Philanthropes en action #14

« Un pays qui réussit est un pays où chaque jeune peut réussir. »

avec Maurice Tchenio
Président et fondateur de la fondation AlphaOmega

Chaque année, près de 80 000 jeunes quittent le système scolaire sans le bac et viennent rejoindre les 1,5 million de NEETs (ni en éducation, ni en emploi, ni en formation). Sans diplôme leurs perspectives professionnelles sont limitées.

La Fondation AlphaOmega est la seule fondation à se consacrer depuis 15 ans exclusivement à la lutte contre le décrochage des jeunes de milieux modestes.

Maurice Tchenio son fondateur en 2010 se considère comme un pur produit de l’école publique à une époque où celle-ci remplissait pleinement son rôle d’ascenseur social. Père et introducteur du Private Equity en France dans les années 1970, Maurice Tchenio cherche un modèle similaire applicable aux acteurs sociaux pour agir sur le plan éducatif à l’aube des années 2010.

Ce modèle s’appelle la Venture Philanthropy, théorisé à la Harvard Business School, Maurice Tchenio le reprend pour le mettre en application en France.

Objectif : éradiquer le décrochage scolaire en aidant les grandes associations éducatives à croître pour aider les 2 millions de jeunes en risque d’échec en France.

15 ans plus tard, le modèle fonctionne.

Photo Fondation AlphaOmega – Coup de Pouce

    Qu’est ce qui a été le moteur de votre engagement philanthropique et pourquoi avoir choisi de lutter contre le décrochage scolaire ?

    Maurice Tchénio :

    Je le dis souvent, la force d’un pays, c’est comme pour une équipe de football, c’est la compétence, l’engagement et la volonté de progresser de ses habitants vers un but commun.

    L’avenir d’un pays repose sur sa jeunesse.

    Or, le décrochage scolaire et universitaire qui se monte à plus de 150 000 jeunes, soit environ 20 % d’une classe d’âge, est inacceptable. C’est la raison d’être de la Fondation AlphaOmega.


    Photo Fondation AlphaOmega – Coup de Pouce

    Au-delà des raisons objectives, j’étais moi-même très motivé à créer la Fondation AlphaOmega sur ces questions de réussite éducative, car je suis moi-même un produit de l’école de la République.

    Quelles sont les spécificités de la Venture Philanthropy ?

    Maurice Tchénio :

    Toute ma carrière s’est déroulée dans l’univers du Private Equity et bien évidemment, en 40 ans de métier, j’ai pu constater à quel point ce modèle était puissant pour créer de la valeur et de la croissance.

    C’est donc tout naturellement que lorsque j’ai créé la Fondation AlphaOmega, j’ai voulu appliquer les méthodes du Private Equity – que l’on a rebaptisé Venture Philanthropy – au monde associatif.

    Notre métier à la Fondation, est d’accompagner des associations qui œuvrent pour la réussite scolaire et l’insertion sociale et professionnelle des jeunes issus de milieux modestes.

    Le principal enseignement de ces 15 années, c’est que la venture philanthropy, ça marche.

    Et qu’est-ce qui marche vraiment ? C’est l’apport en mécénat de compétences que nous faisons aux associations en les aidant dans leur réflexion stratégique, dans leur organisation, dans leur efficacité opérationnelle, dans leur transformation digitale. Certes, l’argent que nous apportons est également un facteur puissant. Mais c’est surtout le mécénat de compétences qui est notre marque de fabrique.

    Cette transposition du métier de Private Equity au monde caritatif sous le label de la Venture Philanthropy est quelque chose d’extrêmement difficile, car personne n’a éclairé la route avant nous. C’est nous qui devons chaque jour innover, concevoir de nouvelles façons de travailler. Nous sommes un laboratoire en perpétuelle innovation.

    Sur quels leviers se base votre approche systémique ?

    Maurice Tchenio :

    Le principal défi qui est devant nous est en réalité d’éradiquer le décrochage scolaire. Et pour cela, renforcer les capacités des associations comme nous l’avons fait depuis 15 ans est certes une chose indispensable, mais malheureusement insuffisante. C’est la raison pour laquelle nous avons dû changer notre approche et prendre une approche top down en essayant de comprendre où se produisait le décrochage scolaire, quels étaient les moments charnières où ceci se produisait, quelles en étaient les principales causes.

    Et donc, de faire en sorte que nos associations travaillent de façon collective à l’atteinte de cet objectif, mais aussi de fédérer toutes les parties prenantes autour de la réussite de l’enfant, concept que nous appelons l’alliance éducative : les enseignants, les parents et le tiers-éducatif qu’est l’association.

    Photo Fondation AlphaOmega – Energie Jeunes

    Pouvez-vous nous donner des exemples de projets pour lesquels votre soutien a été déterminant ?

    Maurice Tchénio :

    J’ai en tête deux exemples.

    Le premier est celui de l’Afev, qui accompagnait en mentorat 6800 enfants et adolescents il y a 10 ans. Lorsque le gouvernement a lancé son plan « 1 jeune, 1 mentor », l’enjeu pour l’association sélectionnée et financée pour atteindre les 20 000 jeunes accompagnés était de pouvoir passer à l’échelle. Tout le travail de mise en capacité effectué depuis des années ainsi que la digitalisation du recrutement des bénévoles ont été des conditions évidentes de réussite pour atteindre cet objectif.

    Photo Fondation AlphaOmega – AFEV

    Le second, plus récent, est la fusion entre Entreprendre Pour Apprendre France et l’association 100 000 entrepreneurs. Depuis quelques temps, les deux associations avaient le projet d’unir leurs forces au bénéfice des jeunes. Or, pour concrétiser une fusion d’entités nationales et régionales à tous les niveaux, il fallait un accompagnement quasiment journalier sur une large palette de domaines : organisationnel, RH, digital, juridique, communicationnel, etc. Nous sommes très fiers du travail accompli avec les associations car il repose sur une confiance mutuelle et l’apport de compétences clés. Tout cela fait la démonstration de la puissance de notre modèle de Venture Philanthropy.

    Votre prochain défi à relever ?

    Maurice Tchenio :

    Je dirais pour conclure que ce que nous voulons, c’est une transformation systémique de cette problématique du décrochage.

    Mais là encore, je dirais que le défi compte tenu de l’importance de l’enjeu, est qu’il faut mobiliser presque toute la société civile pour atteindre cet objectif d’éradiquer le décrochage : financeurs publics, entreprises, fonds, fondations, les bénévoles, les mécènes de compétences, …

    C’est ça notre grand défi pour les 15 années à venir.

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