Philanthropie familiale et associations : ENSEMBLE pour l’intérêt général
5 questions pour 1 tandem :
Cécile Hartig (Fonds Martine Coisne Vercken) et Thierry Desjuzeur (Aux captifs, la libération)

Pourquoi avez-vous choisi de soutenir Aux captifs, la libération ?
Cécile Hartig, cofondatrice du fonds Martine Coisne Vercken :
Une des membres du Fonds Martine Coisne Vercken vit à Paris, à côté d’un lieu d’accueil de l’association Aux captifs, la libération.
En discutant avec l’un des bénévoles, elle a découvert l’action essentielle, mais peu connue, de cette association depuis 1981 auprès des personnes de la rue, portée aujourd’hui par 300 bénévoles et 80 professionnels.
Elle a présenté cette action au conseil, et nous avons choisi, ensemble, de soutenir un projet qu’ils avaient du mal à faire financer : le programme Marcel Olivier, qui se penche sur le sujet de la dépendance à l’alcool des personnes sans abri.
Pour nous, le sujet de l’addiction n’était pas un tabou et concerne tout le monde.
En quoi le soutien du fonds Martine Coisne Verken a-t-il été important pour vous ?
Thierry Desjuzeur, Directeur Général de l’association Aux captifs, la libération :
Le Fonds Martine Coisne Vercken soutient un programme phare et innovant de notre association Aux captifs, la libération, sur le sujet complexe de l’addiction à l’alcool des personnes qui vivent dans la rue : le Programme Marcel Olivier.
Ce programme porte le nom d’une personne accompagnée par le passé par notre association, qui a réussi à sortir de la captivité de l’alcool. Il permet aux personnes alcoolodépendantes qui vivent dans la rue de bénéficier d’un accompagnement sans jugement sur le sujet de l’alcool, avec l’appui d’une équipe spécifique, pluridisciplinaire : éducateur, infirmier, psychologue addictologue.
Depuis 2022, il est soutenu en partie par des financements publics (Agence Régionale de Santé, Fonds de Lutte contre les Addictions) mais un cofinancement privé reste et restera indispensable pour assurer son déploiement, au sein de l’association et au-delà, chez d’autres partenaires associatifs.
Qu’est-ce que ce partenariat vous a apporté ?
Cécile Hartig, cofondatrice du fonds Martine Coisne Vercken :
Ce partenariat nous a d’abord permis de vivre de belles rencontres.
Notamment celle d’Apolline, la responsable du Programme Marcel Olivier. Nous l’avons rencontrée dans le lieu qui accueille spécifiquement les personnes alcoolodépendantes, au cœur de Paris. Une jeune femme très engagée sur le sujet, débordante d’énergie, malgré la grande difficulté du sujet et des personnes qu’elle accompagne !
Au-delà, le partenariat nous a permis d’en savoir plus sur le sujet de la dépendance à l’alcool des personnes sans abri, et de comprendre que le sujet de la grande précarité et du sans-abrisme est un sujet complexe, qui nécessite du temps long.
On ne sort pas facilement de la rue quand on y a passé des années. L’expérience des Captifs sur la question, depuis plus de 40 ans, est très intéressante : elle montre que le lien est premier pour remettre la personne debout. Ils sont d’ailleurs reconnus par les pouvoirs publics comme étant les seuls à savoir faire cette prise en charge complète de la personne.
Quel impact ce partenariat a-t-il eu pour répondre aux enjeux de votre secteur ?
Thierry Desjuzeur, Directeur Général de l’association Aux captifs, la libération :
« Les Captifs » – le surnom de notre association – sont présents dans la rue depuis 1981 auprès des personnes sans logement ou en situation de prostitution. Nous constatons que l’addiction à l’alcool représente une double peine pour ces personnes : elles n’ont pas accès aux dispositifs de droits communs, aux établissements de santé…
Notre action a un impact visible : avec un accompagnement adapté, les personnes alcoolodépendantes reprennent confiance en leur dignité et en leur capacité à « apprivoiser leur consommation d’alcool » et à poser des choix sur ce sujet.
Le partenariat avec le Fonds Martine Coisne Vercken a représenté une aide très concrète, et aussi une marque de reconnaissance pour notre action sur ce sujet de santé publique. C’est un gage de confiance très important pour convaincre d’autres acteurs publics et privés de nous accompagner.
Quelles sont les clés du succès de votre tandem ?
Cécile Hartig, cofondatrice du fonds Martine Coisne Vercken :
Deux clés essentielles sont la confiance et la transparence. Quand nous avons rencontré les Captifs, ils nous ont présenté un projet clair, des objectifs précis, des comptes certifiés. Ils ont répondu à nos questions. Mais ensuite nous les avons laissé avancer sur leur projet, avec un point d’étape annuel. Ce sont eux les « pros » du sujet.
En parallèle, ils nous ont invités à différents événements qui nous ont permis de mieux faire connaissance et de découvrir toute la complexité de la très grande précarité. Les différentes rencontres proposées, et notamment leur Atelier des Partenaires, ont également participé à renforcer nos liens.
Thierry Desjuzeur, Directeur Général de l’association Aux captifs, la libération :
La première clé, c’est la rencontre que nous avons pu réaliser avec les membres du fonds, sur notre espace Marcel Olivier, vitrine du Programme (Paris, 9e). Elle nous a permis de nous connaître, de nous comprendre et d’établir une confiance réciproque.
Ensuite, leur engagement financier pluri annuel, sur des dépenses de fonctionnement (prise en charge du salaire de la responsable du Programme) nous permet de projeter le programme sur le temps long.
Dans ce cadre, en 2026, nous allons organiser une présentation de nos actions et de nos besoins à nos partenaires financiers actuels et potentiels, pour qu’ils nous aident à démultiplier l’impact de notre action.
