre couple, a été construite pour y intégrer progressivement nos deux familles (4 enfants et 6 petits enfants). Nous constatons avec plaisir une implication croissante de certains d’entre eux.

              Nous souhaitions échanger, partager et agir avec d’autres philanthropes et nous avons trouvé chez Un Esprit de Famille ces mêmes volontés et l’organisation pour les favoriser, ce qui est très précieux.

              L’esprit des sciences, valeur clef de nos démocraties

               Philanthropes en action #8

              L’esprit des sciences, valeur clef de nos démocraties

              avec Yves Charpak, président de la fondation Charpak

               

               ]

              Apprendre à comprendre

              Juste avant la crise COVID19, le Directeur de l’Institut Italien équivalent de notre INSERM démissionnait en raison « du rejet de la connaissance scientifique » par son gouvernement : des ministres s’étaient permis, face à des résultats scientifiques, de dire « je n’y crois pas » en refusant d’argumenter. Il s’agissait de l’efficacité des vaccins.

              Cette histoire révélait déjà une crise de la place de la science dans la gouvernance. Si un esprit des sciences existe, force est de constater qu’il est loin d’être partagé par tous dans nos sociétés, y compris par les décideurs.

              La situation sanitaire a ajouté du trouble. Les spécialistes et les scientifiques sont omniprésents dans les media. Mais l’un des effets indésirables de cette visibilité, sans être le seul, pourrait bien être que le non initié croie pouvoir se dispenser de chercher à comprendre : le savant détient la vérité, ne perdons pas notre temps à reconstituer les raisonnements qui l’ont conduit.

              Les récentes décisions de l’administration du président Trump qui a interdit aux employés du CDC Américain de communiquer et partager leurs informations, non seulement avec l’OMS mais aussi avec les professionnels et les citoyens américains et du monde, illustrent bien l’incompréhension de ce qu’est parfois la science pour la gouvernance : supprimons la connaissance si elle nous dérange.

              Pour mémoire, le CDC (Center for Disease Control) des USA est un organisme de référence et d’information suivi par toutes les instances de santé publiques mondiales pour la surveillance, le contrôle et la gestion des épidémies et des risques infectieux en général.

              Ceux qui savent…

              Si nos sociétés souhaitent plus souvent croire que comprendre, la science peut se trouver réduite au mythe du génie : il y a « ceux qui savent ».  Et cela conduit à la même attitude du non initié que celle qui prévaut dans un régime de croyance aveugle : à la suspension volontaire du jugement.

              Du coup, le fossé existe toujours aujourd’hui entre d’un côté la science et les chercheurs et de l’autre la société. Car on a fait de la science une activité distincte du reste de la société, pratiquée par des citoyens dotés d’un cerveau « particulier » et qui suffisent à produire la science dont on a besoin. Pour prendre une image, c’est un peu comme si ne pas être un sportif professionnel justifiait de ne pas apprendre à marcher, à courir, à nager, à faire du vélo. 

              Or la méthode scientifique est plutôt assez systématique et besogneuse. Cela consiste à collecter tout ce que l’on sait déjà avant de construire un projet ; à l’apprentissage d’une rigueur obsessionnelle de l’observation, de la collecte des données et de leur analyse ; à une transparence obligatoire et contrôlée par les pairs des résultats par les échanges et publications ; et à l’obligation se de se confronter et d’accepter d’être critiqué.

              Laisser une place à l’incertitude

              Cette vision des sciences, qui exige d’entrer dans la « longue durée », est par trop délaissée par les décideurs.

              En particulier, l’esprit des sciences est un mode de pensée ouvert à l’intégration de l’incertitude et des controverses sur la connaissance.

              C’est, il nous semble, un outil clef pour une société plus apte à la remise en cause des « dogmes » et qui accepte parfois de ne pas savoir sans que ce soit synonyme de négligence, d’incompétence ou d’échec de la pensée.

                Quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a amené à vous engager dans la philanthropie ? 

                J’ai grandi dans un environnement scientifique omniprésent, bien qu’entouré de neige et de forêt au pied du Jura, car mon père travaillait au CERN à Genève (Centre Européen de recherche sur les particules élémentaires, un succès majeur de la construction européenne, qui est encore l’un des plus grands centres de recherche en physique au monde).

                J’avais presque 40 ans quand Georges Charpak a eu le prix Nobel de physique en 1992.

                Lors de mes études de médecine à Paris, j’ai vite découvert qu’il fallait surtout apprendre par cœur des annuaires d’informations, sans tri sur leur intérêt réel pour les futurs professionnels que nous devions devenir… Il ne fallait pas trop questionner : « nous avons raison, tu comprendras plus tard… ».

                Après quelques remplacements de médecins généralistes, ma route a croisé des chercheurs d’une discipline assez jeune en France à l’époque, l’épidémiologie clinique, les études statistiques pour mieux évaluer les traitements et les pratiques professionnelles.

                J’ai eu ensuite un parcours « multi casquette » d’expert scientifique et technique dans le champ de la santé, qui m’a fait passer d’un rôle de chercheur a celui d’évaluateur, puis « d’interface » entre la science et les décideurs à l’OMS à l’Institut Pasteur, à l’Etablissement Français du Sang, et dans divers lieux de conseils comme le Haut Conseil de la Santé Publique

                Aujourd’hui, je suis un retraité, élu dans une ville de 700 habitants et membre d’une association d’élus à la Santé, Elus Santé Publique et Territoires.

                Une question qui m’agitait déjà dans ma vie institutionnelle est devenue essentielle au milieu de la décennie 2010 :
                Quelles expertises, quelles connaissances scientifiques peuvent « rendre service » aux décideurs, et en particulier au niveau territorial, pour qu’ils puissent exercer au mieux leur rôle d’interface avec les citoyens ?

                Georges Charpak est décédé en 2010, laissant inachevés quelques « chantiers » de la dernière partie de sa vie qui le préoccupait : comment faire progresser l’appétence pour la science de tous les citoyens, à l’école comme dans les « grandes écoles » et plus loin, dans les lieux de décision et les divers lieux de débat, médiatiques en particulier, où il était devenu un infatigable prometteur de la connaissance scientifique : il ne refusait jamais de s’exposer.

                Quelques membres de la famille et proches ont commencé à réfléchir à rebondir sur cet « héritage », non pas financier mais intellectuel. Comment construire, sur cette base, un appel à bonnes volontés pour soutenir des initiatives, des projets, des programmes tournés vers plus de science pour la société.

                In fine, 22 fondateurs ont contribué et monté un fonds, que la Fondation de France a accepté d’abriter fin 2020 : Charpak, l’esprit des sciences.
                Tous « néophytes » de la philanthropie.

                Quels sont vos axes d’intervention et auprès de quels publics ?

                  Nos réunions de fondateurs initiales étaient des modèles de débats stratégiques, philosophiques, prospectifs, sur tout ce qui pouvait avoir un sens opérationnel pour notre objet. Un comité exécutif de bon niveau nous a bien aidé.

                  De fil en aiguille, notre fondation s’est particulièrement penchée sur quelques axes de travail, illustrés par nos « coup de cœurs » actuels.

                  1er coup de coeur : le Living-Lab

                  Objectif : cibler cette catégorie particulière de décideurs que sont les élus locaux.

                  Il y a 500 000 élus locaux en France. Renouvelés partiellement à chaque élection. Ce sont des citoyens ordinaires qui n’ont pas été choisis pour une expertise scientifique ou technique spécifique.

                  Mais une fois élus, ils se retrouvent dans une position très particulière en étant sollicités par les citoyens sur tout ce qui touche leur territoire. Ils ne sont pas experts mais doivent avoir une forme de réponse à tous leurs questionnements… Et se retrouvent au cœur de la plupart des grands chantiers et enjeux du quotidien où la science est omniprésente. 5G et antennes, qualité de l’air, pesticides et autres polluants, risques industriels, qualité de l’eau et stations d’épuration, gestion des déchets, urbanisme pour la santé, déserts médicaux…

                  Comment leur apporter les outils qui leur permettent d’exercer solidement leurs mandats sans passer à côté de cette nécessaire connaissance scientifique ?

                  D’où le développement du Living-Lab “l’esprit des sciences”, un petit groupe d’élus locaux, de chercheurs ou scientifiques et d’acteurs de la médiation territoriale, tous bénévoles.

                   

                  Initié par notre fondation, avec le soutien méthodologique de la Cité des sciences et de l’industrie, le groupe se veut une caisse de résonance des besoins, des étonnements, des incompréhensions de ces populations qui ont du mal à coopérer pour produire une décision éclairée.

                  Y sont échangées des questions de posture, de méthodologies, de processus, d’espaces d’échanges, d’appropriation de connaissance, de compréhension d’enjeux, pour un triptyque ‘sciences – élus locaux – citoyens’. Avec l’idée de dépasser les clivages où chacun se replie dans sa bulle de confirmation, conforté par les réseaux sociaux qui opèrent une sélection d’informations conformes à ses croyances et convictions, en gommant les informations contradictoires.   

                  Les rencontres de ce collectif sont l’occasion de partages de situations vécues, voire de crises locales, et de recueillir les idées, contacts ou ressources des uns et des autres.

                  Si ce type de groupe (basé sur le bénévolat) peut fonctionner à une échelle nationale, le challenge est d’investiguer un prolongement à une échelle de proximité : comment motiver les élus et scientifiques de territoires connexes à se rencontrer régulièrement, sur les questions vives du territoire et en amont des crises ?   

                  L’animation du Living Lab a été confiée, avec le soutien de la fondation, à KAP, une association spécialisée dans l’aide au décideurs locaux, qui anime du débat local.

                  Par ailleurs, des projets communs entre certains se construisent, soutenus par la fondation Charpak, l’esprit des sciences.

                  Par exemple un projet de « Café des sciences » réservé à un dialogue chercheurs – élus, monté avec l’association Les Petits Débrouillards Ile de France. Une expérimentation est en cours en Seine et Marne autour de Fontainebleau, mais l’idée est ensuite de multiplier les sites.

                  Ou encore, un projet avec l’association Sciences Citoyennes, spécialisée dans les recherches participatives, pour inclure les élus dans la recherche dans les recherches qui les concernent au niveau local. Un guide de l’expertise locale est en préparation.

                  2ème coup de coeur : le festival Pariscience

                  Le festival Pariscience fêtait ses 20 ans en octobre 2024… 5 jours de films et documentaires à caractère scientifique, animé par l’Association Science Télévision…

                  A l’occasion d’une séance de projection autour d’un film doublement polémique intitulé « Vive les microbes », nous avons organisé un débat entre la productrice du film, « militante des microbes », une chercheuse spécialiste des maladies respiratoires et allergiques et une élue locale à la Santé. Son thème : que faire quand la science apporte des résultats dont des citoyens s’emparent avant même la clôture des incertitudes scientifiques… ? Passionnant, mais pas un long fleuve tranquille.

                  3ème coup de coeur : Les Contes du Vivant

                  Nous soutenons une association, Les Contes du Vivant, qui produit des podcasts scientifiques sur la nature qui nous entoure pour les petits enfants, à partir de 4-5 ans. En lien avec des écoles, pour animer des groupes d’enfants avec leurs enseignants et les parents…Nous avons « challengé » l’association en disant : comment associer plus loin d’autres acteurs locaux de la forêt, des jardins, des réserves naturelles… et d’autres adultes et élus d’un territoire.

                  Le projet s’est fait en Seine et Marne encore. Avec en apothéose l’invitation d’un chercheur du Muséum d’histoire naturelle à venir parler au village concerné par l’expérience, devant 100 personnes passionnées par la présentation qui portait pourtant sur des sujets polémiques locaux : l’exploitation de la forêt, des sols, l’agriculture et des pesticides, objets de tension majeures même dans un petit village de 750 habitants.

                  Vous avez choisi d’être membre du Cercle Environnement Un Esprit de Famille. En quoi la connaissance scientifique vient-elle soutenir la cause environnementale ?

                    Tous les projets évoqués ont des points communs, liés aux enjeux environnementaux actuels, qui interagissent directement aussi avec notre santé et sa protection. Tous impliquent des acteurs de disciplines, d’expertise et de compétences multiples. Les connaissances scientifiques impliquées viennent de disciplines diverses qui doivent s’inviter à la table des propositions « d’actions », d’autant plus que l’époque est propice à la négation de ces connaissances, voire à des manœuvres de désinformation plus ou moins organisées.

                    Notre fondation a trouvé dans le Cercle Environnement d’Un Esprit de Famille des partenaires avec lesquels partager cette « culture scientifique » comme outil critique essentiel.

                    Quels sont les principaux enjeux de votre fondation ?

                    La fondation est récente, les fondateurs n’avaient pas d’expérience spécifique de la philanthropie et donc l’apprentissage est rude, en particulier pour le développement d’une bonne stratégie de renforcement et de pérennisation de nos moyens humains et financiers…

                    Le développement de projets intéressant en co-construction a été bien développé et nos soutiens vont à des associations et organisations qui deviennent de fait des partenaires…

                    Par ailleurs, le fait d’être une fondation abritée à la Fondation de France et membre de la communauté d’Un Esprit de Famille nous permet de bénéficier de l’expérience essentielle d’autres philanthropes.

                    Agir contre l’isolement

                     Philanthropes en action #7

                    Agir durablement contre l’isolement

                    avec Cyril Maury, président du fonds Après Demain

                     

                    En France, 8 millions de personnes sont en situation d’isolement social*.
                    Derrière ce chiffre alarmant, autant de situations particulières et de d’épreuves personnelles qui fragilisent des parcours de vie.

                    Pauvreté, privation de liberté, ruptures familiales, grand âge, perte d’emploi, problèmes de santé, exil…, les causes de l’isolement social sont multiples, et les conséquences peuvent être lourdes.

                    Face à cette réalité, de nombreuses associations agissent et travaillent chaque jour pour réparer, soutenir, soigner, tisser du lien…

                    Entretien avec Cyril Maury, président du fonds de dotation Après Demain qui a choisi d’accompagner des acteurs de terrain pour lutter durablement contre cet isolement.

                    * Source : Fondation de France 2024

                     

                    Qu’est-ce qui vous amené à vous engager dans la philanthropie ?

                      L’action philanthropique, qui s’inscrit dans une suite logique d’engagements successifs et de valeurs familiales partagées, s’est presque imposée d’elle-même à la cession de mon entreprise.

                      Avec un double objectif :

                      • Désir de de s’engager et d’agir pour la société.

                      Quand on a une vie heureuse, il faut être conscient des douleurs qui nous sont épargnées et avoir une exigence de solidarité, un souci de partager avec les plus fragiles, de se déposséder.
                      On ne peut pas dire « cela ne me concerne pas ». Chacun peut faire sa part et être utile. Redistribuer la richesse, partager, devient alors un enjeu social ; la pauvreté apparaît quand disparaît le sens du partage.
                      En donnant, on s’appauvrit matériellement, mais on s’enrichît considérablement sur les plans intellectuel et spirituel.

                      • Désir aussi de transmettre familialement et dans la durée les valeurs d’attention à l’autre.

                      Quand on prend conscience que notre existence dépend des autres (nourriture, santé, travail, éducation…), que notre bonheur ne peut se construire qu’avec le concours des autres, alors il est naturel d’accorder de la valeur à l’autre, de se sentir concerné par sa situation et de s’engager pour cela.

                      Léguer aux générations futures beaucoup plus que des biens matériels, leur offrir la chance de pouvoir agir pour une société plus juste, plus humaine, de se rassembler autour d’un projet fédérateur, de donner du sens à leurs vies, se mettre au service de causes d’intérêt général, renforce les liens familiaux.

                      L’exercice de la philanthropie grandit ceux qui la pratiquent.

                      Dès l’origine en 2010, nos enfants et beaux-enfants ont été acteurs de la réflexion et des décisions à prendre (cause soutenue, montant allocation, type de structure, gouvernance et mode de fonctionnement). Libres à eux ensuite de s’inscrire opérationnellement dans le projet, sans rien imposer : on ne fait bien dans la durée que si l’on se sent vraiment libre.
                      Tout a été construit avec eux, et l’adhésion dure depuis maintenant 15 ans.

                      Pourquoi avoir choisi de vous consacrer aux personnes en situation d’isolement ? 

                      Dès l’origine, nous avons consacré 2 jours à réfléchir en famille. Pour défendre une cause, il est important qu’elle résonne au plus profond de chacun de nous et tenir compte des désirs de chacun. A travers le fonds Après Demain, nous avons choisi collectivement de nous investir sur un sujet majeur de société : l’isolement, l’absence de lien social, la solitude subie.

                      En 2024, 12 % des Français, soit près de 8 millions de personnes, sont en situation d’isolement total.
                      Ce simple chiffre parle de lui-même et témoigne de l’urgence d’agir.


                      © Photo Sasha Freemind / Unsplash

                      Comment la philanthropie peut-elle contribuer à lutter contre l’isolement social ?

                        En accompagnant les acteurs de terrain qui, grâce à leurs expériences et expertises, maîtrisent la complexité du sujet.

                        Après avoir repéré les associations les plus efficaces, nous les accompagnons dans la durée. Notre objectif est de leur faciliter la vie, de les aider à réussir durablement leur projet associatif au plus près du terrain et des besoins des premiers concernés, d’être un vrai compagnon de route, sans ingérence et dans une relation vraie et de confiance réciproque.

                        Vous êtes implantés et très actifs dans les Pays de la Loire. Quelles sont les spécificités territoriales que vous rencontrez ?

                          Nous intervenons effectivement dans un rayon de 150 kms autour de Nantes, avec la volonté d’agir localement et d’entretenir des relations proches avec les associations que nous soutenons.

                          Le tissu associatif est riche, avec des structures de tailles différentes qui ont un vrai impact sur le territoire. La répartition des associations est inégale entre les territoires urbains et les territoires ruraux. Il y a parfois un besoin de repérage.

                          Il y a une grande proximité avec les acteurs locaux, publics et institutionnels, ce qui permet d’échanger facilement et d’accompagner ensemble les associations, de travailler en réseau. Cela nous permet aussi d’apporter contacts et mises en lien pour les associations.

                          Quels sont vos 3 projets coups de coeur ?

                          • Le fonds de dotation Après Demain est un partenaire historique de l’association Permis de Construire par son financement et son accompagnement. L’intérêt de Permis de Construire réside dans le fait que l’association fait de la personne placée ou passée sous main de justice le véritable acteur de sa réinsertion professionnelle. Elle a un impact fort sur la diminution des récidives en redonnant aux personnes la confiance nécessaire et le pouvoir d’agir en vrai pilote de leur vie.

                            Ce qui nous a intéressé, c’est aussi d’accompagner Permis de Construire dans son déploiement, en lui permettant de passer d’une association locale basée à Nantes à un réseau qui développe son expertise sur les territoires afin de montrer l’intérêt de son modèle, pour les personnes accompagnées, et pour la société.

                          • Nous accompagnons aussi depuis 3 ans Le Nez à l’Ouest, association de clowns hospitaliers, qui propose des interventions de clowns hospitaliers en duo et de manière régulière aux personnes vulnérables principalement accueillies en établissement (EHPAD, hôpitaux, structures médico-sociales) avec une attention toute particulière pour le public des personnes âgées.

                            Ce qui nous a intéressé, c’est d’arriver auprès du Nez à l’Ouest à un moment où la fondatrice, elle-même clown, voyait bien l’intérêt de son projet, mais n’avait plus l’énergie de mener de front l’organisation de la structure et son métier de clown. Nous l’avons accompagnée dans la structuration de l’association.

                          • Enfin, nous sommes heureux d’accompagner depuis 3 ans également AREA, association qui accompagne les enfants issus de la migration dans l’apprentissage du français tout en donnant une place à leurs parents dans leur réussite scolaire. Nous savons combien le système scolaire peut être compliqué, a fortiori pour des personnes qui ne parlent pas la langue.
                            AREA a mis en place un parcours adapté à la fois pour les enfants pour qu’ils puissent progresser et trouvent pleinement leur voie, et pour les parents pour favoriser leur intégration et leur donner une vraie place aux côtés des enseignants dans le parcours scolaire de leurs enfants.

                          Un Esprit de Famille vient de lancer une antenne à l’ouest. Que va apporter cette présence locale aux fondateurs de la région ?

                          Il y a peu de fondations ou de fonds de dotation en région ; il est important de bien se connaître pour travailler ensemble.

                          Un Esprit de Famille Ouest va constituer un véritable espace d’échanges et de partage sur nos pratiques, sur les associations que nous accompagnons, mais aussi un espace de réflexion sur des questionnements propres à nos structures familiales, autour de la gouvernance, de la transmission…

                          Pour conclure, j’aimerais conclure sur les enjeux plus globaux de la philanthropie.

                            Face aux situations de plus en plus complexes auxquelles doivent faire face les associations, nous, fonds et fondations, avons des questions à nous poser sur le rôle que nous devons jouer en tant que financeurs : comment pourrions-nous travailler autrement avec les associations, au-delà des appels à projets, pour répondre à leurs besoins réels ?

                            • Finançons prioritairement des structures plutôt que des projets. Des structures solides sont nécessaires pour porter des projets durables et impactants.
                            • Interrogeons-nous sur notre rapport à l’innovation : doit-elle toujours être le critère central de nos financements ? La pérennisation d’actions existantes et qui ont fait leurs preuves est aussi essentielle.
                            • L’utilité sociale s’inscrit dans le long terme. Privilégions les actions de long terme. Accompagnons les structures dans la durée pour leur permettre de se concentrer sur leurs activités, et non sur la recherche de fonds.
                            • Allégeons les lourdeurs administratives et favorisons des relations fondées sur la confiance, la transparence et les échanges sincères.

                            Nous croyons qu’en assurant un financement stable et pérenne, en soutenant le fonctionnement, essentiel à la réalisation de projets, sans imposer des exigences excessives de mesure d’impact, nous permettons à ces associations de se concentrer pleinement sur leur mission sociale.

                            Il nous semble important de favoriser la reconnaissance du travail effectué par les dirigeant.e.s d’associations, les équipes et les bénévoles, et de lutter contre le risque d’épuisement de l’ensemble des parties prenantes associatives, dans un contexte qui se complexifie.

                            Il est donc essentiel de travailler ensemble, avec d’autres fonds et fondations, à consolider les associations pour leur permettre d’atteindre pleinement leur mission, et ainsi renforcer et soutenir durablement le secteur associatif.

                            Cette nécessité de collectif nous a motivés, entre autres réseaux, à rejoindre Un Esprit de Famille.

                            L’éducation des jeunes à la citoyenneté

                             Philanthropes en action #6

                            L’éducation des jeunes à la citoyenneté : un enjeu essentiel

                            avec Bénédicte et Lucie Gueugnier, présidente et déléguée générale de la fondation Alter&Care

                             ]

                            Dans une société individualiste, consumériste et ultra connectée aux réseaux sociaux, dans laquelle les valeurs collectives ne font plus recette auprès des jeunes, il nous semble essentiel de les éduquer à la citoyenneté afin de les préparer à être des acteurs responsables et engagés.
                            Dans quelles perspectives ? Renforcer la cohésion sociale et respecter les valeurs démocratiques.

                            Entretien « mère-fille » avec Bénédicte et Lucie Gueugnier, présidente et déléguée générale de la fondation Alter&Care

                             

                            Qu’est-ce qui vous amenées l’une et l’autre à vous engager dans la philanthropie ?

                              Bénédicte : A l’origine, il y a une conviction personnelle qui repose sur la responsabilité qu’ont les nantis vis-à-vis des plus démunis et que les anglo-saxons résument parfaitement par la notion de « give back » : rendre à la société ce dont vous avez bénéficié naturellement grâce à votre contexte familial, social, culturel ou économique. L’égalité des chances, ou plutôt l’inégalité des chances, a donc été un moteur important de mon engagement philanthropique.

                              Restait à trouver un terrain d’application. Dans le cadre de La Financière de l’Echiquier, l’entreprise familiale cofondée par mon mari et mon frère, j’ai eu l’opportunité de créer de toutes pièces la Fondation du même nom, et l’ai dirigée avec enthousiasme pendant 15 ans.

                              Cette fondation a été le creuset pour créer notre fondation familiale : Alter&Care. Avec mon mari, nous souhaitions disposer d’un outil qui ne concernerait que notre famille, avec des ressorts différents de ceux de la fondation d’entreprise. Dans l’héritage qui sera transmis à nos enfants, il nous paraissait essentiel qu’il y ait cette brique de responsabilités.

                              À partir du moment où on a les moyens de sa générosité, il faut agir.

                              Lucie : J’ai toujours baigné dans cet univers de philanthropie. Nous sommes trois enfants. La fondation d’entreprise, puis la fondation familiale Alter&Care, étaient en quelque sorte le quatrième et le cinquième enfant. Il n’y avait aucune pression de la part de mes parents, mais nous savions que le jour où nous le souhaiterions, nous pourrions nous impliquer davantage. À un moment, la question s’est posée pour moi de changer d’emploi. Il y avait du travail pour deux à la fondation et j’ai pensé que c’était l’opportunité de donner encore plus de sens à mon quotidien.

                              Cette fondation est vraiment un outil formidable, y compris pour la cohésion de la famille.

                              Pourquoi avoir choisi de vous engager sur les sujets d’éducation et de citoyenneté ? 

                              L’accès à l’éducation pour tous nous a toujours semblé important pour favoriser l’égalité des chances et offrir à tous la possibilité de se construire un avenir meilleur. L’éducation est l’antichambre de la vie professionnelle et au-delà de l’acquisition de connaissances académiques, elle permet de développer des compétences sociales essentielles pour réussir dans la vie.

                              De plus, l’éducation permet de promouvoir la citoyenneté et les valeurs démocratiques en développant des valeurs telles que le respect de l’autre, la solidarité et aussi l’esprit critique fondamental dans une société où il est difficile de démêler le vrai du faux.

                              C’est aussi une des raisons pour laquelle nous avons créé le Cercle Citoyenneté avec d’autres fonds et fondations – notamment Demeter, Hippocrène, Kaléidoscope, Jericho, La Ferthé, Vauban – au sein d’Un Esprit de Famille.

                              Sa mission : agir, dans le cadre de notre devise républicaine, Liberté, Egalité, Fraternité, pour une société plus inclusive et fraternelle en allant à la rencontre d’initiatives qui promeuvent le vivre-ensemble en paix et qui favorisent la diversité, la déconstruction de préjugés et la lutte contre toutes formes de discriminations et racismes.


                              Photo : ©THEO_GIACOMETTI

                              Vous travaillez toutes les deux main dans la main. Quelles sont les clés du succès de votre binôme ?

                                Même si nous partageons tout au quotidien, chacune œuvre en première ligne dans un périmètre différent : Lucie s’occupe de tous les aspects de la fondation familiale et également de l’association de parrainage TRIO créée au sein de la fondation en 2021 ; Bénédicte est plus impliquée dans des organisations extérieures : Un Esprit de Famille, la Fondation Pierre Bellon, Changer par le Don, Le Rocher etc.

                                Le succès tient avant tout au fait d’aimer travailler ensemble !

                                Vous fêtez les 10 ans de la fondation cette année. Quels principaux enseignements tirez-vous de cette décennie d’actions ?

                                  Les associations sont indispensables à la cohésion sociale de notre pays : pour preuve, le formidable travail réalisé dans le cadre de l’Aide Sociale à l’Enfance, dans l’accueil des migrants ou dans l’éducation des jeunes, notamment ceux au bord du chemin de l’école.

                                  Au cours de ces 10 années, nous avons rencontré des personnalités exceptionnelles qui ont changé le cours de la vie de centaines de bénéficiaires avec détermination, altruisme et un grand professionnalisme. Et nous avons vu émerger une génération d’entrepreneurs sociaux issus des meilleures écoles françaises, renonçant à une vie professionnelle bien rémunérée pour se consacrer aux autres.


                                  Photo ©THEO_GIACOMETTI

                                  Quels sont vos 3 projets coups de coeur ?

                                  En matière de citoyenneté, les trois derniers projets que nous avons récemment soutenus avec enthousiasme sont :

                                  • Dessinez Créez Liberté, une association d’éducation aux médias et aux dessins de presse
                                  • Parlons Démocratie, qui propose des interventions en classe sur la connaissance des institutions démocratiques
                                  • Parcours Be Free, en cours de lancement, qui créé des parcours clés en main pour aider les jeunes à retrouver un usage libre et éclairé des outils numériques.


                                  Photo de l’association Dessinez Créez Liberté

                                  Vous êtes membres du Cercle Weber Education. Quels sont les objectifs de ce Cercle ?

                                    L’action collective entre plusieurs fondations est au centre de l’attractivité d’Un Esprit de Famille et se décline au travers des cercles de travail thématiques dont le cercle Weber.

                                    Ce dernier a été créé à l’initiative de 5 fondations, il en compte désormais une vingtaine. Sa vocation est de co-financer une association retenue au terme d’un processus de sélection afin de donner à cette dernière des moyens financiers et humains qu’une seule fondation ne pourrait pas apporter.

                                    La dernière association soutenue est Trouve Ta Voix qui aide les jeunes à révéler leur potentiel, à prendre place dans la société et à préparer leur insertion professionnelle en partageant avec eux les clés de la prise de parole.

                                    Pour conclure, quel enjeu vous guide ?

                                      Notre enjeu est de développer notre soutien aux associations qui agissent dans le domaine de la citoyenneté, car elles ont plus de mal à attirer des mécènes, le sujet étant vaste et donc plus difficile à appréhender.

                                      La perspective d’agir ensemble avec d’autres fondations nous semble importante. Pour cela nous bénéficions de notre appartenance à Un Esprit de Famille et à la Fondation Caritas, qui nous abrite, ces dernières favorisant largement ces initiatives communes.

                                      Aider les jeunes issus de l’Aide Sociale à l’Enfance à s’émanciper

                                       Philanthropes en action #5

                                      Aider les jeunes issus de l’Aide Sociale à l’Enfance à s’émanciper

                                      avec Aurélie Defrance, présidente de la fondation 16h24

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                                      L’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) est un service placé sous l’autorité les départements. Elle a pour mission d’apporter un soutien matériel, éducatif et psychologique aux mineurs en situation de danger.

                                      En France, environ 370 000 jeunes sont ainsi confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance. Parmi eux, 170 000 se retrouvent placés en maisons à caractère social, foyers ou familles d’accueil. Séparés de leur famille, souvent ballotés dans plusieurs lieux de placement, ces enfants débutent leur existence avec beaucoup de difficultés. Entre 18 et 21 ans, une majorité ne bénéficie plus de la protection des institutions. Sans argent, sans logement, sans réseau, souvent sans projet clair, un certain nombre tombe ainsi dans la précarité et s’expose à de nombreux risques.

                                      Créée en 2021, la fondation 16H24 sous l’égide de la Fondation Caritas est née de la volonté de se mobiliser pour ces jeunes, afin qu’ils aient l’opportunité de se construire un destin plus serein.

                                      Entretien avec Aurélie Defrance, présidente fondatrice de 16h24.

                                       

                                      Qu’est-ce qui vous amenée à vous engager dans la philanthropie ?

                                        Mes parents m’ont sensibilisée dès l’enfance au fait de donner de manière désintéressée. Pendant mon parcours professionnel, j’ai initié une action de mécénat d’entreprise qui m’a apporté une première expérience d’aide à des associations de terrain. L’association soutenue permettait à des femmes SDF d’Ile de France d’accéder à des soins gynécologiques.

                                        La vente de l’entreprise familiale dont j’étais actionnaire m’a permis d’aller plus loin en créant un projet philanthropique porté par une fondation.

                                        Pourquoi avoir choisi l’Aide Sociale à l’Enfance comme axe de votre fondation ? 

                                        Un foyer de l’Aide Sociale à l’Enfance était rattaché à l’école où mes enfants étaient scolarisés.

                                        J’ai été touchée par ces enfants qui arrivaient en groupe à l’école avec des éducateurs affectueux mais ne pouvant apporter le même niveau d’attention et de disponibilité que les parents présents. Au fil du temps, j’ai pu constater que nombre d’entre eux avaient une scolarité compliquée du fait de leur situation.

                                        J’ai alors été plus attentive aux prises de parole et articles à leur sujet.
                                        Une statistique en particulier a été beaucoup relayée en 2020 :

                                        25% des personnes SDF en France ont été prises en charge par l’ASE enfants, 36% si l’on considère la seule tranche des moins de 30 ans.

                                        Je suis sensible à la question de l’injustice du « 1er jour », celle qui ne donne pas les mêmes conditions de départ dans la vie. Ces enfants démarrent leur existence avec plus de difficultés et leur situation est moins connue, moins soutenue.

                                        C’est pour cette raison que j’ai décidé de les soutenir.

                                         

                                        Que signifie le nom 16h24 ?

                                        Les enfants confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance sont pris en charge par les Départements jusqu’à leurs 18 ans. S’ils ont un projet d’études ou un projet professionnel précis, ils peuvent bénéficier d’un Contrat Jeune Majeur renouvelable sous conditions jusqu’à leurs 21 ans.

                                        La majorité se retrouve néanmoins forcée de prendre son autonomie à 18/19 ans alors qu’en moyenne les jeunes français quittent le foyer parental à 24 ans. Sans famille ou réseau sur qui compter, sans diplôme pour 70% d’entre eux, sans ressources, ils tombent plus facilement dans la précarité, les addictions, la radicalisation, la prostitution ou la délinquance.

                                        Le passage à la majorité fait donc office de couperet, auquel les éducateurs et éducatrices les sensibilisent tôt, en les incitant à suivre des formations courtes et en leur apprenant à être autonome pour les tâches du quotidien.

                                        Dès 16 ans la question de l’émancipation est source d’angoisse pour ces jeunes.

                                        J’ai donc choisi de consacrer mon aide à la tranche d’âge 16-24 ans, période critique du passage à l’âge adulte. 16H24 évoque ce moment clé et l’urgence d’agir pour eux.

                                        Pourquoi avez-vous décidé de financer des actions de plaidoyer ?

                                          Comme le dit très justement Lyes Louffok (ancien enfant placé et « activiste » pour cette cause), « les enfants placés sont invisibles, ils n’ont pas de parents, pas de lobby, pas d’avocat, personne pour porter leur voix ». Ils sont également trop peu nombreux à voter pour intéresser les politiques.

                                          Soutenir le lobbying d’anciens enfants placés (via Repairs ou via Les oubliés de la République) c’est :

                                          • Permettre une prise de parole libre et forte alors que les plaidoyers dans ce domaine sont majoritairement portés par des structures dépendantes des fonds publics ;
                                          • Reconnaitre et prendre en compte leurs avis d’experts pour faire évoluer l’Aide Sociale à l’Enfance ;
                                          • Leur donner l’opportunité de se retrouver dans un collectif où chacun se comprend et se met en action.

                                           

                                          Sensibiliser l’opinion et les pouvoirs publics sur la situation des jeunes confiés à l’ASE peut pousser nos élus et les acteurs du secteur à agir plus rapidement pour mieux accompagner ces enfants.

                                          16h24 a également une mission d’acompagnement. Que faites-vous précisément ?

                                          Avec l’octroi de bourses, 16h24 apporte des aides concrètes et immédiates à des jeunes connaissant ou ayant connu le placement. Ces bourses couvrent des besoins qui ne sont pas pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance et les aides publiques.

                                          Leur couverture est vaste : aide financière pour l’octroi du permis, d’ordinateur ou de matériel professionnel, de frais de scolarité, de soutien scolaire… 

                                          Notre objectif est de débloquer des situations qui rendent plus difficile le parcours souhaité ou plus largement l’émancipation du jeune.

                                          En quoi l’appartenance à Un Esprit de Famille vous a-t-elle permis de renforcer vos actions ?

                                            En rejoignant Un Esprit de Famille, j’ai pu rencontrer d’autres fondations souhaitant aider les jeunes de l’Aide Sociale à l’Enfance. Grâce à elles, j’ai enrichi mes réflexions, identifié de nouveaux projets à financer et recueilli des avis sur des associations. Cela m’a également donné l’opportunité de co-financer avec 2 autres fondations un programme de bourses.

                                            Un Esprit de Famille m’apporte ce qu’il me manquait : un partage d’expériences et la possibilité de m’associer sur des projets de financement.

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