Les philanthropes en action #2 : La solidarité internationale a plus que jamais besoin de la philanthropie

Les philanthropes en action #2

La solidarité internationale a plus que jamais besoin de la philanthropie

avec Christian Raymond, président du fonds de dotation Partenaires Solidaires

Le fonds de dotation PARTENAIRES SOLIDAIRES, membre Un Esprit de Famille, a été créé par Christian RAYMOND en 2011. Il participe au financement de projets initiés par des associations de solidarité internationale, notamment ceux de l’Association PARTENAIRES, Artisans de l’Humanitaire également fondée par Christian RAYMOND, en 1990, qui agit au Bangladesh, au Malawi, en Tanzanie, en Equateur et en Haïti.

 

Quel est a été le déclencheur de votre aventure philanthropique et pourquoi avoir choisi d’agir à l’international ?  

A l’âge de 17 ans, découvrir la création d’un Service National en Coopération à l’étranger m’a soudain montré qu’il n’était pas irréaliste de vouloir aider des communautés lointaines. 

J’ai alors choisi de m’engager dans la solidarité internationale motivé par un désir de justice et la volonté altruiste d’aider des populations beaucoup moins favorisées que la nôtre. Dans les pays où nous agissons il n’existe ni retraite, ni protection sociale … et les besoins sont immenses pour accompagner les plus vulnérables. 


Vous êtes engagés depuis plusieurs années, quels sont les principaux changements que vous avez pu constater sur le terrain ?
 

Ils sont très différents selon les pays.  

Au Bangladesh, où nous menons notre principal projet, nous avons vu la situation économique du pays peu à peu progresser fortement, et le niveau de vie des gens s’améliorer régulièrement. La situation politique y est à présent moins conflictuelle, mais aux dépens de la démocratie qui s’est dégradée. Cependant presque tout va mieux. 

En Birmanie, c’est le contraire depuis le génocide des Rohingyas mi-2017 perpétré par ce peuple bouddhiste et si amical… Puis le coup d’Etat militaire début 2020 a ramené les Birmans à leur passé de guerres, de dissentions et à leur retard économique : là, tout a régressé.  

Dans nos autres pays d’activité, notre expérience est encore trop récente pour nous permettre de caractériser l’évolution. 

 

Parlez-nous de 2 ou 3 projets qui vous tiennent particulièrement à cœur

Au Malawi, nous avons vu notre singulier projet ‘Don de chèvres’ améliorer le sort de paysans âgés et très pauvres, auxquels nous avons remis une chèvre contre la promesse de faire don du premier chevreau né à une autre famille démunie. Avec le petit troupeau constitué en trois ans, ils sont à l’abri des coups durs, et se voient mieux considérés par les autres. 

En Equateur, le Foyer social que nous aidons régulièrement depuis six ans a ainsi pu tripler le nombre d’enfants et d’adultes, tous en situation précaire, que nourrit, aide et soigne la Fondation Jonathan, notre partenaire.

Au Bangladesh, les enfants que nos deux Foyers ont arrachés à la rue, recueillis et instruits, réduisent progressivement leur handicap de départ et entament avec succès leur vie familiale et professionnelle. 

En Birmanie, notre aide après le désastreux cyclone Nargis de mai 2008 (deux millions de sinistrés et 240 000 morts) a vite ramené en classe plusieurs centaines d’enfants que leurs parents sinistrés avaient renoncé à inscrire dans la dizaine d’écoles de notre région : ils n’y seraient jamais revenus, nous avaient alors confirmé les experts sur place de l’UNICEF, admiratifs d’une telle réactivité à la conjoncture ! 

    Quels sont aujourd’hui les enjeux de la solidarité internationale et comment des philanthropes comme vous peuvent-ils contribuer à y répondre ? 

     Suite aux crises en Occident (pandémie, inflation, désillusions, effets de la mondialisation), la solidarité internationale est en baisse*. En France, une majorité de l’aide se concentre sur les actions menées sur notre territoire, ou est affectée à des causes spécifiques que nous espérons provisoires (catastrophes naturelles, guerres). 

    Nous nous sentons isolés et nos maigres fonds propres ne voient plus jouer l’effet de levier qui permettait d’en multiplier l’effet. Nous avons l’habitude de nous engager seuls, mais nous étions assurés que devant le succès initial de tous nos projets, des bailleurs allaient suivre et continuer à les développer. C’est de moins en moins en moins le cas. Pourquoi ne pas répartir la générosité des Français entre les causes nationales – que soutiennent nombre d’associations et d’organismes publics – et les internationales ?

    Il est essentiel de redynamiser l’intérêt pour l’international car les enjeux sont immenses. En effet, le développement des pays pauvres est susceptible de contribuer à réduire une émigration économique actuellement irrépressible, vu les énormes différences de niveau de vie et de protection sociale entre notre monde et le leur. 

    Aussi, le Fonds de dotation PARTENAIRES SOLIDAIRES finance des actions d’éducation, d’assainissement et de développement pérenne, qui contribuent à former et à retenir dans leur pays des jeunes rendus aptes à s’y intégrer et à s’y assurer un avenir autonome et plus serein.

    Nous continuons d’espérer qu’une prise de conscience s’opère et après 35 ans d’actions sur le terrain, nous restons plus que jamais mobilisés et ne baissons pas les bras.  

    *Notre confrère Solidarités a écrit : « Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, pour la première fois depuis 2010, en 2023 les financements humanitaires ont diminué. Il a manqué presque 37 milliards de dollars par rapport aux besoins, à peine 35 % des financements requis ont été reçus. C’est le plus bas ratio par rapport aux besoins jamais enregistré. Cela met en péril la capacité des organisations humanitaires à répondre aux besoins des personnes touchées par les crises. Le manque de ressources en eau, en assainissement et hygiène et en sécurité alimentaire a exposé les populations à un risque accru de maladies et de famine à cause des coupes dans les distributions de rations alimentaires ou d’eau potable. Les crises sous-financées sont plus difficiles à gérer, peuvent entraîner des conséquences plus graves et développer des ‘sur-crises’. Deux personnes dans le besoin sur cinq seraient laissées sans assistance ; c’est le pourcentage le plus bas jamais atteint pour l’aide humanitaire coordonnée par les Nations Unies. »

     

     

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